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COMMENT LES ÉTATS-UNIS RISQUENT DE RALLUMER LE CHAOS AU CONGO, Par Stephen R. Weissman, John Prendergast, Anthony W. Gambino, et Sasha Lezhnev

Il y a quinze ans, les États-Unis, de concert avec les organisations régionales africaines, a aidé à faciliter les règlements politiques des guerres qui ont tué des millions de personnes en Afrique centrale. L’écrasante majorité des victimes étaient des citoyens de la République démocratique du Congo, où, à partir de 1996, la décomposition du régime corrompu et incompétent du président Mobutu Sese Seko engendra ce qui allait devenir connu sous le nom « Guerre Mondiale Africaine ». Le conflit empêtra deux gouvernements congolais successifs, plusieurs pays africains, et un tohu-bohu de groupes armés. En 2002, cependant, les États-Unis aidèrent à faciliter un accord de paix qui prévoyait le retrait des forces étrangères et une transition démocratique fondée sur une nouvelle constitution et des élections libres. Durant la même période, la diplomatie des États-Unis et d’Afrique du Sud, soutenue par les Etats de la région, aida à mettre fin à une guerre civile potentiellement génocidaire au Burundi voisin par la médiation d’une nouvelle constitution démocratique.

Cependant, aujourd’hui ces accords sont en train de se démêler comme le président Joseph Kabila du Congo et le Président Pierre Nkurunziza du Burundi tentent de contourner les limites de leurs deux mandats et se maintenir au pouvoir. Au Burundi, la décision de dernière minute de Nkurunziza de se représenter aux élections de ce mois a déclenché une crise constitutionnelle, avec des manifestations de rue, un coup d’Etat militaire, et un contrecoup. L’administration Obama a fait des efforts diplomatiques pour résoudre cette crise, en prenant une position forte anti-troisième-terme et réagit à la violence instiguée par le gouvernement burundais avec des réductions dans l’aide en matière de sécurité et les restrictions de visas. Mais Washington est en train de manquer une occasion cruciale pour empêcher la situation de se détériorer dans le lointain, plus stratégique et plus conséquent Congo. Le pays est le plus grand de par sa taille en Afrique subsaharienne, et le troisième plus grands en termes de population. Il est extrêmement riche en ressources naturelles — telles que cuivre, le cobalt, le tantale, et la deuxième plus grande forêt équatoriale du monde —, il partage ses frontières avec neuf pays.

Depuis que la Belgique, les États-Unis, et l’ONU conçurent la chute de son premier démocratiquement élu leader, Patrice Lumumba, en 1961, le Congo a été le lieu où les Africains ont regardé premier à juger la politique étrangère des États-Unis vers le continent. Comme le président Barack Obama se prépare pour son quatrième et peut-être son dernier voyage officiel en Afrique au mois de Juillet, il devrait agir de manière agressive pour soutenir les derniers succès américains (y compris le sien) pour faire avancer la démocratie et de la paix dans le cœur de l’Afrique.

DEMOCRATIE EN DERAPAGE

Comme l’infâme kleptocrate du Congo Mobutu Sese Seko, Kabila a choisi de gouverner à travers un système de patronage qui a donné naissance à une corruption massive et une fonction publique dysfonctionnelle. Selon le politologue Pierre Englebert, le gouvernement et le peuple congolais perdent jusqu’à 4 milliards de dollars en revenus chaque année en raison de la manipulation des contrats miniers et des paiements, les pratiques budgétaires tortueuses, vol pur et simple par les agents de l’État. Le degré de corruption a profondément sapé les efforts internationaux coûteux pour renforcer et réformer la sécurité et les institutions économiques du pays. Les bailleurs de fonds reconnaissent le problème avec un euphémisme : « Le manque de volonté politique ». En 2011, lorsque Kabila manipula un changement constitutionnel et truqua le vote afin d’assurer sa réélection, les États-Unis et les organisations régionales africaines détournèrent leur regard.

Avec l’approche des élections présidentielles de 2016 cependant, le Congo a connu un séisme politique. Après la tentative de Kabila à supprimer les termes limite de deux mandats, il fut confronté à une résistance inattendue, non seulement de l’opposition parlementaire, mais aussi des éléments au sein de sa propre coalition. Ainsi, il changea pour de position pour exiger un recensement national, qui était estimé de prendre trois ans, avant que les élections fédérales ne soient tenues. En Janvier, cette demande provoqua des manifestations de masse initiées par l’opposition, mais alimentées par de jeunes militants. Même si les manifestations étaient largement non-violentes, les forces de sécurité de Kabila tuèrent au moins 40 personnes et des centaines emprisonnées.

Lorsque ses alliés au parlement succombèrent à la pression du public, Kabila produit encore une autre stratégie pour rester au pouvoir. Il présenta un calendrier électoral pour une pléthore d’élections locales, provinciales et nationales entre Octobre 2015 et Novembre 2016, la plupart des experts congolais et étrangers considèrent comme un calendrier incroyablement ambitieux pour réellement accomplir. En outre, les élections doivent être menées par une « commission électorale indépendante » qui est largement considérée comme pro gouvernementale. Dans le même temps, Kabila a décrété une rupture coûteuse, lourde, et politiquement controversée des 11 provinces du pays en 26. Il promut ses durs loyalistes à des postes clés de la sécurité et intensifia l’intimidation politique, y compris l’arrestation et le maintien en détention de jeunes leaders qui avaient assisté à une conférence sur la démocratie parrainée par l’ambassade des États-Unis. La stratégie de Kabila est une recette pour le chaos. Il va inévitablement retarder les élections présidentielles, et il va augmenter considérablement les risques de violence généralisée, la répression, les tentatives de coup d’Etat, et les interférences renouvelées par les pays voisins.

UNE AMERIQUE ABSENTE ?

Pendant près de deux ans, sous l’habile direction de Russ Feingold, l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, l’administration Obama et une équipe d’envoyés représentant de l’UE, l’Union africaine et l’ONU défendirent une politique de « pas de troisième terme ». Ils soulignèrent également l’importance d’une politique des élections présidentielles endéans le temps — par opposition aux élections provinciales et locales. Mais en Mars, Feingold démissionna de son poste pour briguer un poste au Sénat, et le secrétaire d’Etat américain John Kerry retarda, inexplicablement son remplacement par un digne successeur de haut niveau. Les atermoiements remontent à 2013, lorsque les États-Unis n’avaient pas un envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud que ce dernier se précipitait vers la guerre. Ces positions ne peuvent simplement pas être laissées vides pendant des mois à la fois et sans conséquence potentiellement désastreuse.

Et donc la politique américaine envers le Congo s’est érodée. Pour une chose, l’administration Obama n’a pas suivi la recommandation des envoyés spéciaux de l’ONU pour « faciliter un dialogue inclusif et transparent entre toutes les parties concernées » sur le calendrier surchargé et des questions connexes, telles que la mise à jour des fichiers électoraux pour inclure les millions de jeunes qui ont atteint l’âge majeur depuis 2011. Pour l’opposition au Congo, ce que Kabila a récemment proposé comme dialogue — conduit purement par le gouvernement — est voué à l’échec. En plus, contrairement à l’UE et l’ONU, Washington a fourni un financement modeste pour les élections locales, qui sont largement rejetées par les groupes d’opposition et de la société civile congolaise. Les États-Unis devraient plutôt être affectés un appui substantiel pour les élections nationales cruciales, à condition qu’elles se déroulent de manière libre et transparente.

Pendant ce temps, les condamnations publiques du Département d’Etat aux détentions illégales et des charges non crédibles contre les dissidents ont été sporadiques et a échoué de mettre en évidence des cas spécifiques. Et même si les partis politiques doivent être renforcés pour être compétitifs dans les élections, le gouvernement américain n’a offert qu’une somme dérisoire d’aide sur ce front — seulement 1 million de dollars par an pour toutes les parties, bien en dessous de ce qu’il passe dans d’autres pays africains importants. La politique américaine doit changer sur tous ces fronts. Et si Kabila continue de déformer le processus électoral, les États-Unis et d’autres pays devraient envisager de placer des sanctions ciblées sur les membres supérieurs de son régime.

Pour aggraver les choses, en même temps que Washington ne parvient pas à protéger la démocratie au Congo, il ne fait pas assez pour soutenir le processus de paix de la région. En partie, à cause de l’absence d’un envoyé spécial dynamique, les progrès passés pour mettre fin au conflit militaire entre le Congo et son voisin oriental, le Rwanda est en danger de se mettre en arrêt. En 2013, une « brigade d’intervention » spéciale de maintien de la paix de l’ONU, soutenue par les Etats-Unis, a travaillé avec l’armée congolaise pour vaincre les rebelles M-23, soutenus par le Rwanda dans l’est du Congo. Comme Feingold quittait la scène, l’ONU envisageait une campagne conjointe avec les forces congolaises contre les 1000 membres armés des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (connu sous son acronyme français, FDLR), un groupe rebelle anti-rwandais qui occupe les parties de l’Est du Congo et qui a massacré des civils. Mais Kabila a saboté l’effort en nommant de commandants congolais qu’il savait inacceptables pour l’ONU, compte tenu de leurs prétendues violations passées des droits de l’homme.

Comme résultat, l’opération militaire conjointe a calé, et le Rwanda, qui avait tenu son rôle dans l’affaire par le retrait du soutien aux rebelles M-23, est bouleversé. Bien qu’Obama, à son crédit, ait soulevé cette question avec celles qui sont critiques en rapport aux élections dans une conversation téléphonique avec M. Kabila en Mars, il n’y a pas eu de suivi efficace sur le terrain.

Ce que les Etats-Unis doivent faire maintenant est de redynamiser sa politique du Congo par la nomination d’un nouvel envoyé spécial, qui doit pousser pour un transfert pacifique du pouvoir politique en 2016, et en insistant que Kabila coopère avec une campagne globale des Nations Unies contre les FDLR. Sinon, le pays pourrait retomber dans la décadence politique, la violence chaotique, et la guerre régionale.

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