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Tibor Peter Nagy, Jr., sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines; Département d’Etat américain

La planète entière, et ce n’est pas une figure de style, espère un scrutin aussi libre et démocratique que possible en RDC

Le « numéro un » de la diplomatie américaine en Afrique est attendu cette semaine en Afrique de l’Ouest. Tibor Nagy, le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines, doit se rendre notamment en Guinée, au Togo et au Mali. De passage à Paris, il répond aux questions de Michel Arseneault.

Le « numéro un » de la diplomatie américaine en Afrique est attendu cette semaine en Afrique de l’Ouest. Tibor Nagy, le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines, doit se rendre notamment en Guinée, au Togo et au Mali. De passage à Paris, il répond aux questions de Michel Arseneault.

Le dernier attentat-suicide en Tunisie nous rappelle que des jihadistes posent encore problème en Afrique du Nord. Qu’est-ce que les Etats-Unis peuvent faire ?

Tibor Peter Nagy : Malheureusement, comme nous l’avons vu à maintes reprises, empêcher ceux qu’on appelle des « loups solitaires » de commettre un attentat est très difficile. Il faut, bien entendu, d’excellentes agences de renseignement et que toutes ces agences coopèrent entre elles. Il faut former les forces de sécurité et, cela va de soi, sensibiliser la population pour que les gens, quand ils entendent ou voient quelque chose de louche, aient le réflexe d’alerter les autorités. Le fond du problème, lorsqu’il s’agit d’attentats, c’est qu’il suffit aux « méchants » de réussir une fois sur cent, alors que les forces de sécurité, elles, sont tenues de prévenir tous les attentats sans exception, ce qui est quasiment impossible. Il faut savoir être reconnaissants aux autorités de prévenir les attentats qui n’ont pas eu lieu.

Les attentats sont à la hausse au Burkina Faso. Les Etats-Unis sont-ils condamnés à jouer un rôle plus important en matière de sécurité au Sahel ?

Je ne sais pas s’il faut dire « jouer un rôle plus important » ou « continuer à jouer un rôle ».

Les Etats-Unis peuvent-ils faire plus au Sahel, qu’il s’agisse d’une présence militaire accrue, de drones ou de surveillance ?

Je crois que nous faisons ce qui s’impose. Au bout du compte, notre objectif, c’est que les gouvernements aient eux-mêmes la situation bien en main, que leurs forces de sécurité à eux contrôlent la situation. Cela revient à dire qu’il faut minimiser la présence de forces étrangères dans les zones de combat. Leur rôle est plutôt de faire de la formation, de fournir du matériel et de partager leur savoir-faire.

Ce qui veut dire : moins et non pas plus de militaires américains dans des pays comme le Niger ?

Autant… Moins… Ou pourquoi pas, aucun, avec un peu de chance.  Parce qu’en dernière analyse, ce que vous voulez, ce sont des forces de sécurité locales, très professionnelles et très compétentes. En même temps, vous ne voulez pas que votre présence serve de prétexte aux terroristes. C’est un savant dosage de défense, de développement, et comme le président du Niger me l’a déjà dit, de démocratie. Seuls ces trois ingrédients lorsqu'ils sont réunis, permettent de couper l’herbe sous le pied des extrémistes.

Le président du Cameroun, Paul Biya, vient d’être réélu. Le département d’Etat a publié un communiqué dont le ton n’était pas franchement enthousiaste…

Exactement. Nous avons pesé nos mots. Nous voulions rédiger un message de félicitations à la population camerounaise pour une élection présidentielle modérément réussie, et non un message de félicitations personnelles.

Vous avez bon espoir que l’élection présidentielle en République démocratique du Congo sera libre et démocratique ?

Non, pas du tout. Nous avons déjà fait part de nos réserves au gouvernement. Les neuf pays voisins de la RDC sont eux aussi très inquiets. Nous suivons la situation de près. Ces élections ont été reportées à de multiples reprises, sous toutes sortes de prétextes. Nous sommes d’autant plus préoccupés que l’espace démocratique, déjà limité, est de plus en plus restreint. On verra bien ce qui va se passer. La planète entière, et ce n’est pas une figure de style, espère un scrutin aussi libre et démocratique que possible.

La Russie joue un rôle de plus en plus important en République centrafricaine. Cela vous inquiète ?

Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir. Evidemment, la raison pour laquelle les Russes sont allés en Centrafrique, dans un premier temps, était considérée comme valable par le Conseil de sécurité. Mais quelles sont leurs activités ? Qui rend ses activités possibles sur le terrain ? Quels sont leurs objectifs ? On parle de combien de personnes ? Que font-elles exactement ? A quoi faut-il s’attendre maintenant ? Les partenaires de la Centrafrique se posent la question. Autant de questions qui méritent réponses.

Et vous avez compris pourquoi la Russie s’intéresse désormais à la Centrafrique ?

Non, pas vraiment, et j’aimerais bien le savoir.

Des responsables nigérians ont déjà annoncé la victoire contre différentes factions de Boko Haram dans le Nord-Est. Qu’en pensez-vous ?

Boko Haram n’est pas vaincu ! Boko Haram et « l’État islamique province de l’Afrique de l’Ouest » continuent d’attaquer des garnisons, d’utiliser des filles (ou principalement des filles) pour des attentats-suicides dans des lieux de culte et des marchés. Il est évident que la guerre se poursuit, et que le gouvernement nigérian ne doit pas baisser les bras. Il ne s’agit pas simplement d’éliminer les terroristes. L’État doit occuper cet espace. Il faut se débarrasser de Boko Haram, reconquérir le territoire, mais cela ne suffit pas. La violence a poussé deux millions de personnes à fuir. Les gens ont perdu leur gagne-pain. Ils n’ont pas pu faire les semailles. Il faut relancer l’agriculture et entre-temps, nourrir ces populations. Il faut fournir des services publics de base, qu’il s’agisse d’infrastructures ou d’éducation. C’est une tâche colossale et la communauté internationale doit mettre l’épaule à la roue, parce qu’il sera très difficile pour les Nigérians d’y arriver seuls.

 

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