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General John Numbi, Gedeon Kyungu, Joseph Kabila

Flash, Flash, Flash : Triangle de la Mort — Le Général John Numbi Exfiltre le Cannibale Gédéon Kyungu de Lubumbashi

Après un découpage controversé, le Katanga est à nouveau victime de graves violences. Ce samedi 28 mars, aux petites heures du matin, en colonne, sous les ordres du chef de guerre Gédéon, des dizaines de Mai Mai, mieux connus sous le nom des Bakata Katanga, armes à la main entrent simultanément dans les villes de Lubumbashi, Likasi, Kasumbalesa et Pweto. L’opération a été bien coordonnée. Les affrontements avec la police et l’armée conduisent à de nombreuses victimes, principalement dans les rangs des assaillants.
 

"Gédéon et les Bakata Katanga sont donc des supplétifs des FCC"

 

Immédiatement, les forces de l’ordre congolaises investissent la résidence où est sensé être confiné Gédéon depuis son retour triomphal au Katanga. Ils trouvent porte close. Le locataire aurait précipitamment vidé les lieux. Pour la petite histoire, la résidence dans laquelle vit le chef de Guerre qui continue d’arborer fièrement un TShirt à l’effigie de Joseph Kabila est située au Golf, un quartier huppé de la capitale cuprifère. Et ce qui ne manque pas d’étonner, le chef de guerre qui vit sous une condamnation à mort de la justice congolaise, est logé, blanchi et nourri au frais du pouvoir FCC. Le loyer et la ration alimentaire du criminel de guerre sont payés par la Gécamines et les salaires de la troupe sont à charge de la province. Gédéon et les Bakata Katanga sont donc des supplétifs des FCC qui agissent au nez et à la barbe du pouvoir et de la justice congolaises.

Le criminel de guerre Gédéon traîne un passé lourd ! Très lourd ! Gédéon Kyungu, rebelle qui se prétend Mai Mai. Il a créé beaucoup de problème dans le triangle de la mort qui compte Manono, Pweto et Mitwaba. Quand LDK arrive, il crèe des groupes d’auto-défense suite à l’attaque du RDC-Goma dans le Nord du Katanga, il se fait découvrir avec son groupe Mai Mai. Il revendiquera plus tard, qu’ils ont été abandonnés et lésés ; N’ayant pas été récompensés, il entre en rébellion. Fâché avec le fils, il veut couper le Katanga du reste de la RD Congo et propulse l’idée de Bakata Katanga avec un groupe des fanatiques, bandits de grand chemin et réveurs de l’état du Katanga. Arrêté en 2010 à Lubumbashi, il est condamné à mort. Il s’évade en 2011 de la prison de Kasapa. En 2013, il refait une incursion à Lubumbashi. Il se rend à la MONUSCO et retour à la case prison. Il prend la fuite et reprend ses attaques après le découpage du grqnd Katanga en quatre provinces . En 2015 , il est récupéré à la suite de négociations conduites par les ministres de l’intérieur de l’époque Richard Muyej. Malgré sa condamnation, il crèe un parti politique dénommé MIRA et intègre les FCC.

"Comment un homme condamné à mort circule-t-il librement ?"

Il y a deux ou trois semaines, à la suite l’insécurité de Lubumbashi, Tshisedkedi envoie une équipe pour son arrestation. Contre toute attente, le gouverment provincial assure sa protection. Hier, le maire de Lubumbashi décrète un couvre-feu de 22heures à 5 heures du matin, l’heure à laquelle comme par miracle les colonnes des Bakata Katanga de Gedeon entrent dans les trois villes.

La population s’interroge : comment un homme condamné à mort circule-t-il librement ? L’homme serait -il en service commandé pour compte de Kabila afin d’affaiblir Tshisekedi ?.

Tout indique pourtant que la fuite de Gédéon a été elle aussi programmée de longue date. La simulation semble parfaite. Mais la vérité éclate rapidement.  A en croire un des ouvriers de l’exploitation agricole du général Numbi, « Il y a deux jours, on nous a amené Gédéon. Il est resté deux jours avec nous avant de partir » rapporte-t-il. Le général 4 étoiles qui est demeuré un proche de l’ancien président s’enorgueillit d’avoir une unité de production avicole mécanisée, informatisée et gérée à distance. En réalité, la vraie gestion à distance, n’est pas celle des poules pondeuses mais de la République Démocratique du Congo dont la sécurité est entre les mains de l’homme de main et de confiance de Joseph Kabila. Bien que sanctionné par les Etats-Unis, John Numbi est connu pour sa violence et son soutien aveugle à l’ancien président. Chargé des sales besognes qui l’ont conduit à être impliqué dans l’assassinat de Floribert Chebeya pour lequel il refuse de rendre compte, l’ancien sociétaire de l’UFERI devenu général par la magie de l’AFDL a donc été chargé d’exfiltrer le chef de guerre Gédéon Kyungu de sa résidence dans laquelle il coulait des jours tranquilles au cœur de Lubumbashi.

"Une opération savamment montée par l’ancien président congolais afin de rendre le pays ingouvernable"


Au-delà d’appartenir au même groupe ethnique, les Balubakat, Gédéon et John Numbi sont du même village et relèvent donc tous les deux du même chef coutumier. Et si l’histoire de Gédéon Kyungu est édifiante, celle de John Numbi ne l’est pas moins ! Ce général qui n’a pas gagné ses galons à la guerre et n’a fait aucune école militaire est en réalité un Ingénieur électro-mécanicien.  Entré à l’UFERI en 1990 sous la houlette de Kyungu, il opère sous la bannière des jeunes combattants de l’UFERI. Il devient dirigeant d’une des brigades des jeunes du parti. A la faveur de la prise de pouvoir de l’AFDL, Laurent Désiré Kabila s’entoure des jeunes Katangais qui pouvaient être des leaders pour a la fois encadrer la jeunesse et organiser sa propre securité. Numbi est recommandé par Gabriel Kyungu. Kabila le place dans la police au sein de laquelle il fait carrière. A la mort de Kabila, il continue dans la police. Joseph Kabilal le nomme Inspecteur Général de la Police apres un passage dans l’armée. Suite à la morte de Chebeya, il est suspendu pendant 3 ans. A la veille des élections prévues en fin 2016, JK le récupère et il devient Inspecteur des armées. C’est un homme de main de JK qui est bien introduit dans le business, le mining et dispose d’une grande influence dans l’armée, la police et le renseignement. Inconditionnel de JK. Même s’il s’approche de Félix, il reste au service de JK. Félix l’envoie au Katanga pour désarmer les groupes armés. John Numbi se voit donc utilisé à la tâche de Félix Tshisekedi.

Cette semaine, c’est donc de la même manière qu’il l’avait fait en 2015 que le criminel de guerre Gedeon, condamné à mort pour crime de guerre et crime contre l’humanité, a été exfiltré au grand jour de sa résidence. A l’époque, il s’était évadé  de la prison avec l’appui de Joseph Kabila pour mener la fameuse guerre de Bakata Katanga qui revendiquaient, pour les uns, le découpage de la province, et pour les autres, son indépendance pure et simple. Comprenez, les découpeurs de la province du Katanga. Aujourd’hui, ce découpage étant chose faite, il faut s’interroger pour savoir ce qui motive encore celui que la justice congolaise avait condamné pour viols, massacres et cannibalisme.

"Félix Tshisekedi se voit dans l’obligation de s’affranchir de son encombrant allié"

En réalité, depuis plusieurs mois, on assiste à une opération savamment montée par l’ancien président congolais afin de rendre le pays ingouvernable. Ainsi, à la tête de l’armée sur laquelle il conserve la main, Joseph Kabila a fait promouvoir par son successeur des généraux comme Philémon Yav qui sont tous proches de John Numbi.

A Kinshasa, l’ancien Président redoute de plus en plus le successeur qu’il s’est choisi. Sous la pression des Etats-Unis, Félix Tshisekedi se voit dans l’obligation de s’affranchir de son encombrant allié. Faute de disposer d’une majorité parlementaire et de l’appareil judiciaire, le nouveau président en est réduit à un combat à fleurets mouchetés avec son prédécesseur. Les services d’immigration sont mis à contribution pour rappeler aux membres de la famille biologique et politique de l’ancien président que le pouvoir a changé. Les déclarations incendiaires des mobilisateurs de l’UDPS sont relayées par les réseaux sociaux. Les parlementaires debout qui ont fait les belles heures de la fille aînée de l’opposition congolaise du temps d’Etienne Tshisekedi exigent l’arrestation de Kabila et la fin de la coalition. Entretemps, à chacun de ses voyages à l’étranger dont il est particulièrement friand, le nouveau Président est invité à afficher son indépendance. Il y va du retour des investisseurs et de la libération des appuis financiers sollicités auprès des bailleurs de fonds. La situation financière du pays devient plus que préoccupante. Les recettes fiscales et douanières ont tari. Les dépenses du nouveau régime dans un programme approximatif d’infrastructures ont fait exploser les finances publiques. Et le train de vie somptuaire de l’Etat a achevé de vider les caisses. Il en résulte une chute drastique des réserves de change, une augmentation des prix sur le marché et une grogne sociale grandissante.

"Quid de l’Opposition Politique ?"
 

Si l’opposition républicaine menée par Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba semble attendre son heure, le radical Fayulu flanqué de l’ancien Premier Ministre Muzito semble avoir bien du mal à mobiliser l’opinion publique. L’Eglise catholique et le Comité Laïc de Coordination observent et critiquent l’inefficacité du pouvoir. Au sein de la société civile, les jeunes de LUCHA continuent leur mobilisation. Mais pas de quoi faire peur au tandem CACH-FCC !

Dans ce contexte, c’est à l’intérieur de la coalition au pouvoir qu’il faut chercher le grain de sable. Et il ne tarde pas à apparaître avec les multiples détournements financiers mis à charge du Directeur de cabinet du Président, Vital Kamerhe, et de la cohorte de conseillers du nouveau locataire du Palais de la Nation.

Pour prévenir la tempête qui se lève au sein de leur famille politique respective, le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila se sont rencontrés pour aplanir les divergences. Cette rencontre était d’autant plus importante qu’elle faisait suite à la disparition mystérieuse du général Delphin Kahimbi suit à un suicide non élucidé. Au cours de l’entretien, l’ancien président a juré ses grands dieux qu’il ne trahirait jamais le pacte signé avec son successeur. La rencontre à laquelle assistaient Vital Kamerhe et François Beya, le puissant conseiller spécial du nouveau président, a été sanctionné par un communiqué officiel attestant de l’entente cordiale entre les deux hommes d’Etat. Cordiale en apparence car au même moment, Joseph Kabila continuait les préparatifs de la déstablisation de son successeur.


"Les affrontements ont lieu entre les forces armées de la Zambie et l’armée congolaise sur le Tanganyika"


Parallèlement à l’organisation l’opération Gédéon, Joseph Kabila a enclenché, sous la conduite de John Numbi et de son frère Zoe Kabila,  une opération de diversion sur le lac Tanganyka. Dès le 13 mars 2020, des affrontements ont lieu entre les forces armées de la Zambie et l’armée congolaise sur le Tanganyika. Le lac borde la frontière de 4 pays. La RDC, la Tanzanie, le Burundi et la Zambie. Cette dernière ne dispose que de quelques kilomètres.  Les rives congolaises étant sablonneuses et mal entretenues, depuis plusieurs années, les poissons se concentrent du côté zambien. Munis de filets non autorisés, les pêcheurs congolais franchissent régulièrement les eaux territoriales congolaises pour se retrouver en Zambie.  Cette fois, la réaction zambienne ne se fait pas attendre car en plus de la réalité des pêcheurs, Zoé Kabila a installé le long du lac un cantonnement militaire. Les Zambiens suspectent ce camp d’être un foyer de déstabilisation. Ils n’ont pas hésité donc à réagir à une énième provocation derrière laquelle la main des Kabila.
 

"Félix Tshisekedi se retrouve donc pris en étau entre une population menacée par le virus et un allié politique devenu très encombrant"


La stratégie de Kabila est désormais connue. Elle passe par la violence et doit aboutir à l’éviction de Félix Tshisekedi. Le chaos savamment organisé et entretenu est aujourd’hui renforcé par l’attaque du Covid19. Joseph Kabila et ses principaux lieutenants veulent attribuer toute la responsabilité de l’impréparation du pays et de sa gouvernance approximative à Félix Tshisekedi. Le chaos sanitaire auquel il faut s’attendre trouve un écho dans une désorganisation de toutes les structures de l’Etat. Dans ce contexte, tel un aigle, l’ancien président n’attend que l’affaiblissement de Félix pour fondre sur sa proie. S’il n’y prend garde, le premier président congolais issu de l’alternance pourrait bien perdre le pouvoir au profit des hommes que son prédécesseur prépare pour lui succéder.

Faute d’avoir pu créer un réel climat de confiance entre lui et le peuple congolais, Félix Tshisekedi se retrouve donc pris en étau entre une population menacée par le virus et un allié politique devenu très encombrant. Il faut donc s’attendre à ce que les prochaines semaines marquent irrémédiablement l’histoire du Congo. S’il tient à sa survie politique, le nouveau président devra faire preuve d’une capacité peu commune à agir avec lucidité et courage.

A défaut, après l’avoir empêché de briguer un troisième mandat et l’avoir sanctionné très sévèrement lors des élections générales de décembre 2018, ce sera au peuple congolais a de décider et peut-être de se débarrasser définitivement d’un homme qui s’accroche au pouvoir par la ruse, la tricherie et la violence.

Les actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au KatangaLes actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au Katanga 001Les actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au Katanga 002Les actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au Katanga 004Les actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au Katanga 006Les actions de Gedeon Kyungu, General John Numbi et Joseph Kabila au Katanga

 

 

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