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Vital Kamerhe, Etienne Tshisekedi et Moise Katumbi

CONCLAVE DE BRUXELES : Les gagnants, les perdants et les erreurs stratégiques

L’endroit ne pouvait pas être plus idyllique. Pour ceux qui connaissent la valeur des vieilles pierres, l’opposition Congolaise avait choisi un endroit idéal dans la sérénité du lac Genval pour se réunir et retracer le schéma à suivre au vu de l’entêtement de Joseph Kabila à s’accrocher au pouvoir.

Le lac Genval est situé au sud-est de Bruxelles près de la forêt de Soignes et les villes de Rixensart, Brabant wallon et Overijse, Brabant flamand. C’est une destination populaire pour les vacances, mais pas à la portée de la bourse de n’importe quel Congolais. Le prix d’une chambre varie de 153 à 566 USD la nuit et la location d’une salle de conférences peut avoisiner dans les 75,000 EUROS. Vous comprenez donc notre attente que quelque chose de grandiose allait jaillir de ce conclave.

Disons tout de suite qu’il y a eu des gagnants et des perdants. Etienne Tshisekedi, le vétéran politicien et octogénaire qui avait disparu des médias publics il y a belle lurette et qui on portait malade, a en vrai dire raflé toutes les cartes et de ce fait, il aura été le gagnant indisputable de ce conclave, même si son message a été en partie rejeté. En plus, il s’en est tiré avec le titre de Président du Comité de sages. Si vous pensez que cela ressemble au Porte-parole de l’opposition, une poste constitutionnelle d’après l’article 8 de la constitution et la loi organique qui en découle  (LOI N° 07/008 DU 04 DECEMBRE 2007 PORTANT STATUT DE L'OPPOSITION POLITIQUE)[i], alors vous comprendrez pourquoi le sphinx de Limite que nombreux disqualifiaient et prenaient pour un marchepied, a damé les pions de tous les opposants.

Le peuple Congolais, invisible,  a été le plus perdant, par ce que ce conclave a lancé des signaux mixtes aux puissances occidentales qui voulaient imposer de sanctions ciblées sur Joseph Kabila et son entourage. Pourquoi vont-ils imposer de sanctions si l’opposition demande de dialoguer ?

Un autre gagnant est Joseph Kabila. Dans la majorité Présidentielle, le brain-trust sait très bien faire un calcul élémentaire comme 1 + 1 = 2 et 1 + (-1) = 0. L’alliance Katumbi — Etienne Tshisekedi est contre nature (1 + [-1]), mais l’alliance Katumbi — Kamerhe est complémentaire (1 + 1). Cette dernière les donne à long terme, des sueurs froides. En plus, ils savent qu'Etienne Tshisekedi a battu ses écluses politiques sur les cataractes du fleuve Congo pendant 32 ans et qu’il peut ouvrir et fermer ses écluses à volonté. Le connaissant, il laisserait d’abord son bateau ou celui de son fils traverser ses écluses avant de l’ouvrir pour une tierce personne ou un allié, quel que soit son poids.

Disons donc que l’honorable Kamerhe et l’ex-gouverneur du Katanga ont été les perdants. A mon sens, l’un d’eux devrait assumer au sortir de ce Conclave, ou les deux sur base d’une rotation trimestrielle, le titre constitutionnel de Porte-parole de l’opposition. Remarquez que c’est bien Etienne Tshisekedi qui s’en est sorti avec le Titre du Président du Comite de sages.

L’entrée triomphale d’Etienne Tshisekedi

Les images qu’on retrouve un peu partout sur l’Internet montrent l’entrée triomphale d’un Etienne Tshisekedi wa Mulumba, vieillissant, radieux, mais encore capable de délivrer un « punch » politique. Tous les opposants s’étaient levés — par culte de personnalité ou par signe de respect aux aînés — comme un bloc pour le saluer. Mais cette image disait tout : Le chef venait d’entrer dans la salle.

Pour les puissances occidentales qui ne tenaient plus compte d’Etienne Tshisekedi dans l’équation congolaise « post Kabila », elles devraient être interloquées par ce retournement de la situation en sa faveur. Le sphinx de Limete venait de renaître de ses cendres. La reddition des petits opposants était visible. Il ne restait plus qu’à se coaliser autour de lui.

Que dire des deux grands absents ?

On ne sait toujours pas par quelle magie, les deux poids lourds, présidentiables au vu des Congolais et prétendants au trône — entendez Moise Katumbi et Vital kamerhe — n’étaient pas dans la salle. Disons-le tout de suite, leur ambition à la magistrature suprême aurait été terminée sur le champ.

Ils avaient eu la justesse d’esprit de se faire représenter, par les membres du G7 pour le cas de Moise Katumbi. Difficile de le dire pour le cas de Vital Kamerhe, même si l’électron libre de son parti, le Secrétaire Général de l’UNC, Ewanga avait bel et bien répondu à l’invitation d’Etienne Tshisekedi.

Malgré cet environnement agréable, choisi pour les inspirer, pas grand-chose n’est ressorti de ce conclave qui était huppé dans la presse congolaise. C’était une manœuvre tactique gagnante, mais perdante sur le plan stratégique, car ce conclave a réussi à désorienter les puissances occidentales.

Nous savons certaines décisions dans une puissance occidentale — très importantes pour forcer le départ de Kabila — qui devraient avoir lieu cette semaine, mais qui ont été carrément reportées.

Un bref regard sur le passé

Le gros du discours d’Etienne Tshisekedi était ancré dans le passé, une envie certes, de ressusciter un moment glorieux dans la vie politique de l’UDPS : « Allons au Dialogue ». Un passé révolu, rappelant la Conférence Nationale Souveraine qui avait balisé la route pour Laurent Désiré Kabila et maintenant Joseph Kabila ?

D’après le discours d’Etienne Tshidekedi, « cette Conférence doit offrir des perspectives nouvelles et un nouvel espoir au peu le congolais. Et dans un sursaut patriotique comme il y a 56 ans a Bruxelles ou les nationalistes congolais venus à la table ronde ont su taire leurs divergences, toute étroitesse d’esprit et tout égoïsme pour ne privilégier que l’intérêt Congo ». A part ce regard dans le passé, notons également cette notion de « Dialogue » que la majorité de congolais ont déjà rejeté comme un gaspillage inutile de temps et de ressource :

« Convenir d’aller au dialogue politique sous la modération du facilitateur international, renforcé par un panel des représentants des organisations suivants : Les Nations Unies, l’Union Européenne, l’Organisation Internationale delà Francophonie et les Etats-Unis d’Amérique, en vue d’assurer la garantie de bonne fin des résolutions du dialogue politique, » ajouta Etienne Tshisekedi.

Myopie géopolitique de l’opposition congolaise

Nous pouvons affirmer sans ambages que les politiciens qui se sont réunis à l’hôtel Château du Lac étaient myopes sur le plan de la géopolitique. Ne pouvaient-ils pas consulter le calendrier pour voir qu’on n’a plus le temps ? En 192 jours, on ne peut pas faire le grand palabre — appelez ça dialogue si vous le voulez — à la congolaise et suivre les prescrits de la Constitution. C’est aussi simple que ça.

Cette proposition est une si grosse erreur, car elle équivaut à prêter une rallonge politique à Joseph Kabila pour continuer son mandat. Pourquoi une telle proposition ? Visiblement, l’UDPS veut une période de transition qu’elle va gérer. Pourtant, le régime de Joseph Kabila est prêt à tomber. Vous ne pouvez pas résoudre une « inconstitutionnalité » par une autre « inconstitutionnalité ». La constitution ne fait pas mention d’une transition. C’est une proposition rétrograde tiré droit des dossiers de la CNS (Conférence Nationale Souveraine des années 1900s). Faut-il vraiment prêter une minute de plus à Joseph Kabila ?

Au même moment qu’ils se réunissaient au 08 juin 2016, le Comite des Affaires Etrangères du Senat Américain débattait comment libérer le peuple congolais, écoutant un panel de quatre experts ? Pourquoi donc cette discordance ? Connaissent-ils que c’est le Senat Américain qui avait forcé le Roi Léopold II à céder l’Etat Libre du Congo à la Belgique et libérer le peuple Congolais. Pourquoi ne pas marcher au pas avec le Senat américain ?

L’erreur est humaine et tout homme, quelque soit ses nombres de diplômes ou d’expérience est faillible. Mais l’on ne peut pas tomber dans le même trou deux ou trois fois de suite. La géopolitique n’est pas statique et il faut savoir bien interpréter les événements qui se passent à travers le monde. Le Congo, comme le disait le maréchal Mobutu, n’est pas n’importe quel pays. Ce dont la communauté internationale peut accepter aux petits pays — sans impact sur la géopolitique —, elle ne peut pas l’accepter pour le Congo.

Au même moment l’opposition politique se réunissait, Hillary Clinton venait théoriquement de collecter les nombres de délégués nécessaires pour qu’elle représente le parti démocratique aux élections de novembre 2016. Vu qu’il y a une grande probabilité qu’elle triomphe sur Donald Trump — qui passe son temps à insulter toutes les minorités aux USA — et dont les chances s’amenuisent, cela a des implications profondes sur l’avenir du Congo. Voici quelques prédictions :

1. Les démocrates ne vont pas laisser une dame (Hillary Clinton) affronter seule le Républicain Donald Trump. Ce serait l’équivalent de laisser une lionne la tache de terrasser toute seule un grand buffle aux cornes pointues ; cela fait qu’ils vont devoir déployer deux lions robustes rompus dans le « kata guruma » politique — Bill Clinton et Barack Obama — pour envoyer le buffle (entendez Donald Trump) sur le « tatami ».

De ce fait, le président Barack Obama sera si occupé au point que les problèmes du Congo seront relégués trop bas dans l’ordre de priorités, au département d’Etat américain. Si les deux lions du parti démocrate arrivent à terrasser le buffle, la lionne (entendez Hillary Clinton) viendra l’achever.

2. Si Hillary Clinton triomphe comme le prévoient les sondages, elle va ramener au Département d’Etat les gens qui avaient travaillé pour son mari. Comme résultat, Le Rwanda de Paul Kagamé va reprendre le poil de la bête et revenir en force dans la région des Grands Lacs pour terminer la salle besogne que le président Obama avait interrompu. Même chose pour l’Ouganda de Yoweri Museveni qui salive à l’Idée de s’approprier de l’Ituri et du pétrole du lac Albert. L’Angola voudrait aussi faire main basse aux blocs pétroliers 14, 15 sur notre cote Atlantique.

3. Joseph Kabila qui n’est pas apprécié par Hillary Clinton va se réfugier derrière ses deux parrains (Paul Kagame et Yoweri Museveni) et se cramponner au pouvoir. Après le départ du président Obama au 19 Janvier 2017, Joseph Kabila va siphonner tout l’oxygène de l’espace politique Congolaise. Comme résultat, Etienne Tshisekedi sera remercié et son fils Félix Tshisekedi pourra se retrouver Premier ou Vice Premier ministre. La réunion de l’Hôtel du Château aura balisé le chemin pour une vie paisible du clan Tshisekedi au Congo, bien entendu, au détriment du peuple.

4. Les deux autres poids lourds de l’opposition — partenaires naturelles et tous deux présidentiables — ne pourront pas composer avec un président Joseph Kabila revigoré, dans un espace politique exigu. L’étape la plus probante sera pour eux de quitter le pays et partir en exile.

5 L’ex-Gouverneur du Katanga, Moise Katumbi sera le plus perdant dans tout cela. Dire que Joseph Kabila est rancunier c’est le minimiser, car il est pire que cela. Même s’il ne le met pas en prison, il contrôle tout l’appareillage sécuritaire et financier pour le saigner à blanc sur le plan politique et d’affaires.

Un sursaut tant attendu par le peuple

L’opposition doit se ressaisir et arriver à voir la réalité devant ses yeux. Nous devons beaucoup au leader charismatique Etienne Tshisekedi. Mais il faut avouer qu’il a fait son temps et les deux nouveaux leaders se sont déjà fait démarquer. Comme les démocrates, vous avez en face de vous un buffle vigoureux aux cornes pointues. Un vieux lion n’a pas de chance pour le terrasser.

Il faut forcément que les deux lions les plus habiles politiquement et qui jouissent encore de tout leur réflexe et instinct politique — entendez Vital Kamerhe et Moise Katumbi — viennent sauver la situation. Mais ils doivent mettre leurs différends de côté et voir d’abord le peuple congolais, pour affronter Joseph Kabila. Reconnaissons qu’il est plus jeune que les deux poids lourds de l’opposition et que sa force ne pourra que s’accroître et les anéantir.

En toute vérité, aucun d’eux ne peut le terrasser : l’Honorable Vital Kamerhe ne peut pas tout seul le faire et pas non plus l’honorable Katumbi. Mais les deux ont une chance énorme pour le mettre de cote.

Pour ce faire, l’ex-gouverneur du Katanga, Moise Katumbi, doit incarner son nom du Moise biblique. L’honorable Vital Kamerhe doit également incarner son nom de la tribu Bashi de « Kanyingini » dont la signification est également très profonde.

Cependant, le pouvoir vient de Dieu et lui tout seul connaît qui va succéder à Joseph Kabila. Ils doivent entendre les cris du peuple et ils doivent accepter l’appel de Dieu. Si cela n’est pas suffisant qu’ils regardent les images de victime de BENI et LUBERO.

Bref tour d’horizon politique

1. La probabilité que l’UDPS et son leader Etienne Tshisekedi puissent accepter de passer le bâton à la jeune génération est de zéro %.

2. La probabilité que seul l’honorable Vital Kamerhe puisse tout seul terrasser et triompher Joseph Kabila est également à zéro %. Ecartons donc toute idée qu’il puisse jouer au cavalier seul.

3. La probabilité que seul l’honorable Moise Katumbi puisse aussi triompher Joseph Kabila est également à zéro %. Dito.

4. La tâche est dure et hors commune, mais l’homme se découvre devant l’obstacle dit-on, les deux leaders n’ont pas de choix que de travailler ensemble et répondre a l’appel du peuple.

5. Pour ce faire, ils doivent rester au-dessus de la mêlée. Réprimandez les insultes de leurs lieutenants, car la cause est plus grande qu’eux-mêmes et que le Bon Dieu les a appelés en ce moment précis pour sauver son peuple.

6. Les forces du bien doivent affronter les forces du mal qui gardent notre population en esclavage. Ils doivent donc, transcender leurs personnalités et ambitions personnelles pour voir d’abord la nation, car c’est ça l’homme d’Etat qu’ils sont appelés à devenir.

7. Seules les sanctions peuvent stopper Joseph Kabila dans son élan de récupérer le futur de nos enfants et de notre pays. La politique des Etats unis, jusqu’à nouvel ordre, est d’appliquer des sanctions ciblées. Cependant, il faut que leur partenaire européen (l’Union Européenne) applique également leurs sanctions.

Mais, ce dernier reste départagée et ficelée par le contrat du barrage d’Inga dont la construction vaudra dans les 10 milliards USD. De ce fait ils doivent mettre en garde les différentes compagnies qui ont donné leur offre que tant qu’il n’y aura pas d’études environnementales pour supporter leur offre, l’opposition ne va jamais reconnaître le gagnant. Cela ôterait de l’équation congolaise, la carotte que Joseph Kabila utilise pour départager l’Union Européenne et isoler des Etats-Unis.

8. A moins que la vie d’exil intéresse les deux poids lourds de l’opposition Congolaise — pas évident au vu de leur âge respectif —, leur coalition est la seule et unique voie qui leur reste.

A très bientôt

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