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Submitted by editeur on 19 May 2015
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Il n’est pas facile pour une opposition démocratique de mobiliser un peuple et de l’amener vers la liberté et la paix, nous dit Gene Sharp. Cela demande une grande habileté stratégique, une capacité organisationnelle et de la planification dit-il. Mais avant tout, cela demande du pouvoir. L’opposition démocratique ne peut pas compter à amener la chute de la dictature et établir la liberté sans leur habilité d’appliquer leur propre pouvoir habilement. Dès lors, il ne faut pas compter, comme le croit l’UDPS que la dictature du pouvoir à Kinshasa va succomber de soi-même à travers les négociations et dialogues.

Mais comment cela est-il possible ? Quel genre de pouvoir l’opposition démocratique peut-elle mobiliser pour être suffisant à renverser une dictature avec ses vastes réseaux militaires et de police ? La réponse se trouve cacher dans la compréhension d’un aspect fondamental et souvent négligé du pouvoir politique. Pour ce faire, nous allons recourir à la fable du « Maître de Singe », une parabole chinoise, du XIVe siècle par Liu-Ji.

Dans l’état féodal de Chu un vieil homme avait survécu en gardant de singes à son service. Les habitants de Chu l’appelaient « Zhu Huo Zi  » (Maître de Singe).
Chaque matin, le vieil homme rassemblait les singes dans sa cour, et ordonnait à l’aîné de singes de conduire les autres sur les montagnes pour cueillir les fruits dans les buissons et sur les arbres. C’était la règle que chaque singe devrait donner un dixième de sa collection au vieil homme. Ceux qui échouaient à le faire étaient impitoyablement fouettés. Tous les singes souffraient amèrement, mais n’osaient pas s’en plaindre.

Un jour, un petit singe demanda aux autres singes : « est-ce que c’est le vieil homme qui avait planté tous les fruits sur les arbres et les savanes ? » Les autres lui répondirent : « Non, les fruits ont poussé naturellement. »  Le petit singe demanda en plus : « Pouvons-nous prendre les fruits sans la permission du vieil homme ? » Les autres répondirent : «  Oui, nous le pouvons tous ». Le petit singe continua :

« Alors, pourquoi devrions-nous compter sur le vieil homme ? Pourquoi devons-nous le servir ? » Avant que le petit singe ne puisse terminer sa phrase, tous les autres singes étaient soudainement illuminés et éveillés.

La même nuit, en s’assurant que le vieil homme était endormi, les singes démolirent toutes les barricades de la palissade dans lequel ils étaient confinés, et détruisirent entièrement la palissade. Ils prirent également les fruits que le vieil homme avait mis dans le stockage. Ils emportèrent le tout avec eux dans les bois, et ne retournèrent plus jamais. Le vieil homme finalement mourut de faim.

 La leçon d’après Liu-Ji est que : « certains hommes dans le monde [politique] gouvernent leurs peuples par des trucs et non par des principes justes. Ne sont-ils pas comme le Maître de Singes ? Ils ne sont pas conscients de qu’ils ont une tête de mule. Dès que leurs populations deviennent illuminées, leurs astuces ne fonctionnent plus ».

Pour ce cas précis, Kabila est le maitre et l’UDPS voudrait entraîner l’opposition vers les montagnes cueillir les fruits pour la prolongation du mandat de Kabila. Vraiment ? Seuls les ténors de l’UDPS n’ont pas signé la déclaration de l’opposition postée sur Congovox. Elle est si aveuglée par la primature qu’elle se croit capable d’aménager et pousser le serpent par la queue sans conséquence. Sait-elle seulement où se trouve la tête du serpent ? Boucher les oreilles s’il y a un cri strident de douleur qui provient de l’avenue de Pétunias de Limete à Kinshasa, ou si l’UDPS se trouve réduit d’une grande partie nationale a une partie familiale ou tribale.

Cependant, à la lecture de la déclaration des Partis politiques et groupes de parlementaires de l’opposition ainsi que des organisations de la Société Civile et de la Diaspora, il sied de réfléchir une fois de plus sur l’opportunité de ce Dialogue tant souhaité par le Président Kabila.

L’histoire politique récente du pays nous renseigne qu’il y a eu récemment une « Concertation Nationale » entre d’une part la Majorité Présidentielle et d’autre part l’opposition y compris certaines forces vives de la nation.

Ce dialogue dont la fin avait été consacrée par la présence du Président Sassou Nguesso au Palais du Peuple. De ce dialogue est sorti le Gouvernement actuel constitué des quelques nomades politiques — par le fait d’avoir quitté leurs formations politiques originales — pour composer avec la Majorité présidentielle.

Entre ces moments et ces jours, qu’est-ce qui a changé pour faire courir le Président Kabila et sa bande ? Nous avions, en son temps, rappelé qu’un gouvernement formé généralement des dissidents, sans envergure nationale confirmée n’était voué qu’à un échec certain. Est-ce que, politiquement a-t-on résolu le problème de fond qui justifiait cette approche ?

Nous ne le pensons pas. Le seul mérite de ce gouvernement aura été le débauchage de quelques jeunes politiciens qui initialement étaient commis à un bel avenir, mais dont l’appétit glouton et la boulimie d’arriver dans la précipitation au sommet ont fini par les présenter sous leur véritable caractère.

Que sont devenus ces jeunes que Jean-Pierre Bemba avait recrutés et présentés à la place publique ? Des zombies dont eux seuls pensent qu’ils existent politiquement alors que pour le peuple, ils ne le sont plus. Les urnes vont dévoiler leurs secrets d’ici l’année prochaine. A la fable de Liu-Ji ci-dessus, il faut ajouter la fable de Jean de la fontaine pour une fois de plus, nous édifier que  « rien ne sert à courir, il faut partir à temps…. »

Le Président Kabila parle de Dialogue pour un processus électoral apaisé. Mais examinons une fois la petite histoire de son régime.

1. Sur la centaine de résolutions issues des Concertations Nationales, à ce jour, combien sont-elles déjà appliquées ?

2. Le processus électoral est déjà en cours de déroulement avec l’ouverture de la période d’enregistrement des candidatures, comment compte-t-on l’arrêter ?

3. L’opposition et même la communauté internationale avaient déclaré le calendrier électoral proposé (imposé) d’irréalisme. D’ailleurs, un ministre généralement haut en verbe avait claironné que l’opposition avait peur d’aller aux élections. A ce jour, les opérations prévues suivant le chronogramme trop savant dont seul, l’abbé politicien Malu Malu détient le secret, ne sont pas à jour. Qu’est-ce qui a été fait à ce jour ?

4. Il faut aller aux élections locales, ne cesse de fanfaronner certains de la Majorité Présidentielle, où se trouve le projet de loi sur la répartition des Sièges ?

D’une manière épidermique, on s’est précipité vers le charcutage des provinces tel un jambon sans prévision budgétaire a cet effet, sans tenir compte des cris et protestations du peuple et de l’opposition car, il fallait satisfaire certains appétits voraces. Où en sommes-nous ?

Le fameux impact financier lié à cette réforme de la territoriale par superposition à l’impact financier lié aux opérations électorales. Que de la fumée. C’est un pays qui avance sans prospective. Dommage, et que nos enfants nous pardonnent car, nous avons élu les autorités qui nous gouvernent à l’aveuglette.

5. Dernièrement le peuple Congolais sidéré a assisté à une démonstration de force brute et primitive lors de la présentation du ministre de l’Intérieur à l’Assemblée Nationale dans le cadre de la question orale sur le charnier de Maluku rebaptisé en « tombe commune ». C’est ce même ministre dont les archives nous renseignent qu’il avait déclaré, alors membre de la rébellion je cite « j’ai ordonné qu’on abatte cet avion… » entendez, un avion régulier des passagers en route vers le chef-lieu de Maniema, la province dont il est lui-même originaire. Parlez-vous d’un candidat potentiel à la cour pénale de La Haye ?

Ces genres de crimes sont imprescriptibles. Le sang humain criant toujours vengeance, il répondra de ses actes le moment venu et ça viendra. Peut-on parler d’apaisement quand on tolère ces genres d’égarements ? Aussi, devons nous rappeler que ce même ministre, dans une autre incarnation politique à Washington, quand il combattait farouchement le père et fils Kabila, il était prêt à verser quelques centaines de milliers de dollars pour les mettre à la porte ? Souffre-t-il d’une amnésie sélective ?

7. Peut-on parler de dialogue tout en continuant de fermer les médias qui donnent de la voix à l’opposition ? La fermeture de la télévision du Pasteur Kiziamina en est une parfaite illustration. Quid alors aux autres chaînes de télévision appartenant aux Membres de l’opposition ou proches de l’opposition qui, à ce jour, demeurer fermées ?

8. Quel est le gage de bonne foi dont fait preuve l’initiateur de ce dialogue ? Aucune libération des Prisonniers politiques et d’opinion ?

9. Réalité bizarre qui conforte la position de l’opposition sur la CENI. Depuis le mois d’avril, celle-ci a déposé un mémorandum auprès de cette institution censée être indépendante. A ce jour silence radio, par contre c’est le Président de la République qui se substitue à la CENI pour répondre à la préoccupation soulevée par l’opposition ; preuve par neuf que Monsieur Kabila manipule à sa guise cette CENI.

10. Une réalité saute aux yeux de tout le monde et même des aveugles. Le peuple Congolais refuse ce « Dialogue » et attend ni plus ni moins que de voir le 27 novembre au plus tard l’organisation des élections présidentielles et le 20 décembre dans un cadre solennel, la passation civilisée du pouvoir entre le Président Kabila, sortant, et le nouveau Président élu démocratiquement et dans la transparence avérée par la majorité du Peuple Congolais.

Nous aurons constaté que les éléments ci-haut évoqués démontrent à suffisance que le pouvoir de Kinshasa patauge dans une boue savamment préparée. Dès lors qu’est-ce qui continue à faire courir le Président Kabila ? Toute stratégie tendant à amener les gens dans des dialogues incertains est vouée à l’échec. Est-il vraiment son propre chef ou est-il également un intermédiaire par le biais de qui les vrais détenteurs du pouvoir contrôlent le Congo ? S’il ya une ombre de vérité à quoi bon de négocier ?

En dernière minute avant de poster notre réflexion, nous venons d’apprendre que l’opposition a suspendu sa participation aux plénières de l’Assemblée Nationale jusqu’au moment où le Président militant de cette institution acceptera de soumettre les véritables problèmes soulevés par l’opposition aux débats démocratiques en donnant de la voix aussi à l’opposition. La Démocratie c’est aussi la loi de la majorité avec la protection de la minorité.

La voie de la résistance et la défiance politique, nous renseigne Gene Sharp sont les seules forces capables de faire basculer un régime de la dictature à la démocratie, même si ça demande une peu de temps et quelques sacrifices. L’opposition doit faire laisser courir le compte à rebours du chrono, jusqu’à l’illégalité de ce régime. Le Président sautera de lui-même dans le premier avion et le peuple congolais aura été libéré.

Aristote avait une fois dit : « L’oligarchie et la tyrannie sont les formes de gouvernement qui ont une plus courte durée de vie que les autres formes constitutionnelles. En tout et pour toute la tyrannie, ne dure pas longtemps. Aussi, la dictature moderne est également vulnérable.

En voici la preuve que Gene Sharp nous avance :

1. Cela a pris 10 ans, de 1980 à 1990 pour maître fin à dictature en Pologne ;

2. En 1989, la dictature en Tchécoslovaquie était vaincue en quelques semaines ;

3. En 1944, la dictature au Guatemala et Salvador étaient terminés en deux semaines chacune ;

4. La dictature du Shah d’Iran avec sa puissante armée était mise en défaite en quelques mois ;

5. En 1986, la dictature de Marcos aux Philippines était boutée dehors en quelques semaines. Les Etats-Unis abandonnèrent Marcos dès qu’ils se rendirent compte que la force de l’opposition était forte.

6. Le coup d’Etat contre Gorbatchev en Union soviétique, en 1991, par l’aile dure de l’armée et du parti communiste, fut mis en échec par Boris Eltsine en quelques jours.

7. Combien de temps pensez-vous que Joseph Kabila va durer aussitôt que son pouvoir devient illégitime ?

Quand on y réfléchit froidement, le pouvoir de Kabila vient par sa capacité à nommer un opposant au poste de Premier ministre, distribués les postes et sa capacité à instrumentaliser la justice et l’armée pour régler les comptes politiques. Si les grands opposants se désintéressaient de ce poste jusqu’au 27 novembre 2016, Kabila n’aura plus d’emprise sur eux.

Aussi, l’ancien précepte selon lequel la violence obtient les résultats plus rapidement que la non-violence est erroné. Comme nous renseigne le printemps arabe, la chute de la dictature arrive précipitamment. Est-ce que Kabila est vraiment plus fort que Hosni Moubarak ? Laissez le temps courir et il va tomber ! C’est aussi simple que ça et il le sait.