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Amb. Herman Cohen, Marius Muhunga

EXCLUSIF, TRANSCRIT DE L’INTERVIEW DE L’AMBASSADEUR HERMAN COHEN : « DANS UNE ANNÉE, KABILA SERA COMPLÈTEMENT EFFACÉ

MARIUS MUHUNGA : mesdames et messieurs, bonjour et bienvenue dans cette émission. vous savez que les États-Unis d’Amérique sont un grand soutien, un grand partenaire pour la République démocratique du Congo. Lors des dernières élections des États-Unis d’Amérique qui ont eu une position plus ou moins controversée. Après avoir critiqué le déroulement de ces élections et sanctionné certaines personnalités qui ont organisé ces élections, les États-Unis d’Amérique ont quand même pris acte de l’élection du nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Quels sont les intérêts des États-Unis d’Amérique en République démocratique du Congo ? C’est quoi la nouvelle politique des États-Unis avec le nouveau président congolais ? C’est à ces questions que va essayer de répondre notre invité d’aujourd’hui monsieur AMBASSADEUR HERMAN COHEN qui est avec moi sur ce plateau. Monsieur Herman Cohen, bonjour !

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Bonjour monsieur.

MARIUS MUHUNGA : merci beaucoup d’accepter de répondre à nos questions aujourd’hui je rappelle que vous êtes comme je peux dire monsieur Afrique des états unis parce que vous connaissez très bien l’Afrique subsaharienne, parce que vous avez été assistant du secrétaire d’État aux affaires africaines ambassadeur américain en Gambie, au Sénégal. Vous maîtrisez en tout cas, l’Afrique subsaharienne. Et vous avez été conseiller de l’un des présidents des États-Unis d’Amérique. Vous avez travaillé au conseil de sécurité nationale américain et aujourd’hui, vous êtes président de votre organisation qui apporte des conseils aux investisseurs qui veulent aller investir en Afrique. Je vous remercie de bien vouloir nous donner ce temps.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Un plaisir pour moi.

MARIUS MUHUNGA : la première question que j’aimerais bien vous poser c’est celle de savoir, c’est quoi aujourd’hui les intérêts des états unis d’Amérique en République démocratique du Congo ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : l’Amérique s’intéresse au Congo parce que c’est un très grand pays. Il y a beaucoup de monde. Et en principe le pays doit être très riche parce qu’il y a beaucoup de minerais qui sont en demande dans le monde. Par exemple le cobalt qui est très important pour la technologie pour les téléphones cellulaires, et cætera. Il n’y a que deux pays dans le monde qui produisent la Cobalt. C’est la Russie et en République démocratique du Congo. Donc on a besoin de toutes ces choses-là. Deuxièmement l’Amérique voudrait voir une réduction de la pauvreté au Congo. Si l’argent arrive à partir de ces ventes, il faut que ça soit dépensé pour aider le peuple dans l’éducation, santé, infrastructures et aussi pour créer le travail pour la population.

MARIUS MUHUNGA : Et ces intérêts aujourd’hui, est-ce qu’ils sont nouveaux ou ces intérêts ont toujours existé ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Ces intérêts ont toujours existé. pour les États-Unis le Congo n’était jamais un pays stratégique dans la guerre froide, etc. Sauf une fois pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est très intéressant, le Président Roosevelt a décidé de faire la première bombe nucléaire pour faire la guerre contre l’Allemagne et le Japon. Et on a besoin de l’uranium. Et le seul endroit qui avait l’oxyde d’uranium, c’était le Congo. Et nous avons acheté ça juste après le déclenchement de la guerre. Et nous avons envoyé des soldats à Kamina à pour protéger les mines. Donc le Congo a joué un grand rôle dans notre victoire dans la Deuxième Guerre mondiale. Mais depuis les problèmes stratégiques n’intéressait plus les états unis en ce qui concerne Congo.

MARIUS MUHUNGA : Et maintenant, vous pensez que c’est le moment pour les états unis s’intéresser au Congo comme un pays qui a des ressources stratégiques ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : bien sûr, bien sûr quand j’ai dit il y a le Cobalt qui est très important. Il y’a aussi un minerai qui s’appelle coltan. Chaque téléphone potable dans le monde a ce minerai la, le Coltan. Ça veut dire Colombium-Tantalum. Ça vient de l’est du Congo.

MARIUS MUHUNGA : est-ce que ce n’est pas une peur aujourd’hui de voir que la chine et la Russie s’y intéressent de plus en plus au Congo et que les états unis veulent renforcer sa présence en République démocratique du Congo ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois qu’on ne voit pas la chine et la Russie comme des ennemis au Congo.

MARIUS MUHUNGA : mais ils sont de concurrents ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Ils sont des concurrents. Le conseiller auprès du président Trump pour les affaires de sécurité monsieur John Bolton, Ambassadeur Bolton que je connais très bien, il a fait un discours, il y a deux mois sur notre politique envers l’Afrique, pas seulement le Congo, mais envers l’Afrique. Et il a dit que les Chinois sont en train de faire des choses en Afrique qui ne sont pas bonnes. Ils font des infrastructures avec des prêts et les Africains s’endette beaucoup et il devient des prisonniers de ces banques chinoises, etc. Donc, il faut concurrencer les Chinois avec notre secteur privé. Nous allons, le gouvernement américain va encourager le secteur privé américain d’aller là-bas investir pour concurrencer les Chinois.

MARIUS MUHUNGA : est-ce que je peux comprendre par là, monsieur Cohen, parce que vous connaissez bien les états unis. Vous connaissez la stratégie sûrement des états unis par rapport aux pays africains. Le sous-secrétaire d’État quand il recevait le président Tshisekedi ici aux états unis d’Amérique : « cette année, c’est l’année de la République démocratique du Congo ». Pour vous qu’est-ce que cette phrase voulait dire exactement ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : c’est-à-dire que, le pays en Afrique avec le plus grand potentiel, c’est le Congo. Et en général l’Afrique, ce n’est pas nouveau, est derrière les autres continents surtout sud-est asiatiques, l’Amérique latine au point de vue développement économique. Le Congo l’Afrique en général est assez loin derrière. Donc pour nous ce qui compte, c’est que les Africaines deviennent riches, et ils peuvent acheter nos produits, peut nous envoyer leurs produits. Mais continuer à soutenir les Africains avec l’aide, avec la charité, le président Trump n’aime pas ça. Il veut que les Africains deviennent riches eux-mêmes.

MARIUS MUHUNGA : alors quand on voit la position des États-Unis d’Amérique les 20 dernières années ce peut-être finir par là pour rester sur la stratégie on a eu l’impression que les états unis étaient plutôt plus proches du Rwanda qui était accusé d’agression à la République démocratique du Congo. Est-ce qu’aujourd’hui cette tendance a changé ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois que ça a changé beaucoup parce le Rwanda est un pays ami, mais c’est très petit. Le Rwanda a trop de population. Donc ça ne peut être viable sans l’aide des étrangers. Ça va durer infiniment, n’est-ce pas ? Tandis que le Congo est un pays avec un très grand potentiel. Et donc il faut faire tout pour promouvoir des investissements au Congo.

MARIUS MUHUNGA : mais ce n’est peut-être pas l’image que le président Donald Trump donne par rapport à l’Afrique. C’est comme si lui, l’Afrique ne l’intéresse pas, et d’ailleurs, il a fait une déclaration pour dire c’étaient des pays des merdes même si plus tard il a essayé de se corriger. Comment en même temps on peut concilier ce genre de déclarations avec l’intérêt des États-Unis vis-à-vis des pays africains ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non je suis là je ne suis pas d’accord. Il faut pour vous rappeler qu’en 2017, il a envoyé son ambassadeur auprès des Nations unies, madame Nikki Haley en Afrique. Et il a dit, il faut aller au Congo parce qu’ils sont en difficulté et parce qu’il n’y avait pas d’élections et avec délai tout ça. Et c’est elle qui est allée à Kinshasa, le mois de juin 2010. Elle a eu un entretien avec l’ancien président Kabila pendant 3 heures, tête à tête. Et après, Kabila a dit nous aurons des élections avant la fin de 2018 et moi je ne serai pas candidat. C’est elle qui a persuadé Kabila de faire ce qu’il fallait faire. Et c’est Trump qui avait envoyé madame Haley là-bas, donc on ne peut pas dire qu’il ne s’intéresse pas.

MARIUS MUHUNGA : vous connaissez l’Afrique vous avez vu passer beaucoup de présidents dans notre pays. Vous avez vu passer Mobutu, Kabila le père, le fils, et aujourd’hui Félix Tshisekedi qui est là. Et quand je vous entends parler du fait que madame Haley était partie au Congo. Elle qui a convaincu joseph Kabila et quand on voit comment les choses se passent au Congo et en Afrique aujourd’hui, monsieur Cohen, est-ce qu’on peut dire que les Africains ne sont pas capables de résoudre leurs propres problèmes. Qu’il faut que tout le temps que ça soit des puissances étrangères, comme les États-Unis, pour résoudre leurs propres problèmes.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Oui, il y a beaucoup de problèmes en Afrique. Mais je vois du progrès par exemple quand je vais au Ghana, quand je vais en Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Botswana et Namibie. Ces pays sont en train de faire beaucoup de progrès. Ils ont la bonne gouvernance. L’argent qu’ils gagnent va dans le trésor, n’est-ce pas ? Donc je vois des signes de progrès. Le problème dans beaucoup d’autres pays, je crois qu’il faut le dire franchement, c’est la corruption. J’ai rencontré un Congolais récemment il était à la tête de la banque centrale. Je ne vais pas nommer. Et j’ai dit, est-ce que vous touchez votre retraite ? Il a dit, non c’est impossible. Il dit, quand j’ai pris ma retraite, le gouverneur m’a donné un grand paquet que j’ai investi et ça c’est ma pension. Donc à mon avis, le problème c’est là que la corruption. Et trop d’argent qui est gagné par le pays ne va pas dans le trésor.

MARIUS MUHUNGA : ce n’était pas ça ma question. La question c’était de savoir si l’Afrique pouvait être. Est-ce que les dirigeants africains ne peuvent rien faire sans la communauté internationale, ou c’est une sorte de diktat que ces pays font justement pour gérer ces pays entre guillemets pauvres ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non je crois qu’ils sont très capables. Je vois des Africains avec la bonne éducation. Vous savez ici aux États-Unis, il y a 10 000 médecins nigériens qui travaillent ici comme médecins. Et leur éducation médicale est formidable. Et ils sont tous acceptés aux États-Unis. Ils travaillent dans les hôpitaux, etc. donc il y a beaucoup d’Africains qui sont très capables, des Congolais. Mais le problème c’est la bonne gouvernance et il y a des chefs d’État, etc. qui ne pratiquent pas la bonne gouvernance. C’est ça ! S’il change et pratique la bonne gouvernance, ils sont capables de trouver des solutions pour tous les problèmes.

MARIUS MUHUNGA : monsieur Cohen, revenons à ce sujet. Je pense que les gens attendent c’est sur les élections, les dernières élections en République démocratique du Congo. Ces élections ont fait couler beaucoup d’encre. On se souvient qu’avant la publication des résultats, les États-Unis ont menacé quiconque pourrait publier les résultats qui vont à l’encontre des vrais résultats des urnes. Quelques jours après finalement, c’est Félix Tshisekedi qui est élu président de la république, alors que la tendance des états unis à l’époque, soutenait que la vérité venait de l’Église catholique, qui a sorti le nom de martin fayulu. Et, finalement les états unis changent quelques jours après et reconnaissent Felix Tshisekedi, comme prend acte de l’élection de Felix Tshisekedi. Comment peut-on expliquer ce revirement de position des états unis ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois que pour les états unis ce qui compte c’est le départ de Kabila. Parce qu’il était au pouvoir depuis 2002 et le Congo n’a pas fait de progrès sur le plan économique, réduction de pauvreté. La priorité numéro un, c’était le départ de Kabila. Donc l’élection de Felix Tshisekedi était bonne.

MARIUS MUHUNGA : donc peu importait à l’époque celui qui gagne, pourvu que Kabila parte.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : ça, c’était le plus important. Aussi il a avait des arguments si c’était Tshisekedi ou Fayulu. Les gens de l’UDPS avaient des arguments que c’était vraiment Felix Tshisekedi qui a gagné et l’Église catholique a dit le contraire. Il faut soutenir Félix Tshisekedi. Il faut affaiblir Kabila. Donc tout le monde est sur la même page. Soutenir, soutenir Felix Tshisekedi.

MARIUS MUHUNGA : ça, on est déjà quelques mois après. C’est, quatre mois après. Mais au moment… qu’est-ce qui a poussé les états unis à changer sa position ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : comme j’ai dit, ce qui comptait pour les États-Unis c’était un changement de régime. Qu’il n’y ait plus de groupe Kabila au pouvoir. Qu’il n’ait plus rien fait pour le peuple, n’est-ce pas ? Et nous nous connaissions Felix Tshisekedi et son père. Par exemple après la conférence nationale de Mobutu, je crois que c’est en 1992 et c’est moi qui ai négocié avec Mobutu [pour] qu’Etienne Tshisekedi devienne Premier ministre. Donc, j’ai connu Étienne, j’ai connu la famille depuis longtemps. Je crois que c’est un homme de confiance qui peut faire de bonnes choses pour le Congo. Et Washington pense la même chose.

MARIUS MUHUNGA : et parce qu’en même temps, si c’était pour que Kabila part, mais les états unis a quand même sanctionné certaines personnalités. Notamment le président l’assemblée, l’ancienne assemblée de nationale, un de juges de la cour constitutionnelle, le président de la CENI et son vice-président. Pourquoi avoir sanctionné des personnalités d’une institution d’où vient l’actuel président et reconnaître le président ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : oui j’avoue qu’il y a certaines contradictions. Oui, je ne comprends pas non plus. Mais ce qui compte c’est que le gouvernement des États-Unis soutient Felix Tshisekedi. C’est ça qui compte. Tout le reste n’est pas important.

MARIUS MUHUNGA : Donc la démocratie n’est pas importante ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non dans ce cas, ce qui compte, c’est le chargement de régime.

MARIUS MUHUNGA : alors quand on voit la même chose, les états unis a fait, a eu une réaction très dure vis-à-vis du président Maduro au Venezuela. Les états unis ont plutôt supporté l’opposition plutôt que le pouvoir en place et a menacé… a soutenu clairement. Et pourquoi deux poids deux mesure par rapport au Congo ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non ce n’est pas deux poids deux mesure. Le problème au Venezuela c’est que le gouvernement d’abord de Chavez à près de Maduro est tombé complètement en ruine. [Bien] avant, c’était une grande puissance pétrolière, n’est-ce pas ? Ils ont nationalisé l’industrie du pétrole, c’est-à-dire le secteur privé est parti. Et ils ont commencé à 3 millions de barils par jour est tombée à 500 milles. Pourquoi ? Ils n’ont pas fait de l’entretien. Ils n’ont pas géré le pays. Et, ici deux millions de [personnes] sont parties comme réfugiées. Ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas, n’est-ce pas ? Donc c’est une situation tout à fait différente. Ce n’est pas la même chose que le Congo. Le pays est en très grande difficulté. Il faut absolument changer l’origine là-bas.

MARIUS MUHUNGA : mais, c’est à quel moment que les états unis s’est rendu compte que joseph Kabila ne s’était pas la bonne personne à la tête du pays parce qu’on sait que depuis le début qu’il a toujours bénéficié du soutien des États-Unis ? Joseph Kabila proche du Rwanda comme on le disait. Rwanda proche des États-Unis donc, joseph Kabila devait être amis aux états unis. C’est à quel moment vous pensez que les états unis s’est rendu compte qu’il faut en finir avec joseph Kabila ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois que c’est surtout quand président Kabila a commencé à parler de changer la constitution. Je crois qu’il a dit ça au début de 2015. Il faut un référendum sur la constitution parce que Kagamé a fait ça, le président de la République du Congo a fait ça. Il dit, pourquoi pas nous, n’est-ce pas ? À ce moment-là, l’Amérique a dit non pas possible. On n’accepte pas ça !

MARIUS MUHUNGA : beaucoup de gens pensent que l’une des raisons pour lesquelles les états unis ne vous ne voulez plus de Joseph Kabila, c’est aussi parce qu’il a touché à certains intérêts américains, notamment la révision du code minier qui peut-être mettait en difficulté certaines entreprises d’origine américaine. Que diriez-vous par rapport à ça ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non parce qu’il y avait une grande entreprise américaine là-bas, Freeport-McMoRan (FCX), qui travaillait dans le gisement de Tenke Fungurume. Moi je n’ai pas visité ça, mais, tout le monde qui a visité dit que c’était un investissement formidable, avec des écoles, avec des maisons pour les ouvriers, etc., mais à cause de leurs problèmes financiers ailleurs, ils ont vendu ça aux Chinois. Donc il n’y a plus d’intérêt américain dans les mines au Congo. Ça, c’était leur départ avant le changement de code minier.

MARIUS MUHUNGA : Joseph Kabila où il est parti sans bouger. Comme on le dit, il est toujours là aux côtés de Félix Tshisekedi et les états unis soutiennent l’actuel président Tshisekedi. Comment vous c’est quoi la stratégie des États-Unis de soutenir quelqu’un, mais qui travaille avec quelqu’un que les états unis n’aiment pas. Il y a un petit problème.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non je crois que petit à petit le président Tshisekedi va gagner. [Il] va augmenter son pouvoir et je crois d’ici encore un an, Kabila sera complètement effacé.

MARIUS MUHUNGA : Felix Tshisekedi qui est arrivé d’ailleurs aux états unis, je vous rappelle, qu’il n’a pas été reçut par le président Trump. Il y a eu beaucoup d’encre qui a coulé là-dessus. C’est quoi la raison pour laquelle le président Trump n’a pas reçu Felix Tshisekedi ? Est-ce que aujourd’hui si Trump se rend au Congo et qu’il est reçu par le ministre des Affaires, le vice-ministre aux Affaires étrangères, est-ce que ce ne serait pas vu comme insulte au président américain ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Non c’est ne pas une insulte, parce que d’abord il n’est pas venu aux États-Unis en visite officielle. Ici aux états unis nous avons un système de visite officielle des chefs d’État. Il y a à peu près deux [visites officielles] par mois, n’est-ce pas ? Avec ça il y a des déjeuners d’affaires, etc. beaucoup de choses, mais, quand un chef d’État vient ici sans invitation, il est le bienvenu, n’est-ce pas [mais] ça dépend de l’emploi du temps. Au moment de la présence de président Tshisekedi ici, le président Trump était très, très occupé avec cette histoire de mur contre le Mexique, n’est-ce pas. Il voyageait à la frontière, donc il n’avait pas de temps [et] donc ce n’était pas une insulte. Il a été reçu à la maison blanche quand même par monsieur [John] Bolton. Donc il ne faut pas compter ça comme [une insulte].

MARIUS MUHUNGA : je disais juste si c’était l’inverse, est ce que ça ne serait pas vu de la même façon.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : ça dépend du cas, mais on ne peut pas comparer, on ne peut pas comparer. Le président Trump ne voyage pas comme ça sans invitation. Il ne voyage jamais dans un pays comme ça pour visiter tout ça, n’est-ce pas. Je n’ai jamais vu un président des États-Unis qui voyage sans invitation.

MARIUS MUHUNGA : alors le président, le nouveau président congolais Félix Tshisekedi, on sent dans ce qu’il fait, dans ce qu’il veut faire, il est en train de donner un signal de changement notamment dans le droit de l’homme. Il laisse les opposants s’exprimer librement. Qu’elle est selon vous, c’est qui va l’empêcher de faire ce qu’il doit faire. Beaucoup de gens pensent que c’est Joseph Kabila.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois qu’il va petit à petit devenir beaucoup plus fort dans son pouvoir et c’est surtout à mon avis le contrôle des revenus. Kabila avait son homme comme [Directeur] général de la Gécamines et avait un minimum de 70 % de l’argent de la Gécamines qui n’arrivait pas au trésor. Cet argent était distribué dans les rangs des kabilistes, n’est-ce pas ? Je crois que dès que Tshisekedi prend contrôle et je crois que le nouveau premier ministre sera priorité numéro, l’argent va passer dans la banque centrale. Et donc ce sera possible de faire ce que Kabila n’avait jamais fait : c’est à dire d’infrastructure, santé, agriculture, éducation pour le peuple et vous allez voir d’ici un an ce sera tout à fait différent.

MARIUS MUHUNGA : vous avez tout à l’heure que vous connaissez bien la famille Tshisekedi et si je vous posais la question de savoir c’est quoi les atouts, selon vous, de Felix Tshisekedi. Est ce qu’il est capable de déboulonner, comme il l’avait dit a le système de Kabila ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois parce qu’il est très honnête à mon avis. Il pense à faire de bonnes choses pour le peuple ; je crois qu’il est très sincère ; je ne crois pas qu’il regarde la position du président pour s’enrichir, etc. vous vous rappeler que son père a été le seul à tenir tête à Mobutu. Mobutu l’a mis en prison, etc. donc la famille est patriotique pour le Congo et pas pour la famille.

MARIUS MUHUNGA : mais en même temps il y a, je pense, à pour quelqu’un qui gêne aux côtés de Felix Tshisekedi c’est joseph Kabila. Comment les états unis comptent, je ne parlerai pas de s’en débarrasser, mais les séparer.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Non, l’Amérique va soutenir, va soutenir Felix Tshisekedi et c’est Felix Tshisekedi qui va faire le nécessaire.

MARIUS MUHUNGA : Comment ça ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : on va l’aider [pour] chercher des investissements, avec l’aide de la banque mondiale, etc.

MARIUS MUHUNGA : Et, tout de suite, parlant des investissements tout de suite, quand il est rentré au pays, l’ambassadeur des états unis au Congo l’a soutenu. Il l’a accompagné aux États-Unis d’Amérique. Il a rencontré des investisseurs américains et aussitôt rentrés au pays, l’ambassadeur des [États-Unis en] RDC a fait une déclaration pour dire  les investisseurs américains ne viendrait pas tant qu’il n’y aura pas… parce que la corruption continue en République démocratique du Congo. Comment vous pourriez expliquer ce geste, ces changements de position ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : ça, c’est son avis. Je suis sûr que la corruption qui existait pendant le gouvernement de Kabila ne disparaitra pas tout de suite. Il faut petit à petit que le président trouve des moyens. Comme j’ai dit tout à l’heure, il faut contrôler la Gécamines qui est la source la plus grande pourcentage de revenue. Être sûr que l’argent de la Gécamines va dans le trésor de la banque centrale. Il n’est pas arrivé à faire ça, mais ça ne va pas tarder à mon avis.

MARIUS MUHUNGA : nous savons qu’aujourd’hui l’armée se trouve entre les mains de Joseph Kabila. Beaucoup pensent que le passage du président tchèque est dit ici c’était aussi pour demander aux États-Unis d’Amérique de le sécuriser. Est-ce que vous pouvez confirmer ça ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non je ne peux pas confirmer ; je ne suis pas au courant de ça, mais je ne suis pas d’accord. Je crois que l’armée du Congo est loyale au président et pas à Kabila, je vous assure. S’il a besoin, l’armée est pour Felix Tshisekedi. L’armée est pour le chef de l’état. Les généraux ne vont pas dire non il n’est pas notre chef, c’est Kabila. C’est ridicule ça.

MARIUS MUHUNGA : vous savez combien, comment, vous savez mieux que moi d’ailleurs comment les armées fonctionnent en Afrique.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je ne suis pas d’accord je connais des gens qui a rencontré ces gens-là. Ils ne sont pas payés ; ils demandent de l’argent ; je crois que si Felix Tshisekedi arrive a établi un système où l’armée est bien payé. Ils vont à la banque tous les mois avec leur carte de machine pour retirer l’argent, ça n’existait pas chez Kabila. [Du temps] de Kabila, l’armée n’était pas payée. Ils ne peuvent pas être loyaux à Kabila. Ils sont loyaux à Félix.

MARIUS MUHUNGA :    Un nouveau premier ministre qui vient d’arriver à Premier ministre et qui n’est pas elle est connu il a travaillé depuis l’époque de Mobutu, monsieur sylvestre Ilunga. Il a travaillé avec il a été vice-ministre plusieurs fois et aujourd’hui il est nommé Premier ministre. Le choix de joseph Kabila, ça gêne quand même les états unis, ce monsieur ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je ne sais pas, mais, à mon avis il l’a l’expérience nécessaire. Il connaît comment marche le gouvernement et j’ai confiance qu’il va faire ce qu’il faut faire. Il ne va pas travailler pour Kabila. Il va travailler pour Felix Tshisekedi.

MARIUS MUHUNGA :    Mais c’est Kabila qu’il a choisie. Il ne peut pas travailler.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Mais C’est Felix Tshisekedi qu’il a nommé et il ne nomme pas quelqu’un qu’il n’aime pas. Donc, s’il a nommé, c.-à-d. qu’il a confiance en lui.

MARIUS MUHUNGA :    Et que vous pensez qu’il plus servir Felix Tshisekedi plutôt que Joseph Kabila ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : tout à fait, tout à fait.

MARIUS MUHUNGA :     Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : parce que c’est un homme d’expérience. Il sait qu’il faut travailler pour les chefs d’État et pas pour quelqu’un qui n’est plus chef d’État. Ce n’est pas un idiot !

MARIUS MUHUNGA :     Moïse Katumbi est rentré au pays. On a l’impression que Moïse Katumbi se trouve dans une position comme celle des états unis. Qui aime Félix Tshisekedi, mais il y a quelqu’un qui gêne, Joseph Kabila. Quel rôle pensez-vous que Moise Katumbi va jouer dans ce nouveau régime ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : j’ai vu Moise Katumbi et Felix Tshisekedi  avant l’élection. Ils étaient très proches et ils ont dit que nous devons travailler ensemble. C’était une surprise pour moi que pendant la conférence Genève que Moïse Katumbi a soutenu Fayulu. Je ne comprenais pas pourquoi, mais, il paraît que maintenant et se sont réunis. Le président Tshisekedi à envoyer un passeport pour lui l’invité est retourné et il a effacé les condamnations qu’il a reçues sous Kabila. Donc j’ai l’impression qu’ils vont travailler ensemble.

MARIUS MUHUNGA : mais comment ils vont travailler ensemble avec Joseph Kabila ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non il va travailler ensemble avec Felix Tshisekedi.

MARIUS MUHUNGA : Mais, Felix Tshisekedi  travaille avec Joseph Kabila.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : oui, mais comme j’ai dit tout à l’heure, petit à petit, ils vont se séparer. Revenez me voir dans un an, vous allez voir que Kabila sera tout à fait effacer.

MARIUS MUHUNGA :    « Dans un an Kabila sera tout à fait effacé ». Vous êtes quelqu’un de l’expérience vous connais mieux la boucle et c’est mieux l’Afrique que moi je suis prêt à vous croire et dans une année, je reviendrai vous voir. Il y a quelque chose dans le milieu de Congolais. On parle de la Belgique qui a toujours une mainmise sur le Congo parce que la Belgique verrait le Congo toujours comme sa propriété et que les États-Unis, la France, aucun pays ne peut faire quoi que ce soit au Congo sans passer par la Belgique ou mieux sans demander la permission de la Belgique. Est-ce vrai pour les états unis ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : non, pas du tout, comme dit l’Ambassadeur John Bolton dans son discours. Il dit que nous cherchons une ambiance pour attirer les investisseurs américains et c’est ça qui compte. Ils vont essayer avec Felix Tshisekedi de créer cette ambiance, éliminer la corruption. Ce que l’investisseur américain cherche surtout c’est que si je suis un investisseur et j’ai un contrat. Est-ce que je peux aller devant un tribunal pour défendre mon contrat et maintenant on ne peut pas ? C’est-à-dire ce juge-là travaille pour quelqu’un d’autre… c’est ça que l’Amérique… le gouvernement va trouver avec Felix Tshisekedi pour créer cette ambiance de bonne gouvernance qui va attirer les investisseurs. Et je crois que le président Tshisekedi  voudrait coopérer avec ça.

MARIUS MUHUNGA :     Alors ça va ressembler à quoi, les prochains jours la stratégie américaine sur le Congo. Est-ce que ça va être le renforcement du personnel américain sur place ? Je parle de l’ambassade et d’autres intérêts américains. Est-ce que ça va être la multiplication de, appelons ça dons, des états unis, où ça va être le renforcement d’une présence sécuritaire des états unis au Congo ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Je crois que des qu’il y a des ministres en place, le gouvernement des États-Unis va commencer à travailler, par exemple moi comme homme d’affaires, je travaille avec des investisseurs. J’ai un projet pour faire un Central électrique à Goma, utilisant le gaz méthane dans le lac Kivu. Le gouvernement américain est très positif pour ça. Donc je vais demander au gouvernement américain d’aider dans la finance de ce projet. Il y a un consortium des hommes d’affaires Congolais à Goma qui sont en train de discuter ça et aussi un autre barrage sur l’Oubangui. Je travaille pour ça. Donc moi je ne suis pas seul. Il y a des autres. Il y a aussi une société qui voudrait faire un système de contrôle et l’argent. C’est-à-dire pour donner la possibilité pour le gouvernement pour le directeur de la banque centrale pour voir, où est l’argent qui sort ou est l’argent qui entre. Donc, il faut moderniser. C’est dans ces choses-là que vous allez voir le gouvernement des états unis en train d’aider.

MARIUS MUHUNGA :     Oui, mais on voit par exemple avec Ebola aujourd’hui, quand il y avait Ebola dans d’autres pays africains, on a vu que les états unis s’est complètement investis avec des millions de dollars. Mais les états unis apparemment sont en train d’hésiter d’investir sur la lutte contre l’Ebola au Congo. Ils ne sont pas très présents au Congo.

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Non. Non, ils sont très présents

MARIUS MUHUNGA :    Qu’est ce qu’ils ont fait jusque-là ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : Il y a le centre de contrôle de maladie d’Atlanta. Ils ont envoyé tout un groupe là-bas. Ils sont là-bas. Le problème est que pour une raison que j’ignore, les habitants ; à bas ont peur des étrangers. Je suppose à cause de guerres des milices, etc., mais les Américains sont présents avec beaucoup d’argent avait beaucoup de personnel.

MARIUS MUHUNGA :  monsieur Cohen, nous sommes arrivés à la fin de l’émission. En tout cas un grand merci à vous de nous donner ce temps, pour partager avec nous votre vision, à votre façon de voir, mais, je voudrais quand même revenir à vous en tant que conseiller des hommes d’affaires qui voudront ou qui veulent aller investir au Congo. Qu’est-ce que vous leur donnez comme conseil actuellement ? Est-ce qu’ils peuvent être assurés que maintenant c’est le meilleur moment puisque jamais d’aller route d’al investir en RDC ?

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : je crois que c’est un bon moment parce que le président Tshisekedi est en train de chercher un moyen d’éliminer les problèmes. Cette élection, je l’ai dit pour les contrats, pour la corruption et il y avait de bonnes expériences avec cette société de mines Freeport McMoran a atteint qui feront. Ils étaient très contents là-bas. Et ils étaient bien traités par le gouvernement de Kabila, mais. Ce n’était pas vrai pour tous, mais, je crois que petit à petit l’ambiance sera améliorée

MARIUS MUHUNGA : qu’est-ce qui vous rend si optimiste par rapport à l’avenir du Congo

AMBASSADEUR HERMAN COHEN : parce que je connais le président et j’ai beaucoup confiance en lui.

MARIUS MUHUNGA : Monsieur Herman Cohen, merci

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