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Felix Tshisekedi, Joseph Kabila, Kabasu Babu, Dr. Peter Pham

Dr. Peter Pham, le balkanisationiste, pousse Félix Tshisekedi vers un drame politique en RDC

(Kabasu Babu H.K, Libre-penseur, Ecrivain, Chercheur en Gouvernologie).

La récente visite de Dr. Peter Pham, envoyé spécial du Président Trump pour la Région de Grands Lacs, s'est révélée, au regard de sa narrative, comme une mission d'activation d'une implosion politique en RDC. Déviant de l'orthodoxie diplomatique, tout en étant facilitateur des investissements, il a été implicitement en croisade politique promotrice de la rupture entre le Président F. Tshisekedi et son allié le Président Honoraire J. Kabila. Il est à noter que Peter Pham incarne le soutien d'un réseau américain ayant décidé de valider la victoire électorale du Président F. Tshisekedi in extremis en Janvier 2019. Une position initiale "multi-départementale" à Washington fut défavorable (Foreign Policy, 1 Février, 2019). Et donc le président congolais est indéfiniment débiteur à ses validateurs américains.

Depuis lors, Dr. Pham est perçu comme un de puissants piliers Américains du nouveau président Congolais. On y perçoit, dans une large mesure, le come-back de Washington en bouclier politique international du président Congolais, comme ce fut le cas avec le Marechal Mobutu - aussi apprivoisé par une clique de républicains avec Herman Cohen comme figure de proue.

La narrative de Dr. Pham lors de son récent voyage a permis de discerner un autre pan de son agenda camouflé et des intérêts qu'il représente. Ses éléments de langage ont été révélateurs des pressions exercées sur le Président Tshisekedi pour lancer une chasse aux sorcières contre le Président Honoraire J. Kabila et certains cadres du FCC, dans un schéma Angolais.

Dr. Pham l'a dit plus explicitement dans son interview accordée à ZoomEco. Il est plausible d'asserter que sa démarche a été orchestrée avec le refus du Secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, d'arriver en RDC et d'aller en Angola. Un tourniquet psycho-politique sur leur protégé de Kinshasa. Le dilemme cornélien : "le Président F. Tshisekedi doit choisir entre les Américains et Kabila", ont observé des journalistes congolais avec sagacité.

Force est de souligner que l'incitation américaine au président Congolais en faveur de la lutte contre la corruption et l'instauration de l'Etat de droit est une action noble. Cependant, la perception aujourd'hui limpide d'une sorte de tutelle, des pressions psycho-politiques, la narrative et la méthode utilisée, tendent à indiquer que la démarche a des visées allant au au-delà de la promotion de la bonne gouvernance.

L'hypothèse la plus plausible est celle d'un stratagème visant la neutralisation politique de J. Kabila et les têtes de proue du FCC, porteurs du nationalisme économique, pour donner "le pouvoir total" au nouveau président.

En contrepartie du soutien américain, celui-ci doit rendre possible la reconquête américaine de la RDC. La visée ultime est géostratégique et économique. La conclusion soutient que la contextualité angolaise est différente de celle de la RDC et que toute croisade inconsidérée aux visées éliminatrices de J. Kabila peut enclencher une dramatique implosion politique incontrôlable en RDC.

Aussi, il y est conseillé au Président F. Tshisekedi d'éviter de paraitre comme le protégé d'une coterie politico-affairiste américaine. Il est nécessaire qu'il fasse preuve de nationalisme en favorisant la paix pour le progrès collectif.

1. DR. PETER PHAM, LE THEORICIEN DE LA BALKANISATION DE LA RDC, EST-IL UN CHEVAL DE TROIE ?

Il convient de commencer par lever une équivoque : la balkanisation de la RDC n'a jamais été adoptée officiellement comme un axe de la politique étrangère américaine vis-à-vis de ce pays. Cependant, il est établi que certains "intellos-opératives" des think-tanks de Washington, en tandem avec certaines multinationales américaines, soutiennent la thèse de la fragmentation de la RDC.

Dr. Pham a été chercheur au think-tank "The Atlantic Council" dont il était directeur de l'unité des études africaines. Tout en étant crédible et très respecté, ce think-tank est souvent critiqué à Washington comme un bastion des "neocons", très proches de certaines multinationales américaines.

Plusieurs écrits ont remis en question ses relations suspectes, notamment avec le Kazakhstan et l'Azerbaijan. Dans ce think-tank, Dr. Pham a été une des figures de proue de la théorisation et de la promotion de la balkanisation de la RDC. Il est à noter que le mercredi 23 Mai 2018 F.Tshisekedi et Moise Katumbi avaient présenté leur plan pour le Congo à l'Atlantic Council. Ce fut un point d'arrimage de Dr. Pham.

La théorie de Dr. Pham a été articulée dans un article saillant, publié dans le très sérieux journal The New York Times du 30 Novembre 2012. Certains passages aux énoncés gravissimes, mêlant mépris et intentions maléfiques, méritent d'être examinés.

Dans cet article intitulé "To Save the Congo, Let it Fall Apart" (pour sauver le Congo, il faut le laisser se démembrer"), son postulat premier est que le Congo est trop grand pour réussir (Congo is too big to succeed). Il reprend en échos l'argument cardinal du balkanisationisme. On note dans cet article l'affirmation "au lieu de la construction de la nation, ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence au Congo, c'est le contraire : démembrer un Etat en faillite chronique en petites unités organiques, dont les membres partagent une large entente ou tout au moins ont des intérêts communs par rapport à leur sécurité personnelle et communautaire ".

Dr. Pham soutient que la communauté internationale, ainsi que l'ONU et son Conseil de Sécurité, sont dans l'erreur en se mobilisant pour "préserver la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité d'un Etat fictif". Il considère les forces rebelles comme des groupes qui "assurent la sécurité des populations". Sept mois après Dr. Pham, le double argument d'un "Congo trop grand pour réussir" et la RDC comme un "Etat fictif" va encore être soutenu par deux autres théoriciens de la balkanisation : Greg Mills et Jeffrey Herbst ("The Invisible State : It is Time We Admit that Congo Does not Exist", Foreign Policy, Washington DC, 14 Juin, 2013.).

Le machiavélisme intellectuel de cette théorie est qu'elle brandit la noble préoccupation humanitaire, la visée de la paix et le développement de petits Etats découlant du démembrement de "l'Etat fictif du Congo". On voit ici en répétition l'artifice colonialiste Léopoldien.

En dessous de l'objectif déclaré d'une entreprise humanitaire visant la civilisation des Congolais, sa vraie visée était de s'emparer des richesses du Congo. De même, la théorie de la balkanisation par humanisme dont Dr. Pham est promoteur est une mascarade intellectuelle. Elle rationalise une démarche néocoloniale.

Il n'est pas aberrant d'asserter que le discours actuel de Dr. Pham en faveur de la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, malgré sa noblesse apparente, cache un stratagème du contrôle du Congo par un réseau d'affairistes américains (…qu'il commence déjà à amener en RDC).

Cependant, il est nécessaire de souligner que la thèse des balkanisationistes a été ébranlée par le Professeur René Lemarchand qui en a démontré l'aberration (René Lemarchand, "The Democratic Republic of Congo : From Collapse to Potential Reconstruction", Center for African Studies, University of Copenhagen, 16 Septembre, 2001).

En 1992, lorsque le sous secrétaire d'Etat aux affaires africaines du Département d'Etat, Walter H. Kansteiner III, avait soutenu la thèse de la balkanisation de la RDC, l'honorable Cynthia McKinney, congresswoman démocrate de la Géorgie (4th Congressional District, 1992-2002) avait envoyé une vigoureuse lettre de protestation au Président W.Bush.

Dans cet élan, un minimum de nationalisme aurait dû motiver les Congolais pour protester contre la désignation d'un promoteur de la balkanisation de la RDC comme envoyé spécial de Trump dans les Grands Lacs. Il aurait même dû être déclaré persona non grata. Mais, au contraire, c'est lui qui est accueilli à Kinshasa avec révérence, malgré sa condescendance, comme protecteur américain du pouvoir Congolais. Nos héros nationaux Lumumba et Mze L.Kabila doivent s'être retournés dans leurs tombes.

2. LA CROISADE POUR LA NEUTRALISATION DE J.KABILA : UN PERILLEUX STRATAGEME NEOCOLONIALISTE

Si vraiment dans une objectivité intégrale la politique étrangère Africaine des USA a comme un des axes majeurs la lutte contre la corruption et l'impunité en Afrique, on devait voir l'activisme (aussi intense que celui de Dr. Pham en RDC) en Afrique du Sud, en Ouganda, au Burundi, au Zimbabwe et au Nigeria (où le niveau de corruption est même stellaire).

L'activisme et les pressions intenses, amplifiés par la manigance psycho-politique d'une préférence de l'Angola à la RDC (ce qui a énormément froissé le Président Tshisekedi), sur base du déferlement contre la famille Dos Santos, impose la question pourquoi seulement cette sorte de hargne obsessionnelle contre J.Kabila.

A ce sujet, la thèse de l'exécution du schéma machiavélique de neutralisation politique de J.Kabila et les ténors de sa famille politique pour laisser le champ du pouvoir total au nouveau président, n'est pas dénuée de rationalité. Aussi il n'est pas nécessairement déraisonnable de cerner, derrière l'enthousiasme interventionniste d'une clique américaine en RDC, l'orchestration d'une instrumentalisation du pouvoir pour rendre possible la conquête aussi totale des minerais stratégiques congolais.

L'ancien sous-secrétaire d'Etat aux affaires Africaines Kansteiner, dont la thèse est reprise en échos par Peter Pham, est lui-même le fils du plus grand négociant de coltan à Chicago. Au plan géostratégique, l'avenir de la technologie automobile mondiale dépend du lithium. Les recherches pour la construction des avions électriques, avec des super-batteries é lithium, sont aussi très avancées.

Force est d'indiquer qu'en dehors du cobalt, la RDC est aujourd'hui détenteur du plus grand gisement mondial de lithium-rock. Son coût d'exploitation est plus faible que celui du lithium-brime exploité jusque-là au Chili et ayant d'immenses conséquences environnementales à cause d'énormes quantités d'eau qu'exige sa production.

Dans les rapports de force militaire mondiale, la puissance des armées sera aussi fonction des missiles ultra-soniques et avions bombardiers ultra-soniques (de la puissance du bombardier fantôme B.2 Spirit, qui est l'avion le plus couteux du monde à $2 milliards la pièce).

Ceux-ci sont dotés des puissants moteurs à propulsion nécessitant du niobium. Et plus important encore (une dimension que beaucoup de Congolais, voire certains experts ignorent), la colombite qui est dans le coltan (Col= colombite, tan = tantalite) est, en réalité, le niobium qui est plus stratégique que le cobalt. Le niobium est utilisé dans les alliages high-tech pour la fabrication des moteurs puissant des avions de chasse et des super-fusés. Il s'agit notamment des super-fusés hyperpuissants comme ceux de Space-X du milliardaire Elon Musc qui est aussi le propriétaire de Tesla premier producteur mondial des véhicules électriques. Celui-ci est soutenu par la NASA pour les missions spatiales au lieu de recourir aux russes. Le niobium est aussi utilisé dans les alliages légers, mais résistants des châssis de sous-marins nucléaires, et dans les puissantes machines magnétiques, notamment les scanners et le IRM.

La mainmise chinoise sur le secteur minier de la RDC est toute aussi redoutée, car elle lui donne un contrôle sur les minerais stratégiques. Dans l'idéologie trumpienne de la prééminence mondiale des USA, la tutelle américaine sur la RDC est donc indispensable et elle se réalise déjà.

Sur cette toile géostratégique et économique, définissant les rapports des forces mondiales, le nationalisme économique de J.Kabila est gênant. Tant qu'il demeurera un acteur politique majeur mobilisant des Congolais pour la défense de l'intégrité nationale, de la souveraineté et surtout la justice dans l'exploitation des ressources naturelles, les mercantilistes miniers vont redouter les actions politiques obstruant leur conquête des minerais stratégiques.

Le drame avec First Quantum Minerals dont le contrat fut résilié, le rapprochement avec la Chine, les frictions avec le géant minier américain mondial FreePort-McMoran (qui avait investi dans Tenke Fungurume et l'a revendu à China Molybdenum), la révision du Code minier dont l'augmentation des taxes sur les minerais stratégiques réduirait les marges bénéficiaires des capitalistes-extractifs, ont fait de J.Kabila une obstruction pour certains intérêts mondiaux.

La politique étant la continuité de la guerre sous d'autres formes, le stratagème de la tutelle américaine du pouvoir congolais ne se réduirait pas seulement à l'idéal de la bonne gouvernance. Depuis les années 1990, d'innombrables puissantes entreprises américaines cherchent une rampe pour leur enracinement en RDC.

Le régime des Kabila père et fils, très lumumbistes et nationalistes, a été difficile à vassaliser. Il semble que Peter Pham serait, en réalité, le facilitateur de cette reconquête américaine de la RDC, comme on l'a vu tenant le bras du géant mondial Américain General Electric pour des contrats faramineux en RDC.

CONCLUSION

LA PRIORITE EN RDC C'EST LA COHESION POUR LA STABILITE PROPICE AU DEVELOPPEMENT

La RDC est encore un Etat post-conflit très fragile, avec des groupes armés résiduels, et surtout un Président aussi fragile (élu avec 38 % de votes), qui ne s'est pas solidement enraciné dans la machine étatique. Faire pression sur lui avec le stratagème de la visite pompéenne annulée en faveur de l'Angola, pour l'amener à lancer une croisade éliminatrice de son allié politique J.Kabila, est une démarche diplomatiquement maladroite. Elle est politiquement extrêmement dangereuse.

Il est à noter qu'en dehors de sa réalisation architectonique et historique de la reconstruction de l'Etat, la démocratisation, la ressuscitation du système économique, J.Kabila a été le principal bouclier de la victoire électorale de F.Tshisekedi.

J.Kabila s'est vaillamment opposé à presque toutes les puissances mondiales, y inclus les USA, l'Union Africaine et l'UE, pour faire accepter la victoire de F.Tshisekedi. Pousser F.Tshisekedi à poignarder J.Kabila dans le dos serait une trahison politique scélérate de la gravité de celle de Kasavubu vis-à-vis de Lumumba. Alors que ce dernier avait soutenu Kasavubu en défaveur de Bolikango, par les pressions similaires des occidentaux, le premier président Congolais accepta l'arrestation et l'assassinat de son premier ministre - qui promouvait le nationalisme économique.

Dr. Pham devrait s'efforcer à mieux comprendre la politique Congolaise et ses dynamiques. La RDC n'est pas l'Angola. La famille Kabila n'est pas la famille Dos Santos, dont les membres ont géré les entreprises publiques qu'ils ont patrimonialisées et cannibalisées.

Par ailleurs, Dr Pham devrait savoir que Lourenço est un vertébré militaire et politique de la même famille politique qui est au pouvoir depuis les années 1970. Les conditions d'accès au pouvoir de F.Tshisekedi, qui est institutionnellement minoritaire rendent extrêmement dangereuse toute croisade inconsidérée (une chasse aux sorcières aux allures d'une instrumentalisation américaine) contre ses partenaires politiques, au risque de créer une violente implosion politique.

Il est légitime que les Américains cherchent à investir en RDC. La naissance historique en droit public international de l'Etat Indépendant du Congo a eu lieu au Congrès des USA en Avril 1884 (bien avant la Conférence de Berlin où le Secrétaire d'Etat F. Frelinghuysen imposa la carte du Congo apportée par Sir Henry Morton Stanley) constitue un lien historique particulier entre nos deux pays. La RDC a besoin de l'assistance américaine. Mais la souveraineté, l'intégrité et l'indépendance économique de la RDC ne sont pas négociables. Ce sont les attributs granitiques d'un Etat authentique et véridique dans la conscience des Congolais - contrairement à la thèse Dr. Pham d'un Etat Congolais fictif.

H.K. Kabasu Babu

 

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