LETTRE A KABILA: « NON » DISENT LES PRISONNIERS POLITIQUES A LA MESURE TROMPEUSE DE GRACE
Goma, le 23 juillet 2016
Kabugho Rebecca
Kamundo Melka
Balibisire Alipenda John
Kasereka Muhiwa Ghislain
Kambale Sivyavugha Serge
Prison centrale de Goma (Munzenze)
Province du Nord-Kivu, République Démocratique du Congo
A S.E. Monsieur le Président
de la République
Démocratique du Congo.
(Palais de la Nation, avenue
Roi Baudouin, Kinshasa/Gombe).
Concerne : Mesures de grâce (ordonnance no 16/068 du 22 juillet 2016)
Excellence Monsieur le Président de la République
Apres avoir pris connaissance de l’ordonnance susmentionnée, portant mesure individuelle de grâce a notre égard, nous nous permettons de vous adresser la présente afin de vous faire part de notre sentiment, en toute sincérité.
Nous voyons dans cette mesure, d’une part, la reconnaissance du caractère arbitraire, injuste et politique de notre arrestation et notre condamnation il y a cinq mois. Bien que cette mesure n’efface en rien les iniquités subies en punition de notre lutte pacifique pour la démocratie, pour nous la reconnaissance d’une injustice est en soi un début de justice !
Nous y voyons, d’autre part, un premier pas encourageant vers, nous l’espérons, la décrispation réelle et complète de l’espace démocratique et la fin de la répression, d’association, et de manifestation pacifique. Nous osons croire que non seulement les mesures collectives de grâce que vous avez prises seront appliquées rapidement, mais que vous irez encore plus loin en ordonnant l’abandon des poursuites contre les autres
prisonniers d’opinion, qu’ils soient en détention préventive ou en attente d’un jugement définitif. C’est le cas de nos camarades Fred Bauma et Yves Makwambala détenus à Kinshasa depuis près de 17 mois, sans procès ; de Bienvenu Matumo, Héritier Kapitene et Victor Tesongo arrêtés à Kinshasa au même moment que nous ; des activistes Christopher Ngoy, Jean-Marie Kalonji, et bien d’autres encore.
En attendant, par solidarité avec nos camarades et tous nos concitoyens injustement prives de liberté et don le sort est encore incertain, nous préférerons rester en prison, quitte a allé jusqu’au bout de cette peine indue qui, de toutes matières, est presqu’entièrement consommée. C’est cela aussi notre liberté et notre dignité.
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de notre très grande considération.
Fait à Goma, le 23 juillet 2016.
Kabugho Rebecca, Kamundo Melka, Balibisire Alipenda John, Kasereka Ghislain, Kambale Sivyavugha Serge.
Militants.