Kengo wa Dondo — Dans la ligne de mire de Kabila.

« Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre » dit-on et en latin « Quos vult perdere, Jupiter dementat ». Ce dicton trouve tout son fondement dans le pouvoir de Kinshasa.

Pour mieux comprendre Jupiter et Kabila, faisons appel à Molière qui dit que cet un dieu qui « joue le ciel et l’enfer, qui souffle le chaud et le froid, qui confond la vertu et le vice, qui croit et ne croit pas, qui pleure et qui rit, qui reprend et qui approuve, qui est censeur et athée, qui est hypocrite et libertin, qui est homme et démon ensemble ; “un diable incarné comme lui même se définit (1)”.

Si vous pensez qu’il est difficile de comprendre Jupiter, nous vous donnons la tâche de comprendre les élucubrations du président Kabila, qui avec son entourage ne savent plus à quel saint se vouer.  

Tenez hier, nous avions dénoncé la stratégie visant le glissement à travers “le dialogue entre Congolais en vue”. Soit dit en passant, aucun démenti de la part du Gouvernement et surtout de la part de son roitelet national.

Ce jour, nous venons de prendre connaissance des confidences du Député Shadari, Président du groupe Parlementaire PPRD et du très célèbre Gouverneur de la ville de Kinshasa, Monsieur André Kimbuta Yango.

Pour ceux qui connaissent la proximité de ces deux Sieurs au Président Kabila, nous ne pouvons que prendre en considération leur opinion. En clair, séparément, chacune de ces deux hautes personnalités, comme prises par un cas de conscience, se sont confiée à leurs intimes en leur faisant part de leurs profondes inquiétudes et angoisses au sujet du virage dans lequel s’engage leur Chef d’orchestre qui se confond maintenant au dieu Jupiter, à savoir, le Président Kabila.

Ils ne comprennent pas son entêtement et son acharnement sur le processus de glissement vomi par le peuple Congolais. Pire, selon Shadari, le Président Kabila envisage de faire sauter Monsieur Kengo Wa Dondo de son poste du Président du Sénat au motif qu’il constitue un frein au bon aboutissement de son schéma de glissement. Le président Kabila lui impute ses amitiés solides auprès de l’occident, qui les rendrait complètement acquis à leur solde.

Quand on peut souffler le  chaud  et le froid et on peut rendre fou ceux qu’on veut perdre, le puzzle Congolais serait recomposé rapidement de la façon suivante pour assurer le glissement :

1. Faire sauter Malu Malu de la CENI ;

2. Faire sauter Kengo du Sénat ;

3. Placer à la tête du Sénat quelqu’un qui est acquis à la cause du Président Kabila ;

4. Disposant de la Présidence, de l’Assemblée Nationale et du Sénat ainsi que la CENI, le mécanisme sera huilé pour assurer à Kabila son glissement et pourquoi pas un troisième mandat à la faveur du Changement de la Constitution.

C’est ici, pense Kabila que les Romains vont s’empoigner et les Congolais vont détaler grâce au dieu Jupiter et lui laisser libre parcours à une présidence,  à durée illimitée comme tous les autres dieux.

Ces deux Messieurs cités ci-haut (Shadari et Kimbuta) ont manifestement fait parler leurs cœurs, car, la conversation se passait en off. Ils éprouvent la peur du lendemain. Ils doivent sécuriser le butin accumulé à la faveur du président Kabila. Mais, ils ne sont pas prêts à tomber sur leurs épées, se faire harakiri, comme de bons Samouraïs du régime.

Monsieur Kimbuta a déjà connu l’exil. Il n’est plus prêt à refaire cette expérience malheureuse. On comprend que c’est son droit le plus légitime d’entrevoir un avenir meilleur et radieux à sa nombreuse progéniture dans ce beau pays qu’est le Congo.

Mais seulement, cela a un prix. Aussi fort soit-il, il faut le payer. Quant à Shadari venu de son Maniema profond à la faveur des élections, il pense passer paisiblement le reste de son séjour sur la terre sans avoir à se cacher ou à faire l’objet de règlement des comptes, somme toute, ne relevant pas des actes ignominieux qu’il aura personnellement commis.

Alors, qu’ils prennent leur courage en main et qu’il fasse savoir à leur Chef que les prévisions météorologiques politiques — pour survoler le Mont Olympe ou le Mont Kundelungu — n’étant pas bonne, il serait mieux de garder l’avion au sol et que toute tentative de décoller pourrait se solder par un crash dont les effets collatéraux ne seront pas négligeables. 

Oups ! Nous avons dit tout haut ce que ces deux hautes personnalités pensaient trop bas. Qu'ils tiennent bon à leur conviction.

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(1)  Œuvres complètes de Molière: La critique de L'école des femmes. L'impromptu ..., par Molière, Louis Moland, page 482