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Kafando : "Il est important de limiter le mandat présidentiel..."

Le 30 octobre 2014, Blaise Compaoré, dont le dernier mandat à la tête du Burkina Faso devait expirer en... décembre 2015, a été littéralement "chassé" suite à une insurrection populaire. Au pouvoir depuis octobre 1987, l’ex-bras droit de Thomas Sankara n’était guère "fatigué". Il était sur le point de faire modifier la Constitution pour s’octroyer un nouveau mandat. Depuis le 31 octobre 2014, "Blaise" vit en exil en Côte d’Ivoire.

Décidément, le pouvoir rend aveugle, sourd et fou. Moins d’une année après, la "leçon venue d’Ouagadougou" n’a pas été retenue. Que voit-on?

Au Burundi, Pierre Nkurunziza dont le second et dernier mandat a expiré en juin dernier, se bat pour briguer un troisième terme. L’ex-rebelle qui prétendait combattre la "dictature" est prêt à enjamber les cadavres de ses compatriotes - 73 tués déjà - pour garder son poste. Il serait appuyé notamment par son homologue tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete.

Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou N’guesso - qui a pris le pouvoir en 1997 à l’issue d’une sanglante guerre civile - a convoqué un "dialogue national". Objectif : élaborer une nouvelle Constitution. Il ne fait l’ombre d’un doute que "DSN" se considère comme un "homme providentiel" pour "préserver la paix civile" dans son pays.

Au Congo-Kinshasa, "Joseph Kabila" multiplie des subterfuges pour faire "glisser" le calendrier électoral. C’est un secret de Polichinelle : l’homme n’entend en aucun cas procéder, le 19 décembre 2016, à une "passation civilisée" de pouvoir avec le Président entrant. Il refuse de voir qu’il est vomi par une population qui demande le changement. Arrivé au pouvoir par la force des armes avec l’AFDL qui porta LD Kabila au pouvoir (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), "Joseph Kabila" paraît décidé à s’accrocher à ce même pouvoir par la force des armes. Autrement dit, il faudra le forcer à partir, sinon il ne partira pas! L’homme n’a retenu aucun enseignement des manifestations ayant secoué Kinshasa et Goma les 19, 20 et 21 janvier dernier. La dernière manœuvre politicienne a pour nom "les consultations" en vue d’un "dialogue". Des observateurs prêtent au président sortant l’intention d’allumer quelques "foyers" dans la partie orientale du pays afin de justifier l’instauration de l’état d’urgence. Ainsi faire constater la nécessité de faire reporter les consultations politiques. Il semble que "Joseph Kabila" serait conforté dans son ambition par la "mollesse" de l’attitude occidentale vis-à-vis du régime Nkurunziza.

Au Rwanda, Paul Kagamé avait prévenu :"Je ne quitterai le pouvoir que si le peuple rwandais me le demande". Le même peuple rwandais aurait signé pas moins de trois millions de pétition exigeant son maintien à la tête du pays des Mille Collines. Interdiction de rire!

Qu’en dit Michel Kafando, Président du Faso, Président de transition?

Vous avez été ambassadeur du Burkina aux Nations unies pendant une décennie. Auriez-vous pu prédire la chute de Blaise Compaoré?

J’ai toujours pensé qu’un régime ne devait pas rester au-delà de deux mandats. Cela représente toujours un risque dans sons pays de vouloir s’éterniser. (...).

Etes-vous en train de dire que vous êtes pour la limitation du mandat présidentiel ?

A titre personnel, j’estime qu’il est important de limiter le mandat présidentiel. Regardez l’exemple d’un pays par excellence démocratique comme les USA. Ce n’est pas par hasard que le mandat présidentiel n’excède pas deux fois quatre ans.

La longévité au pouvoir est-elle un danger?

Ah oui, c’est un réel danger. N’oubliez pas que nous sommes des êtres humains avec une tendance à n’écouter que ceux qui vous tressent des lauriers et vous disent à longueur de journée que vous êtes un bon chef, que le peuple vous redemande, etc. C’est un risque de succomber face à tous ces flagorneurs.

De plus, président de la République est une fonction très accaparante, je le vis à la place qui est mienne actuellement. Je commence déjà à être fatigué après six mois à la tête du pays. Et je ne comprends donc pas tous ceux qui prolongent après 10, 15 ou 20 ans.

Comment gérez-vous la flagornerie des courtisans?

Je ne me laisse pas entourer de courtisans, car ce sont eux qui vous avalent, vous phagocytent et vous donnent le sentiment que vous êtes immortel ...

 

Crédit à "Notre Afrik" n°57 - juillet/août 2015 et à CongoIndependant.com (voir http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=10056)


 

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