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Jean-Pierre Bemba a été condamné à 18 ans par la CPI

CONGO : JEAN-PIERRE BEMBA A DEJA PURGE SA PEINE. MAINTENANT, LAISSEZ-LE SERVIR SON PEUPLE, par Herman J. Cohen

Jean-Pierre Bemba avait été condamné à 18 ans par la CPI

Jean-Pierre Bemba a été vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) de 2003 à 2006. Il est le leader politique populaire de l’Equateur Province du Congo dans le nord-ouest du pays, une zone de la taille de la France. Entre 1998 et 2002, la RDC était dans un état de guerre civile, avec plusieurs pays africains impliqués militairement pour « appuyer du gouvernement ou pour appuyer les divers mouvements rebelles. Au cours de cette période, Jean-Pierre Bemba était président du parti MLC (Mouvement pour la Libération du Congo). Son parti avait également une branche armée de plusieurs milliers de combattants qui avaient soutenu le gouvernement contre divers mouvements rebelles.

Les combats en RDC arrêtèrent en 2002, conduisant à une nouvelle constitution négociée, et un gouvernement de transition de 2003 à 2006. Durant cette période, Bemba était l’un des quatre vice-présidents de transition sous le président de la transition, Joseph Kabila. La première élection démocratique d’après-guerre eut lieu en 2006, dans laquelle Bemba avait obtenu le plus grand nombre de voix au premier tour, avant de perdre à Kabila au second tour avec 42 % des voix.

Avant cela cependant, en 2002-2003, avec un cessez-le-feu en place en RDC, Bemba avait décidé d’envoyer sa milice à la République centrafricaine voisine (RCA) pour appuyer le président Ange-Félix Patassé qui faisait face à un certain nombre de rébellions armées. Patassé avait précédemment aidé Bemba organiser sa force armée en RDC. La guerre civile en RCA était particulièrement affreuse de par les actions commises contre les populations civiles par les différentes factions armées, y compris celle de Bemba.

Compte tenu des crimes qui auraient été commis par sa milice en RCA, Jean-Pierre Bemba avait été inculpé en 2008 par la Cour pénale internationale à La Haye pour « crimes contre l’humanité ». L’acte d’accusation avait déclaré que la milice de Bemba était engagée dans le pillage, le viol et d’autres crimes contre des civils, y compris le cannibalisme. Le document de l’accusation n’avait pas accusé Bemba d’avoir incité ses combattants à commettre des crimes contre des civils. Cependant, l’accusation lui reprochait de ne pas se livrer à une surveillance adéquate afin de prévenir les crimes qui auraient été commis par ses hommes.

Après huit années de délibérations, la Cour a condamné Bemba de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au mois de Mars [2016]. En Juillet, le tribunal a prononcé une peine de 18 ans de prison, dont huit ont déjà été servis. Sa défense a décidé d’interjeter appel.

J’ai lu les documents produits par l’accusation et la défense. Comme un ancien officier de l’armée, je crois que le commandant des troupes est responsable de tout ce que ses soldats font, ou ne parvient pas à le faire. Mais dans le cas de Bemba, je crois qu’il ya des circonstances atténuantes. Le plus important est que pour la plupart de temps, ses troupes étaient en RCA [alors que] il était en Afrique du Sud engagé dans les négociations pour la transition politique et les élections en RDC.

Il ne m’appartient pas de discuter sur la culpabilité ou l’innocence de Bemba. Cependant, je crois fermement que la nature de l’infraction ne doit pas être la cause d’une longue peine de prison comme dans le cas de l’ancien président du Liberia Charles Taylor, ancien président du Tchad Hissène Habré, QUI ONT TOUS DEUX ACTIVEMENT ENCOURAGE des atrocités contre les populations civiles. L’infraction principale de Bemba était apparemment la négligence.

Bemba a déjà purgé huit ans de prison au cours de la longue période du procès. Compte tenu de la nature des accusations portées contre lui, je crois que ces huit années sont suffisantes et qu’il devrait être condamné à une peine déjà purgée.

A part cette question de la justice, Bemba est nécessaire en RDC pour reprendre son rôle de chef politique d’une région ethnique importante dans la province de l’Equateur. Le décompte de ses voix dans l’élection de 2006 avait indiqué qu’il était très populaire et avait des qualités importantes de leadership. Ceci est particulièrement important à l’heure actuelle parce que la RDC traverse une période de crise politique et constitutionnelle.

Le second et dernier mandat du Président Kabila se termine officiellement en Décembre 2016, mais il montre des signes de ne pas vouloir quitter et veut éventuellement trouver les moyens pour rester au pouvoir indéfiniment. Ceci est une période où l’opposition doit être unifiée afin de maintenir la pression maximale contre le régime, et Bemba est nécessaire de se tenir avec l’opposition pour appuyer la démocratie constitutionnelle.

[A lire aussi : RD Congo : y a-t-il quelqu’un pour stopper Joseph Kabila ?]

Mon message à la Cour pénale internationale est court : Bemba a déjà purgé sa peine ; maintenant, laissez-le revenir à la RDC pour servir son peuple.
Herman J. Cohen est un ancien Sous Secrétaire d’Etat Américain pour l’Afrique.

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