Skip to main content

Kabila sait qu’il a le dos contre le mur et les États-Unis doivent l'y maintenir, John Burnett

Il est rare qu’un dictateur affiche une annonce publicitaire dans le New York Times. Mais c’était bien là,  le dimanche [23 Avril 2016], une page entière vantant le soit-disant record du président Joseph Kabila, le champion de la démocratie et de la réforme en République Démocratique du Congo.
 
« Avec le recul du temps, il est clair que le Président Joseph Kabila a probablement écrit  les plus belles chapitres politique, sécuritaire, économique et social de la République démocratique du Congo, » dit la publicité. Peut-être, les chercheurs de faits de [New York] Times étaient en vacances quand cette annonce était parue.
Voici pourquoi je dis cela. Il y a quelques mois, alors que la crainte de plus en plus croissante à Washington que Kabila n’avait aucune intention de démissionner comme la constitution de son pays lui exige de le faire, j’avais écrit que le temps était venu de « stare down a tyrant. »(braquant les yeux sur un Tyrant)  Rien n’a changé. En fait, la démocratie et la liberté d’expression sont sous une plus grande violation que jamais en RDC — et la situation semble s’empirer, avec Kabila qui refuse toujours d’organiser les élections nationales plus tard cette année pour élire son successeur.

L’annonce dans le [New York] Times avait paru pendant moins de 24 heures avant que les forces de sécurité utilisent du gaz lacrymogène, des barricades et peut-être des balles en caoutchouc pour disperser un rassemblement célébrant la démocratie dans la ville de Lubumbashi. La ville est la base de Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur populaire de la province du Katanga, qui avait été désigné candidat à la présidentielle par la coalition des anciens loyalistes de Kabila qu’on appelle le G-7. Selon les rapports de médias, Katumbi et d’autres avaient été encerclés par leurs partisans et exfiltrés loin de la scène.

Ce fut seulement quelques jours après, avoir appris que les forces de sécurité retiraient les affiches avec les images de Katumbi et de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, un autre ancien allié de Kabila, puis utilisèrent du gaz lacrymogène pour repousser la foule de plusieurs centaines de personnes qui avaient protesté contre la tentative flagrante de supprimer expression politique.

Les relations publiques de Kabila avaient été clairement conçues pour coïncider avec la visite de Kabila à l’Organisation des Nations Unies la semaine dernière. Pour sa part, l’ONU voit les chapitres écrites au cours des années par Kabila comme un peu moins « belles ». Le jour où l’annonce dans New York Times était parue, Maman Sidikou, le chef de la Mission de l’Organisation de stabilisation des Nations Unies en RDC (MONUSCO) avait réitéré la « grave préoccupation » au sujet de la montée des tensions politiques dans certaines régions du pays. Il avait exhorté les autorités de la RDC à faire tout leur possible pour « respecter la primauté du droit et de renoncer à toute action qui pourrait entraver les acteurs politiques d’exercer leurs droits et libertés constitutionnels, y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion. » Plus tôt ce mois-ci, le Conseil de sécurité des Nations unies avait voté pour prolonger la mission de la MONUSCO en RDC par crainte d’une crise imminente des droits de l’homme.

Se trouvant à New York, Kabila avait rencontré le secrétaire d’Etat John Kerry. Si Kabila était à la recherche d'un soutien dans la voie qu’il avait empruntée, on dirait qu’il n’a pas atteint son objectif. Peu de temps après la réunion, le porte-parole de Kerry, John Kirby avait tweeté que le secrétaire avait « renforcé l’importance des élections constitutionnelles, un espace sûr pour la société civile du Congo. »

Le département d’État est clairement préoccupé par la tournure des événements en RDC. Plus tôt cette année, Thomas Perriello, l’envoyé spécial dans la région, avait alerté un comité du Congrès sur les efforts de Kabila « pour fermer l’espace politique et de reporter le début des préparatifs des élections soulèvent des préoccupations que Kabila voudrait essayer de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel qui se termine en Décembre. “A cette occasion, il avait dit que Kabila n’avait pas encore franchi tous les ‘points de non-retour.’ ” »

L’annonce dans [New York Times] était un peu plus qu’une tentative désespérée de Kabila pour convaincre le monde qu’il n’a pas, en fait, franchi ce point. Mais les Etats-Unis ne peuvent pas lui permettre de s’échapper avec cela. Comme je l’ai dit il y a deux mois, il est temps pour une stratégie musculaire, orientée vers les actions qui correspondent aux mots diplomatiques du Département d’Etat. Kabila a fermé l’“espace politique” et les chances de le rouvrir semblent de plus en plus minuscules avec le passage du temps.



 

Add new comment

Filtered HTML

  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.
  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Lines and paragraphs break automatically.