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Felix Tshisekedi

RDC: La « Connexion Anversoise » S’active Autour De Tshisekedi Après La Chute De Vital Kamerhe

Succédant à Dan Gertler, le diamantaire favori de Joseph Kabila, c’est un réseau belgo-israélien qui s’est progressivement mis en place dans l’entourage du président Félix Tshisekedi pour gérer, outre plusieurs contrats sécuritaires, les relations entre Kinshasa et Tel Aviv.

L’arrestation, le 8 avril, du tout-puissant directeur de cabinet de Félix TshisekediVital Kamerhe, soupçonné d’ambitions personnelles, a provoqué un véritable appel d’air dans l’entourage présidentiel et est venu bouleverser le fragile emboîtement des intérêts contradictoires autour du président congolais. Partageant, tant bien que mal, la gestion des contrats sécuritaires avec Kamerhe depuis un an, un groupe d’entrepreneurs belgo-israélien qui conseille depuis deux ans le chef de l’Etat a vu son influence décuplée par la chute du directeur de cabinet.

Il a désormais la haute main non seulement sur le business de la sécurité et de l’identification mais également sur la relation naissance entre Israël et la RDC. Une montée en puissance qui ne va pas sans friction : une sourde rivalité se développe rapidement entre ce groupe et le directeur de cabinet adjoint de la présidence, Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, « Monsieur Propre » autoproclamé. Ce dernier a sollicité la direction du renseignement militaire pour discrètement enquêter sur les dossiers économiques gérés par les conseillers belgo-israéliens de la présidence.

Un carré des vétérans

Le membre le plus actif de cette nébuleuse belgo-israélienne est le jeune diamantaire anversois Rafael Papismedov, patron du groupe de négoce REM Group et soutien actif de Félix Tshisekedi depuis 2018 ainsi que durant la campagne présidentielle. En 2019, il a été promu conseiller spécial du président congolais.

Autour de lui, trois habitués des coulisses des palaces africains. D’abord Victor Nassar, ancien conseiller sécurité du magnat minier israélien Beny Steinmetz, reconverti depuis deux ans dans la sécurité portuaire via sa société Broxel Port Security Solutions, incorporée à Chypre. Ensuite Steve Bokhobza, infatigable courtier des entreprises de sécurité chinoise et israélienne, notamment dans le domaine des interceptions et de l’identification. Et enfin Ygal Cohen, plus versé, pour sa part, dans le BTP, le secteur pétrolier et le transport maritime (il a longtemps conseillé le groupe marocain Satram). De 1998 à 2010, Papismedov et Cohen ont opéré ensemble la société chypriote Petrotrade Gas GS.

Passage obligé sur la sécurité

Le quatuor Papismedov, Nassar, Bokhobza et Cohen s’est érigé en plateforme pour les entreprises de sécurité désireuses de s’implanter au Congo. Grâce à leur entregent, ils ont facilité la reprise de contact entre le groupe belge de documents de sécurité Semlex et la présidence congolaise. Signataire en 2015 avec l’administration Kabila d’un très avantageux contrat pour fournir des passeports au pays, le PDG de Semlex, Albert Karaziwan, a vu son groupe ciblé par Félix Tshisekedi durant sa campagne. A l’époque, le futur président congolais avait fait de Semlex l’emblème de la gestion personnalisée du pouvoir par Joseph Kabila, l’entreprise étant, sur le contrat des passeports, partenaire d’une société contrôlée par un membre de la famille de l’ancien chef de l’Etat. Une fois Tshisekedi élu, ses conseillers belgo-israéliens organisé une rencontre, en décembre 2018 en Belgique, entre le président congolais et Albert Karaziwan. Soucieux de conserver son contrat, ce dernier a accepté de renégocier les conditions d’application, et notamment de baisser le prix unitaire – prohibitif – des passeports. Un accord définitif n’est cependant pas encore conclu et d’autres conseillers de la présidence luttent activement pour que la RDC choisisse un autre prestataire.

Autre entreprise défendue par les conseillers belgo-israéliens de Tshisekedi, le groupe Nikuv International Projects d’Emmanuel Antebi. Cette société est positionnée à la fois sur la fourniture des cartes grises congolaises et aussi sur la mise aux normes internationales des ports congolais (ISP), sujet sur lequel Victor Nassar est particulièrement actif.

Diplomatie privée

Outre leurs diverses activités de conseil et de courtage, les quatre hommes travaillent également à développer la relation naissante voulue par Félix Tshisekedi entre Kinshasa et Israël . Ils ont joué un rôle-clé dans le voyage effectué en mars par le président congolais à Washington, à l’invitation du lobby américano-israélien American Israel Public Affairs Committee (Aipac). Invité d’honneur de la conférence annuelle de l’Aipac, le président congolais y a annoncé l’ouverture d’une ambassade à Tel Aviv et d’un bureau économique à Jérusalem.

Sur ce dossier diplomatique, Papismedov travaille en bonne intelligence avec le consul honoraire d’Israël à Kinshasa Pihan Aslan, diamantaire anversois comme lui. Personnalité centrale du monde des affaires congolais, Aslan, qui est né à Lubumbashi, est le principal acheteur de pierre artisanale du pays via son comptoir Concorde. Il a longtemps exercé des fonctions au sein de la toute-puissante Fédération des entreprises du Congo.

Précision du 04/05/20 : Suite à l’article ci-dessus, Rafael Papismedov a contacté Africa Intelligence pour préciser qu’il n’avait ni relation d’affaires ni lien personnel avec Victor Nassar, Steve Bokhobza et Pihan Aslan. En outre, il a indiqué n’avoir jamais joué le moindre rôle dans la facilitation de quelconques pourparlers entre le groupe belge Semlex et la présidence congolaise d’une part, et le groupe israélien Nikuv et l’Etat congolais d’autre part.

Droit de réponse d’Ygal Cohen du 07/05/20 : « J’ai découvert avec surprise que mon nom figurait dans votre article ‘La « connexion anversoise » s’active autour de Tshisekedi après la chute de Vital Kamerhe’, publié dans votre édition du 04/05/20. N’étant pas belge, je serais bien en peine d’appartenir à cette connexion anversoise, au surplus avec des gens que je ne connais pas, si ce n’est de réputation, et avec lesquels je n’entretiens aucune relation personnelle ni relation d’affaires. »

NDLR : Comme l’indique notre article, Ygal Cohen a été pendant plusieurs années co-actionnaire d’une société chypriote avec l’un des hommes d’affaires mentionnés dans l’article.

Africa Intelligence.

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