La ville de Bukavu, a-t-elle un Maire de la ville ? A quoi servent les taxes perçues par la Mairie ?
Si l’on s’en tenait seulement au fait que chaque matin, une jeep de couleur grise vient déposer un homme au teint noirâtre, toujours en costume dans les enceintes de la Mairie et le ramener le soir, l’on peut tout de suite conclure que la ville de Bukavu a un Maire. Mais de là, tirer une pareille conclusion serait une erreur monumentale.
Il suffit de jeter un petit projecteur sur les domaines qui sont à la gestion de la Mairie, nous aurions sans doute quelques éléments de réponse :
Un petit crochet au cimetière de Ruzizi, le seul qui nous reste d’ailleurs après la fermeture de celui de Brasserie. Ce cimetière est menacé par des constructions des maisons. Les morts sont déterrés et les tombes profanées au profit des maisons qui sont érigées en plein cimetière dans un silence absolu du Maire de la ville qui a la gestion de ce dernier. Le silence de l’autorité urbaine face à la spoliation du cimetière de Ruzizi, n'est-ce pas là un sens de culpabilité, de complicité ou un acte qui frise l’incompétence ?
La voirie urbaine quant à elle, se trouve dans un état de délabrement avancé. Les routes de la ville de Bukavu sont jonchées des nids de poules depuis la frontière Ruzizi 1er jusqu’au niveau de Kazingo en passant par Nguba, Nyawera, Place de l’Indépendance et Brasserie. Dans les autres communes de la ville (Kadutu et Bagira) c’est le même calvaire sur les routes. Aucune politique au niveau de la Mairie pour réparer et maintenir en état les différentes routes dans la ville.
L’environnement de la ville est malsain et l’assainissement semble n’est pas être une priorité du Maire. La ville de Bukavu n’a plus de poubelle publique. Les déchets ménagers et autres sont jetés dans les rues ou dans les canalisations sous le nez du Maire de la ville. Les constructions anarchiques sont visibles par tout dans la ville sans la moindre inquiétude de l’autorité urbaine.
Aujourd'hui, les rues de Bukavu sont inondées des marchés pirates suite au manque d’un plan approprié pour la gestion des différents marchés existants qui d’ailleurs semblent être surpeuplés.
Les inondations et les glissements de terre sont très fréquents dans la ville et on ne sent même pas une simple implication du Maire pour y remédier. L’on se souvient du scenario macabre de feu Mme Furaha non loin de la place de l’Indépendance. Qu’est ce qui se fait par la Mairie pour empêcher que la ville ne puisse plus connaître ce genre d’événement ? N’est ce pas qu’un simple garde-fou tout le long de la rivière Kawa peut nous épargner de pareille mort ?
L’éclairage public est quasi inexistant dans la ville de Bukavu. Le Maire de la ville Philémon Yogolelo avait annoncé avec pompe l’installation des lampadaires le long de différentes routes de la ville et à certains ronds-points, mais à ce jour, les quelques lampadaires installés ne fonctionnent presque plus. Aujourd'hui l'autorité urbaine en complicité avec le directeur de la SNEL reviennent avec une taxe sur l'éclairage public qui est incorporée dans la facture de la SNEL. Et là tout consommateur de l'électricité est contraint de payer 1% de sa facture. N’est-il pas un mécanisme savamment réfléchi pour non seulement appauvrir davantage la population mais aussi permettre à ces autorités de remplir encore une fois de plus leurs poches ?
L’état dans lequel se trouvent les différents abattoirs reste à désirer. Il suffit de passer à Elakat, au grand marché de Kadutu, à Ciriri, Brasserie, Kamagema et au Beach Muhanzi pour s’enquérir de l’insalubrité qui entoure l'abattage des bêtes.
L’insécurité est grandissante dans la ville de Bukavu. Dans un intervalle d'un mois, 2 femmes cambistes ont déjà été assassinées par balles, et d'autres cambistes ont été attaqués par des hommes armés dans un silence total du Maire. Tout cela se passe comme si s'était de faits divers. Aucun plan, aucune politique envisagée par la Mairie pour remédier à cette situation, l'inaction ne cesse de caractériser l'autorité urbaine face à cette insécurité généralisée dans la ville.
Et comme si cela ne suffisait pas, la gestion de la mairie se caractérise par le détournement d’un véhicule, plusieurs motos et 20 ordinateurs. On note également un arriéré de salaire de 10 mois dans le chef des agents à la Mairie. La prime allouée aux agents est distribuée sur base des affinités avec le Maire. Les agents sont budgétisés pour 90$ le mois, mais ne reçoivent que 35000FC.
Au regard de ce qui précède, peut-on dire réellement que Bukavu a un Maire de la ville ? Le Maire de la ville peut-il être à mesure de nous expliquer l’utilisation de millions des dollars issus des différentes taxes perçues par ses services ? L'homme à la tête de la Mairie est-il une étiquette, un incompétent ou carrément il a une autre mission que celle de servir ses administrés ?
Avec un œil endormant, complice ou coupable, le Gouverneur de la Province reste passif face à cette situation de megestion criante qui s'observe au niveau de la Mairie. Notons que le rapport de la mission de contrôle effectuée à la Mairie de Bukavu par les contrôleurs du gouvernorat du 24 au 28 février 2015 a révélé le détournement et la mauvaise gestion qui caractérise la Marie mais depuis lors, Marcellin Cishambo, gouverneur de la province garde un silence.
SAJECEK/FORCES-VIVES recommande qu’un audit externe soit organisé à la Mairie pour éclairer la population sur la gestion de la République à ce niveau pour que les coupables de détournement et de mauvaise gestion soient punis sévèrement conformément à la loi.
La ville de Bukavu est loin d'avoir un maire, l'homme au commande au niveau de l'entité urbaine a des priorités ailleurs que le quotidien de ses administrés. Nous devons ouvrir l’œil et le bon, trop c'est trop !!
Fait à Bukavu, le 13 mars 2017
SAJECEK/FORCES VIVES
BULLETIN SURPRISE N°045 :
