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« Chaos » dans le secteur de l’exploitation forestière du Congo, par John C. Cannon

Peu de bois provenant de la République démocratique du Congo qui se trouve sur les marchés internationaux, peut être considérée comme légale, selon deux groupes de pression qui ont récemment enquêté le secteur forestier dans le pays.

En réplique, l’industrie forestière en RDC et le gouvernement lui-même ont fait valoir que, s’il y a quelque chose, le bois est une ressource encore largement inexploitée qui devrait croître pour alimenter le développement de ce pays pauvre. Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) accessible par Global Forest Watch, le secteur forestier valait environ 85 millions de dollars à l’économie de la RDC, soit environ 0,6 pour cent du produit intérieur brut (PIB), en 2011.

Global Witness et Greenpeace ont publié des rapports séparés au cours du mois passé, détaillant la faiblesse des contrôles de la foresterie, qui, affirment-ils, permet aux entreprises de se dérober de leurs responsabilités sociales envers les communautés, coupe beaucoup plus du bois au-delà des quotas fixés par leur permis si elles en ont un en premier lieu, et évitent de payer des impôts au gouvernement, alors même qu’ils expédient la majeure partie de leur récolte à l’étranger, la Chine, les Etats-Unis et l’UE.

 La carte ci-dessus de Global Forest Watch montre la majeure partie des concessions délivrées par le gouvernement de la RDC pour l’exploitation forestière sélective. Sont également indiquées, les domaines de la récente perte par déboisement forestier et les Paysages Forestiers Intacts (ci-après IFLs), qui sont des zones de forêt primaire assez grande pour conserver leurs niveaux de biodiversité d’origine. Beaucoup de concessions recouvrent IFL, dont certains montrent la dégradation depuis 2000. Cliquez la photo pour agrandir.

Un pays d’Afrique centrale massif à peu près de la taille des Etats unis à l’est du fleuve Mississippi, la RDC est en second lieu seulement après le Brésil dans le domaine des forêts tropicales de la planète — environ 7 pour cent — qu’il contient. Et pourtant, les responsables en charge de la protection de ces vastes ressources ne font pas leur travail, a déclaré Raoul Monsembula, coordinateur du programme de la RDC de Greenpeace Afrique.

 « Le plus gros problème est que l’administration ne fonctionne pas du tout, » Monsembula dit a mongabay.com. « Les sociétés d’exploitation forestière le savent et font ce qu’ils veulent, comme la corruption est la norme aujourd’hui. »

 Que la corruption se manifeste comme paiements de sociétés d’exploitation forestière pour qu’on ferme les yeux et permettre les violations, la sous-déclaration de combien de bois qu’ils ont recolté, et ne respecte pas les contrats signés avec les communautés locales, écrivent les auteurs du rapport de Greenpeace, « Trading Chaos. »

Les résultats de surveillance par de tierces parties au Congo appuient ces conclusions, a déclaré Essylot Lubala, coordinateur du groupe de suivi en RDC, connue sous son nom français, Observatoire de la Gouvernance Forestière, qui est financé par l’UE.

« Les illégalités constatées dans le secteur forestier et dans d’autres secteurs découlent de la mauvaise gouvernance en général », a déclaré Lubala dans un courriel à mongabay.com. « Cela signifie que les représentants du gouvernement de la RDC doivent faire un effort pour mettre en œuvre effectivement les lois qui existent. »

Les bonobos (Pan paniscus) sont des singes en voie de disparition dont l’espèce entière est contenue dans la RDC. La plupart des concessions forestières du pays sont situées au sein de leur gamme. Photo par John C. Cannon.

 La publication de Global Witness avait compilé les rapports de suivi indépendants de 2011 à 2014 et a constaté que l’ensemble des 28 visites de concessions forestières industrielles en RDC était venu des pratiques douteuses.

 Cependant, Lubala a dit que les régimes d’accréditation, tels que ceux énoncés par le Forestry Stewardship Council, ont un potentiel.

« De plus en plus, nous constatons que les entreprises dont les concessions sont engagées dans la certification forestière commencent à faire des efforts remarquables », a déclaré Lubala.

 SODEFOR, une filiale de Norsudtimber basée au Liechtenstein, est la plus grande entreprise de bois en RDC, opérant environ 2,3 millions d’hectares — une superficie plus grande que le Belize ou l’État américain du New Jersey. La Porte-parole Filomena Amaral a dit que la société a « toujours respecté » les lois forestières en RDC. (SODEFOR n’est pas un membre de la Forestry Stewardship Council). En outre, Amaral a dit que les responsables gouvernementaux auraient sanctionné SODEFOR si elle avait enfreint la loi.

 La demande des commentaires de Mongabay.com aux deux autres sociétés mentionnées dans les rapports, Cotrefor et Siforco, est restée sans réponse.

 Amaral a réfuté l’idée de Global Witness que la SODEFOR récolte du bois sans autorisation, en disant : « Il est inimaginable que l’Etat congolais permette à une entreprise de fonctionner sans un permis. »

Global Witness a également critiqué la récolte par la SODEFOR et d’autres entreprises d’une espèce d’arbre appelé Afrormosia (Pericopsis elata) de grande valeur, répertorié comme une espèce protégée par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES) et en voie de disparition par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Aussi connu sous le nom de teck africain, ce bois est couramment utilisé pour construire des bateaux, des meubles, ainsi que pour les planchers.

« Oui, la SODEFOR vend Afrormosia, qui est une espèce protégée, mais dont le commerce n’est pas interdit », Amaral  déclara à mongabay.com. « CITES établit les normes qui régulent son commerce et que nous respectons. »

 

Les chercheurs scientifiques considèrent que le braconnage commercial est la plus grande menace à l’heure actuelle, avec la perte de leur habitat contribuant également à l’extinction de l’espèce des bonobos au cours des 20 à 30 dernières années. Photo par John C. Cannon.

Mais Global Witness a souligné que la RDC a été interdite de vendre toutes espèces protégées par CITES, découlant avec le commerce illicite des ressources naturelles, y compris l’ivoire, comme les problèmes du pays, documenté par les Nations Unies et l’Organisation internationale de police criminelle.

Global Witness et Greenpeace ont également constaté que de nombreuses entreprises, y compris la SODEFOR, ne paient pas régulièrement leurs impôts. Les recherches antérieures par Global Witness trouvèrent que, en 2012 moins de 10 pour cent des taxes forestières qui auraient dû être payés étaient réellement payés.

« Les sociétés forestières échappent avec des illégalités qui a coûté des millions de dollars en taxes perdues pour la RDC, ainsi que la mise en danger de la forêt », avait déclaré Alexandra Pardal, chef de campagne de Global Witness.

« Alors que le secteur forestier doit être une source importante de revenus pour le gouvernement de la RDC, ce qui aurait permis de dépenser l’argent sur l’amélioration de la gouvernance et le contrôle, en pratique, l’évasion de taxe est une pratique généralisée avec les autorités en connivence. » Écrivirent les auteurs du rapport de Greenpeace.

 SODEFOR soutient qu’elle a toujours respecté ses obligations fiscales.

 En Février 2015, le ministre de la RDC de l’Environnement et du développement durable, Bienvenu Liyota avait dit que la lutte contre l’exploitation illégale du bois au Congo serait une de ses priorités en tant que ministre.

Mais Liyota et l’organisation de la défense de l’exploitation forestière du pays, la Fédération des Industriels du Bois (FIB), disent que Global Witness et Greenpeace avaient exagéré les cas aberrants de l’illégalité dans l’exploitation forestière industrielle.

 Et, dans les récentes déclarations, les deux parties ont fait valoir que les récoltes de bois devraient augmenter considérablement.

« Les forêts de la RDC restent largement sous-évaluées », produisant moins de cinq pour cent du volume de bois que les forêts du Congo étaient capables au cours des 10 dernières années, selon la FIB. « Le secteur forestier constitue une occasion d’aider la RDC à développer et à ses gens à sortir de l’extrême pauvreté », avait écrit le président de la FIB, Gabriel Mola Motya dans une réponse au rapport publié le 23 juin.

 

 

Les Bonobos diffèrent des chimpanzés à la fois physiquement et leur comportement, ayant un corps plus gracile et les cheveux longs sur leurs têtes, ainsi qu’une structure sociale matriarcale. Photo par John C. Cannon.

Mais dépendre du gouvernement pour surveiller le secteur ne fonctionne pas, Monsembula de Greenpeace dit. Pour voir tout changement, il croit que les pays consommateurs doivent employer les lois contre les importations illégales dans leurs propres pays. Après la Chine, l’UE est le plus gros acheteur de bois de la RDC, avec la France dont l’importation était plus de 26.000 tonnes en 2013 et 2014.

« Pour que ces exportations se produisent, il doit y avoir de commerçants près à vendre du bois illégal, ou d’origine moins douteuse, et les gouvernements dans les pays importateurs, incapables de mettre en œuvre et faire respecter les lois européennes et internationales pour empêcher ces transactions », avait déclaré Monsembula dans un communiqué de presse.

 Le rapport de Greenpeace souligne que bien que la loi sur le bois de l’UE (EUTR), exigeant les exploitants de bois et les commerçants de vérifier la source d’origine de leur bois, a été mis en place depuis plusieurs années, le complément de la législation française permettant l’application n’a été adoptée que vers la fin de 2014. Le rapport dit qu’aucune inspection n’a eu lieu en France.

« Je pense que cela doit commencer dans ces pays parce que s’ils deviennent plus exigeants sur quel bois ils achètent, cela va nous aider », déclara Monsembula.

 Pardal de Global Witness a fait écho de ses sentiments : « Nos chiffres montrent que l’impunité bien documentée dans le secteur de l’exploitation forestière n’a pas dissuadé les négociants de bois d’Europe d’importer le bois de la RDC. Nous demandons aux Etats membres de l’UE — et en particulier la France — d’appliquer le règlement du bois de l’UE [EUTR] et d’enquêter sur ces importations ».

 

Voir l'article original: http://news.mongabay.com/2015/0708-mrn-gfrn-cannon-chaos-in-congos-logging-sector.html

 

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