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Ida Sawyer, Vital Kamerhe

Procès de détournement au Congo — Étape majeure ou théâtre politique ?

Une personnalité politique reconnue coupable de détournement de fonds et de corruption , Par Ida Sawyer,  Acting Crisis and Conflict Director

Lorsque le juge a rendu son verdict le 20 juin, Vital Kamerhe a souri, se moquant apparemment d’un moment extraordinaire en République démocratique du Congo. Dans tout le pays et à travers le monde, les Congolais regardaient les débats en direct. Kamerhe, chef de cabinet du président Félix Tshisekedi, l’une des figures politiques les plus puissantes de l’histoire récente du Congo et ancien allié de l’ex-président Joseph Kabila, a été reconnu coupable de détournement de fonds et de corruption. Il est le plus haut politicien du Congo à avoir été poursuivi pour corruption.

 

Kamerhe a été condamné à 20 ans de travaux forcés — commués en prison au Congo — et encourt des millions de dollars d’amendes pour avoir participé au vol de plus de 50 millions de dollars de fonds publics alloués à des projets d’infrastructure. Il est également interdit de se présenter aux élections pour les 30 prochaines années.

 

Ce procès a été une étape importante dans la lutte contre la corruption. Tout au long de la procédure, les Congolais sur les réseaux sociaux ont dénoncé un système qui a longtemps été creusé par une corruption rampante, rappelant aux autorités que le détournement de fonds publics va au-delà d’une seule figure politique. Les autres personnalités impliquées dans la corruption au cours des dernières années devraient également faire l’objet d’une enquête et de poursuites appropriées dans le cadre de procès équitables, quelle que soit leur position ou leur appartenance politique. Si aucune autre enquête n’est entreprise, le cas de Kamerhe risque de rester dans les mémoires comme un simple règlement de comptes entre rivaux politiques.

 

Kamerhe et son coaccusé — il a été condamné aux côtés d’un homme d’affaires libanais et d’un autre assistant du président — devraient faire appel du verdict.

 

Le procès a soulevé des inquiétudes quant au fait que les enquêtes ont laissé des pierres importantes non retournées et que les principaux témoins impliqués dans des crimes seraient en mesure de s’en tirer librement.

 

Le plus inquiétant, le juge qui présidait à l’origine le procès, Raphaël Yanyi est mystérieusement décédé le 27 mai. Les autorités ont d’abord affirmé qu’il était mort de causes naturelles, mais le 16 juin, le ministre congolais de la Justice a annoncé la cause du décès comme une hémorragie cérébrale suite à un traumatisme à la tête. Le gouvernement a depuis ouvert une enquête pour meurtre.

Il y a un désir palpable au Congo de voir le pays sur la voie de l’état de droit. Pour y arriver, les Congolais auront besoin d’être rassurés sur le fait que ce procès n’était pas seulement du théâtre politique. De nombreuses victimes et familles attendent également que justice soit rendue pour des crimes et des violations des droits commis par des responsables de l’administration précédente, dont certains occupent toujours des postes de responsabilité. Personne ne doit rester intouchable.

 

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