Est pris qui croyait prendre — l’Opposition Congolaise en pleine séance de réflexion dans l’ile de Gorée

« Il y a quelques mois, nous avons reçu un groupe de jeunes gens venus de ce pays pour apprendre à nos compatriotes comment faire des cocktails Molotov et résister à la police, affirme le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende à jeune Afrique. Il y a eu une intervention sénégalaise pour qu’ils soient libérés, ce que nous avons accepté par amitié. Et voici que les mêmes personnes se réunissent dans ce pays sans que le gouvernement ne nous informe. Qui peut entrer au Sénégal sans que le gouvernement soit au courant ? »

« Le gouvernement sénégalais n’a rien à voir là-dedans, rétorque l’un des organisateurs. Il n’avait pas à donner son autorisation. D’ailleurs, ce pays a supprimé le visa payant à l’entrée en mai dernier ».

Congovox.com se concentre aujourd’hui sur l’attitude du Pouvoir autocratique de Kinshasa suite à la rencontre des Opposants politiques à l’extérieur du Pays, précisément dans l’ile de Gorée. Un symbole très fort de par l’histoire, car l’ile de Gorée était le point de non-retour, le passage forcé de la liberté à l’esclavagisme. Pourquoi, l’opposition congolaise, se réunit-elle au Sénégal avec les « mouvements citoyens » congolais, Filimbi et Lucha comme initiateur ?

L’opposition congolaise, cherche-t-elle à baliser la voie vers la toute première passation pacifique du pouvoir au 20 Décembre 2015 ou, cherche-t-elle des leçons pratiques pour acquérir le savoir-faire dans la fabrication de Coctail Molotov comme l’affirme le porte-parole du gouvernement Lambert Mende ? Retournons la question pour saisir la portée de la parole de Lambert Mende. Est-ce que le Congo de Kabila a-t-il une leçon à donner au Sénégal en termes de libertés d’expression ? Cette question et sa réponse négative nous projettent droit dans l’histoire contemporaine.

S’il est vrai que la liberté d’expression est une valeur consacrée par les Lumières, période qui va de la fin du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle en Europe occidentale, il faut prendre conscience du caractère exceptionnel de ce moment dans l’histoire de la philosophie occidentale et même tout simplement dans l’histoire de la « pensée ». Quand est-ce que l’Afrique noire connaitra-t-elle sa période de Lumières ?

L’histoire nous dit que la valorisation de la liberté d’expression ne pouvait se produire qu’à la faveur d’une révolution profonde dans la pensée politique. Il fallait une poussée de l’idée d’égalité politique entre les  hommes, posant les bases conceptuelles d’une société démocratique. Mais,  il fallait aussi autonomiser l’espace politique par rapport à tout ce qui, jusque-là, prétendait y être la source de l’ordre le plus juste ou le plus sûr, et donc y être l’autorité légitime : la puissance d’une lignée de monarques ; la religion ; mais aussi la science et même la philosophie quand elle théorise l’organisation de l’espace politique d’une façon savante.

Au Congo, ironiquement appelé « Démocratique », l’espace politique reste fermer et d’après Lambert Mende et Kikaya Bin Karubi, le Sénégal devrait abdiquer à sa vocation démocratique et fermer la porte à ceux qui veulent s’inspirer de leur histoire pourtant très pacifique.

De par l’histoire, nous savons que période des Lumières s’était soldée par les deux premières  grandes révolutions démocratiques du temps modernes, la Française et ensuite Américaine, qui ont reconnu pour la première fois pour toutes les deux, mais de façons différentes sur le plan de son organisation juridique, la liberté d’expression. Cette période interpelle tant l’intellectuel congolais que les opposants qui veulent forcer un changement radical au pays.

Cependant, il sied de se focaliser sur la déclaration tonitruante du Sieur Kikaya Bin Karubi. Conseiller diplomatique de Joseph Kabila. Celui-ci condamne le Sénégal qui abrite une réunion des Opposants Congolais et certains organismes Non Gouvernementaux. Mende traite d’inamical le Pays de Sédar Senghor, d’Abdoul  Diof  pour la simple raison d’abriter la réunion de ceux que lui traite de  « terroristes ». Est-ce cela une attitude d’un pouvoir voulant réellement instaurer la liberté d’expression et politique ?

Ayons le sens de la démesure. Le Sénégal est connu et reconnu dans le monde entier comme étant un des creusets de la démocratie en Afrique. Abdoulaye Wade a fait le frais de l’alternance démocratique quand il a voulu bouleverser cette culture ancrée au plus profond des villages Sénégalais. Grâce au mouvement  « Y EN A MARRE » qui a le plus démocratiquement agi sans restriction aucune de liberté d’expression et de mouvement. Le Peuple sénégalais galvanisé par ces idées véhiculées par ces jeunes a massivement opté pour l’alternance démocratique.

Aujourd’hui, Macky Sall préside aux destinées de ce vaillant peuple Sénégalais. Ces jeunes voulant voler au secours de leurs Frères Congolais qui ploient sous la botte dictatoriale du despote de Kinshasa, accompagnés de leurs Frères du mouvement « Ballet Citoyen » avaient fait le déplacement de Kinshasa pour venir partager leur expérience afin de mettre en « échec et mat »,  un Monsieur qui croît que la démocratie se résume en sa présence à la tête de ce vaste et prometteur Pays qui est la République Démocratique du Congo.

La suite, nous la connaissons, arrestations et expulsions. Le pays de Macky Sall s’appelle « République du Sénégal ». Le nôtre s’appelle « République Démocratique du Congo ». De ces deux pays et par essence, lequel devait promouvoir l’émergence et le développement de la démocratie à travers la liberté d’expression ?

Le Sénégal excelle dans le domaine quant à l’autre ? Restrictions permanentes des libertés fondamentales, menaces de poursuites judiciaires. La dernière trouvaille comme c’est à la mode, tous les opposants sont taxés par le gouvernement de la RDC de « Terroristes ». Allez-y comprendre quelque chose.

N’offrant pas d’espace pour permettre aux Opposants, soit ceux qui n’acceptent pas de participer au fameux « Dialogue de la compromission », Les Jeunes des « Mouvements Filimbi  » et consorts ont invité leurs aînés qui partagent leur combat de venir réfléchir et s’enrichir de l’expérience Sénégalaise pour mieux affiner leurs stratégies afin de faire échec aux tripatouillages politiques et constitutionnels  de Joseph Kabila.

Ils sont traités de « Terroristes » par ceux-là mêmes qui exécutent sans ménagement aucun et quotidiennement le Peuple Congolais. Allez faire un tour au niveau des morgues et cimetières en République Démocratique du Congo. Le spectacle est ahurissant. Le seul pays au monde où il y a quotidiennement des embouteillages au niveau des morgues et des cimetières.

Photo: innondation a Bukavu

Les estimations de quelques spécialistes avancent un nombre minimum de six mille morts par jour sur toute l’étendue de ce vaste Pays. Soit 180 000 morts par mois et 2 160 000 morts par an. Bon travail Monsieur Joseph Kabila et ses Acolytes tels que Kikaya Bin Karubi et consorts. Avec un tel bilan, vous traitez de « Terroristes » des Congolais et des vrais qui veulent arrêter cette hémorragie mortuaire. Et comme, le régime Kabila est passé maitre dans la falsification, nous doutons très forts des statistiques ici dessous que vous avez présenté à la Banque Mondiale, une fois confrontée aux réalités du terrain.

Cela équivaut à la disparition de la population entière de Congo Brazzaville en deux ans. Faut-il continuer à décimer ce Peuple qui n’a que pour seul pêché d’avoir accepté d’être dirigé par un Imposteur aux origines douteuses ? Vous empêchez les gens de réfléchir sur le territoire sur lequel vous trônez . Voulez-vous maintenant  imposer aux autres pays africains d’empêcher les gens à réfléchir ? Si le ridicule pouvait tuer.

C’est de notoriété publique que vous avez disséminé des troupes militaires étrangères à travers tout le territoire national aux motifs de mater toute tentative de soulèvement de la population contre votre vaste projet de Passage en force.

Nous connaissons le nombre de ces militaires étrangers, leurs lieux de cantonnement et leurs pays d’origine. Peut-on accorder un crédit à un pouvoir qui ne fait pas la moindre confiance à ses troupes militaires ? De là on prétend former des troupes militaires pour assurer la sécurité de ce Peuple et préserver l’intégrité territoriale. 

Un pouvoir qui pense que le Panafricanisme se résume à imposer ses vues et méthodes de gestions  aux autres pays qui aspirent à offrir à leurs peuples un espace de liberté d’expression, gage d’un développement certain. Un pays qui pense que les autres Pays africains tels le Sénégal devaient lui emboiter le pas en restreignant au maximum les libertés élémentaires. Non cher Kikaka Bin karubi, le Sénégal  n’est la la RD Congo.

Au Pays des Senghor, les valeurs élémentaires de base sont sacrées. Pour y avoir séjourné régulièrement, le Sénégalais commun jouit pleinement de sa « liberté d’expression ».

C’est au nom de ces genres de valeurs que le Président Obama avait fait le déplacement dans ce Pays. C’est au nom de ces valeurs dont le Président Macky Sall jouit d’une respectabilité internationale qui fait qu’il soit invité aux différents forums pour s’exprimer parfois au nom de l’Afrique  alors que Joseph Kabila est plus qu’un paria.

C’est cette valeur qui élève l’ambition de toute une nation. Nous comprenons que votre seule ambition avec votre autorité morale est l’enrichissement illicite sans cause au mépris de la vie des citoyens Congolais. Cependant, le peuple a besoin qu’on lui offre un espace de liberté d’expression à l’instar du peuple Sénégalais. La démocratie a existé il y a longtemps, en Grèce, au Vème siècle avant Jésus-Christ, et on y trouve certains fondements du principe de la liberté d’expression. 

Au lieu de fournir au peuple Congolais ces genres d’espace propice à son développement, on lui offre des Mécréants tels que Kabange Numbi, Kalev Mutond, Evariste Boshab, Kikaya Bin Karubi, Mende Omalanga, Aubin Minaku, Kin Kye Mulumba, Néhémie et toute la Curie qui coiffe l’Armée et la Police Nationale. 

A défaut des menaces d’arrestation de toute personne qui s’oppose au dialogue, les opposants ont trouvé une parade pour se réunir à l’étranger afin non seulement d’échanger sur les stratégies d’empêcher le régime de Kinshasa de violer la Constitution, mais également d’élargir leur base et renforcer leur alliance.

C’est dans ce cadre que le peuple Congolais a salué avec révérence la rencontre entre Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi à Paris. Ce rapprochement a donné à plus d’une personne de la Majorité Présidentielle des insomnies. C’est ça le vrai dialogue où les gens ont parlé de l’avenir réel de la démocratie dans ce Pays sans calcul.

Monsieur Joseph Kabila se targue d’avoir instauré la démocratie en République démocratique du Congo. Qu’il pousse sa logique plus loin en devenant également le premier ex-Président de la République en vie, bouffant allégrement l’argent qu’il a amassé. Sinon « Est pris qui croyait prendre ».