Les Retombées du Procès Vital Kamerhe : À qui profite sa chute ? Vers la « congolisation » des années 1960 ?

Après le long procès et le verdict inévitable qui circulait déjà sur la toile avant même le début de la séance, les dés étaient jetés sur Vital Kamerhe. Cela va donner suffisamment de munitions à Vital Kamerhe pour interjeter l’appel. Comme nous le verrons dans les paragraphes ici-bas, les choses ne sont pas telles qu’elles apparaissent et toute jubilation de nos frères de l’UDPS serait très précoce. Quand ils comprendront dans quelle aventure ils se sont embarqués, ça sera trop tard.

 

La chute de Vital Kamerhe n’a rien à voir avec l’État de droit. « Avant de bâtir l’État de droit, il faut d’abord que nous ayons un État » comme nous a récemment rappelés Florentin Mokonda Bonza. Il ne peut pas y avoir un État de Droit quand les frontières sont tellement poreuses que les armées étrangères y viennent faire la loi ou quand l’autorité de l’État ne se fait pas sentir dans les coins et recoins du pays ? Est-ce que Felix Tshisekedi peut-il se hasarder à Bukavu et Goma aujourd’hui ou demain ? Dans le négatif, on n’a pas d’État.

 

Par ailleurs, bien de gens ont fait pire que Vital Kamerhe, mais, ils se promènent librement à Kinshasa. Albert Yuma est toujours libre ; Moïse Ekanga, l’argentier de Kabila qui a livré nos mines aux Chinois se promène librement. Les six phases énumérées ici-bas peuvent être précipitées soit par Joseph Kabila et soit Felix Tshisekedi, les deux personnes dont la chute vertigineuse de Vital Kamerhe va bénéficier.

 

Comme nous le verrons plus bas, entre Joseph Kabila et Felix Tshisekedi, un seul en sortira victorieux. La mort ou l’exil forcé sera réservé au perdant.

 

Première phase :

Les carottes sont cuites pour Vital Kamerhe, mais il ne faut pas regarder le procès Vital Kamerhe comme un évènement isolé. C’est un puzzle géant que Joseph Kabila, derrière la machine FCC est en train de mettre en place. Dans cette première phase, la première victime était d’abord Jean Marc Kabund, haut cadre de l’UDPS qui était vice-président du parlement. Les évènements d’aujourd’hui, le samedi 20 juin 2020 ne fait qu’aiguiller l’embarquement de la RD Congo dans une longue route sinueuse pouvant déboucher à la « congolisation » — entendez, crise institutionnelle et ingouvernabilité — des années 1960. Le déroulement de la trame des évènements ne dépend plus de Felix Tshisekedi qui entrain de consommer à la N'Sele, un pouvoir qu’il ne détient pas, en entretenant une écurie de concubines.

 

Deuxième phase :

Par l’entremise de Felix Tshisekedi, qui s’est à vrai dire tiré une balle dans les pieds, Joseph Kabila s’est occupé de Vital Kamerhe mettant Felix Tshisekedi à nu et à découvert. Après cette nième rupture d’engagement et d’accords, plus personne ne fera un accord avec Felix Tshisekedi. C’est maintenant connu que nos frères du Kasaï ne peuvent pas ni respecter leurs engagements et ni leurs paroles d’honneur. Cela prendre au moins trois á quatre générations pour que les ressortissants des autres régions fassent confiance aux Balubas du Kasaï. C’est à dire cela prendra au moins quatre-vingts années pour que le temps aplanisse le forfait de Felix Tshisekedi vis-à-vis de son allié de poids. La personne qui l’a installé dans le fauteuil de la présidence.

 

Troisième phase :

Après Vital Kamerhe, la machine FCC va s’attaquer à Gilbert Kankonde, le vice-premier ministre de l’intérieur. À titre de rappel, c’est bien lui qui avait dépêché les policiers pour empêcher les parlementaires de ne pas siéger. Déjà, son interpellation au Sénat avait laissé beaucoup a désiré et de nombreux sceptiques sur sa prestation. L’homme est très incompétent, car en tant que ministre de l’intérieur, il contrôle la police et il dispose des instruments sécuritaires de l’ANR pour sécuriser la population congolaise avec leur bien. Ne dit-on pas qu’il n’y a jamais de mauvais soldats, mais de mauvais général ? Son éviction va avancer le FCC dans la quatrième phase.

 

Quatrième Phase :

Vu leur majorité parlementaire, le FCC va chercher à renforcer le parlement. Nous avons lu sur la toile que Aubin Minaku aurait déposé hier trois propositions de loi qui feront que le pouvoir du conseil Supérieur de la magistrature à qui est dévolu du pouvoir judiciaire par la constitution,  qui est censé être indépendant des pouvoirs législatif et exécutif, soit confié au ministre de la Justice. Ce dernier aura désormais le pouvoir disciplinaire sur les magistrats du parquet, il aura le droit d'intervenir dans une cause instruite au parquet pour appeler le dossier et suspendre l'instruction et même le magistrat,  prendre des mesures dites conservatoires sans les préciser (pouvoirs étendus) ».   En bref, nous tendons vers l’instrumentalisation des magistrats du parquet.

 

Cinquième Phase :

Il y aura remaniement dans l’armée pour que Félix se débarrasse des hauts officiers de la FAZ qui avaient été épinglés par la communauté internationale.

 

Sixième Phase :

Félix sera à découvert et va devenir une proie facile que le FCC pourra cueillir à n’importe quel moment, mort ou vivant. Il a choisi son alliance avec Joseph Kabila, mais ce dernier n’oublie pas qu’il l’avait livré aux américains et que les démarches sont toujours en cours à la CPI. Felix Tshisekedi sera poussé à dissoudre le parlement ce qui va instituer la crise des années soixante et va amener tout le monde sur la table de négociation. Va-t-il [Felix Tshisekedi] en sortir vivant ?

 

That’s the question.