Skip to main content
Félix Tshisekedi, à Berlin, le 27 août 2021.

RDC : Nouvelle Salve de Critiques Contre la Gouvernance Tshisekedi

Trafics d’influence, dépassements budgétaires, opacité... Le dernier rapport de l’Observatoire de la dépense publique, ONG congolaise de promotion de la bonne gouvernance, étrille la gestion des finances publiques de Félix Tshisekedi, jugée peu différente de celle de ses prédécesseurs.

 

C’est un nouveau pavé dans la mare. Comme la Cour des comptes il y a quelques jours, l’Observatoire de la dépense publique (Odep) met en cause la gestion des finances publiques du président congolais, Félix Tshisekedi. Dans un rapport de contrôle de l’exécution de la loi de Finances 2021 rendu public le 7 janvier, l’ONG spécialiste des questions de gouvernance dénonce l’institutionnalisation d’un gouvernement parallèle à la présidence de la République « où certains conseillers ont assuré les fonctions des ministres sans aucun fondement juridique ».

 

Pour l’Odep, deux projets de réhabilitation d’infrastructures illustrent cette dérive : l’un, baptisé « Tshilejelu » et d’un montant de 138 millions de dollars, mené dans la région du Kasaï et dans la capitale
congolaise ; l’autre, « Kinshasa Zéro trou », d’un montant de 32 millions de dollars concernant uniquement la capitale.

 

Pas de réaction officielle
« Ces projets sont gérés par un gouvernement parallèle institué à la présidence de la République, dont le pilote est le directeur de cabinet du chef de l’État [Guylain Nyembo, ndlr], dénonce l’ONG. Une situation qui a pour conséquence la course à l’enrichissement illicite, foulant aux pieds les dispositions constitutionnelles, qui ne reconnaissent pas à un conseillé le droit de poser des actes au nom du gouvernement. »


CES MARCHÉS DE TRAVAUX PUBLICS N’ONT PAS ÉTÉ APPROUVÉS PAR LE MINISTRE CHARGÉ DU BUDGET

Sollicitées par Jeune Afrique, les autorités congolaises ont refusé de commenter le rapport, et aucune réaction officielle, au moment de la publication de cet article, n’a été diffusée. Les conclusions de ce rapport, comme celles de la Cour des comptes, vont à rebours
de
l’engagement du président congolais d’assainir la gestion des finances publiques et d’améliorer la transparence dans le pays.


Les deux projets incriminés « sont implémentés sans note de calcul ni étude de base ; pas de cahier des plans (généraux et détaillés) de construction, permettant aux soumissionnaires de comprendre le
type et la complexité des travaux envisagés et de pouvoir chiffrer les prix ; pas de calendrier exact d’exécution des travaux; l’absence de cahier de clauses administratives générales ainsi que le cahier des
clauses techniques générale ou particulière auquel le soumissionnaire est spécifiquement assujetti », dit encore l’Odep, groupe de douze organisations de la société civile créé en 2011 et dirigé par Florimond Muteba, dans son rapport.


L’ONG affirme avoir la preuve du détournement de 6,5% du coût des études de faisabilité du projet « Tshilejelu » (soit 7 millions de dollars) par le maître d’ouvrage, l’Office des voiries et drainage, et dénonce
une surfacturation de la réhabilitation des écoles de plus de un million de dollars au Kasaï-Oriental.

Entreprises pointées du doigt
Elle pointe aussi les trafics d’influence et abus de pouvoir dans l’attribution des marchés de gré à gré à l’entreprise chinoise Grec-7, qui réhabilite quelque 40 km de voirie de la ville-province de Kinshasa et une centaine de km dans le Grand Kasaï. Un groupement de huit entreprises (la congolaise de construction « 2C », Johnny Matala Company « JMC », Adi Construct, Setraco SARL, Groupement Cestari-Sokerico, Groupe KA, China Guang Dong China Provincial Co LTD « CGCD » et Bahari Engineering), qui doit réhabiliter un total de 83 km, est aussi montré du doigt.

 

LES INSTITUTIONS PHARES DU PAYS SONT TROP GOURMANDES
« Ces marchés de travaux publics n’ont pas été approuvés par le ministre ayant en charge le budget, car l’acte d’approbation n’a jamais été publié sur le site de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Ensuite, le projet n’émarge pas du budget de l’État, exercice 2021 », reprend l’Odep.


Inflation du nombre de conseillers
Sur le plan de la gestion globale du budget, le constat est tout aussi dur, l’ONG déplorant « l’affaiblissement des institutions à caractère social ». « Les dépenses destinées à la santé, l’éducation, l’agriculture et les infrastructures sont restées faiblement payées au cours de la période. 80% des décaissements concerne les rémunérations en lieu et place des investissements », détaille l’ONG.

 

« Les institutions phares du pays sont trop gourmandes. La présidence de la République (211,6 %), l’Assemblée nationale (103 %), le Sénat (133 %) et la primature (131 %) ont vu leurs dépenses exploser en 9 mois », reprend-t-elle. Des dépassements budgétaires qui s’expliquent par le gonflement des recrutements de personnels à la charge de l’État.

 

À la présidence de la République, leur nombre est passé de 455 en 2018 à 1 018 en 2021. Le bureau de l’Assemblée nationale rémunère 2 756 membres de cabinet, en plus des 500 députés. La primature paie 606 personnels politiques affectés au cabinet du Premier ministre. Ces institutions ont continué à engager depuis le mois d’août des dépenses sans disponibilité des crédits et en violation de la loi, déplore enfin l’ONG, qui appelle à la réhabilitation de la fonction
de contrôle des finances publiques en RDC.

 

 

SOURCE: Jeune Afrique

Categories

Add new comment

Filtered HTML

  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.
  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Lines and paragraphs break automatically.