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L’affaire chinoise des minerais pour les infrastructures au Congo est ramenée à la réalité, par Aaron Ross

Une mine de cuivre et de cobalt dirigé par Sicomines est montrée à Kolwezi, République démocratique du Congo, le 30 mai 2015. Photo prise le 30 mai 2015. Reuters/Aaron Ross

Quand le contrat avait été signé en 2007, les 6 milliards de dollars de la Chine, de « minerais pour les infrastructures » au Congo avait éveillé des craintes parmi les pays occidentaux que la soif de Pékin pour les ressources allait éroder leur influence et allait mettre en selle, sur le vaste pays d’Afrique centrale, une dette ingérable.

Huit ans plus tard, comme Sicomines se prépare à produire son premier cuivre après de longs retards, la principale leçon à tirer de ce géant projet est que l’investissement dans l’un des pays les plus chaotiques de l’Afrique est une entreprise salissante et frustrante, peu importe qui vous êtes.

Alors que la plupart des projets miniers au Congo vont pendant des années avant de payer les impôts importants en vertu du code minier, Sicomines était censé avoir un impact économique immédiat.
Le gouvernement affirme que l’entente a déjà produit au moins 800 millions de dollars d'investissements dans les infrastructures.

Les entreprises chinoises Sinohydro Corp [SINOH.UL] et la China Railway Group ltd sont en train de construire des routes et des hôpitaux en échange d’une participation de 68 pour cent dans la mine de cuivre et de cobalt Sicomines, une des plus grandes en Afrique, avec environ 6,8 millions de tonnes en réserves prouvées.

La banque étatique EXIM [exportation et importation] de la Chine et les petites banques chinoises ont déboursé 3 milliards de dollars pour l’infrastructure et 3 milliards de dollars en plus pour développer Sicomines,  les prêts sont à rembourser avec les profits de l’exploitation minière.

Pourtant, la production de la mine a été retardée et les objectifs revus à la baisse. Plutôt que de libérer le potentiel des ressources massives du Congo pour la Chine, le projet a mis en évidence les dissuasions à l’investissement, à partir de coupures d’électricité désastreuses jusqu’a une bureaucratie asphyxiante et la corruption, avait déclaré Johanna Malm, un chercheur à l’Université de Roskilde au Danemark et expert sur le contrat.

« Je pense que les Chinois... sont très hésitants à venir au Congo après tout ce qui est arrivé avec Sicomines — après tout ce remue-ménage, les problèmes et toutes les différentes choses qu’ils ont lutté avec. »


LES PENURIES D’ELECTRICITE

Le Congo, qui avait extrait plus de 1 million de tonnes de cuivre pour la première fois en 2014, est le premier producteur de l’Afrique. Les géants de l’industrie y compris Freeport-McMoRan inc. et Glencore ont investi massivement dans le secteur depuis qu’un accord de paix avait tracé une ligne sous une guerre de 1998-2003 qui avait tué plusieurs millions.

Mais l’investissement étranger a eu du mal à laisser une marque dans un pays pauvre qui se classe 184e sur 189 pays sur l’indice de la « Facilité de faire des affaires » de la Banque mondiale, et le deuxième à partir du bas de l’Indice de développement humain des Nations Unies.


La province du sud du Katanga, cœur de l’industrie du cuivre, ne reçoit que la moitié de la puissance dont il a besoin du réseau national, obligeant les entreprises à produire leur propre énergie.

Jean Nzenga, le directeur adjoint de la Sicomines, avait déclaré que le manque de puissance avait obligé la concession d’environ 13 miles carrés (34 kilomètres carrés) de réduire de moitié son objectif annuel initial de production à 125 000 tonnes.


Même à ce niveau, la mine est garantie moins d’un tiers des 54 mégawatts (MW) dont elle a besoin. Les travaux sur un barrage de 240 MW a été retardée par la bureaucratie et reste au moins cinq ans à avant la fin de travaux, ajouta Nzenga.

Le début de la production a également été ralentie par la nécessité de pomper plus de 160 millions de mètres cubes d’eau à partir des deux fosses, abandonné il ya des années par la Gécamines, la compagnie minière de l’Etat congolais, dit Nzenga.

Les préoccupations concernant l’environnement politique et économique instable du Congo ont à un moment donné, menacé de couler l’accord, dit Malm.

En dépit de la garantie souveraine derrière les prêts pour les infrastructures, dont beaucoup de Congolais d’alourdir le fardeau de la dette du pays, EXIM Bank avait arrêté les décaissements en 2012. Il semblerait qu’elle ne revint à la table qu’après avoir reçu de garanties financières supplémentaires.


LA CULTURE DU SECRET

Pour nombreux des activités, la culture du secret enracinée dans l’industrie minière représente le plus grave problème.

En 2013, l’Africa Progress Panel, présidé par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait déclaré que le Congo avait manqué au minimum 1,36 milliard de dollars de chiffre d’affaires entre 2010 et 2012 en vendant des actifs miniers de l’État en dessous de leur valeur. Les détracteurs disent que Sicomines a emporté l’opacité à de nouveaux extrêmes.

En dehors des barbelés renforcés qui entourent la vaste concession de Sicomines dans le centre minier de Kolwezi au Katanga, les résidents locaux disent qu’ils ont seulement appris au sujet du contrat trois ans après la signature du contrat, lorsque les travailleurs sont venus prospecter le terrain.

Un rapport de Février par l’Association Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) avait accusé le gouvernement de ne pas suivre les projets d’infrastructure à Kinshasa, qui d’après cette organisation est de mauvaise qualité et excessivement chère.

Certains activistes congolais disent que l’homme chargé de l’exécution du contrat, Moise Ekanga, un allié proche du président Joseph Kabila exécutent ce qui équivaut à un gouvernement opaque de l’ombre, qui ne reporte qu’au chef de l’Etat à partir de son bureau jaunâtre près des rives du fleuve Congo dans
Kinshasa.

« Même le ministre des Mines ne peut pas demander à M. Ekanga une question sur ce projet », avait déclaré Jean Pierre Okenda, un conseiller au Katanga de l’organisation de développement néerlandaise, Cordaid.

Ekanga n’a pas répondu aux demandes d’information.

 Nzenga, cependant, a dit que le Bureau pour la coordination et suivi d’Ekanga du Programme Sino-Congolaise avait travaillé avec les ministères et les organismes pour suivre les décaissements pour l’infrastructure. Il avait exhorté ses détracteurs de réserver tout jugement jusqu’à ce Sicomines commence la production.

 
Oscar Melhado, représentant résident du Fonds Monétaire International, avait déclaré que le contrat exigeait une surveillance plus étroite, mais qu’il était encouragé que les autorités avaient commencé à divulguer plus d’informations.

 
« Nous n’avons pas à cibler quiconque », a-t-il dit. « Si nous faisons cela pour la Chine, nous devons le faire pour Tenke Fungurume  (de Freeport-McMoRan). Nous devons le faire pour Glencore. »

(Édité par Daniel Flynn et Kevin Liffey)

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