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Felix Tshisekedi &  João Lourenço

Main Basse de l’Angola sur le Pétrole Congolais. Que Va Faire Felix Tshisekedi ? — Environ 234 Milliards USD Perdus en 11 ans

En 2018, l’Angola a produit 1.420.600 barils de pétrole par jour représentant une valeur d’exportation annuelle de 36 milliards $ jusqu'en 2018. A partir des données de US Energy Information Administration (1, 2) qui gèrent les plus grands exploitants pétroliers tels que Exxon Mobil, et les données de  l’OPEC, on peut estimer que l’Angola de 2007 qu’en 2018 a produit 7.801 millions de barils. L’article ici-bas donne les raisons fondamentales de cet état détrimental de choses au moment où les congolais sont noyés dans un océan de misères. Comme démontre clairement par la carte des blocks pétroliers, environ 50% de cette production soit 3.900 millions de barils ont été du pétrole Congolais. Au prix conservateur de 60$ le baril, le manque à gagner de la RD Congo est énorme. 234 milliards $ perdus au cours de 11 ans seulement. La question est simple. Qu’est-ce que Felix Tshisekedi va faire ? Aura-t-il également peur de son  homologue Angolais pour régulariser cette situation et demander les payements des arriérés ? Va-t-il refuser une fois de plus de ne point « fouiner » dans le passé et laisser la richesse des Congolais aux angolais ses oncles ?

 

Le Pétrole Angolais Pourrait en Réalité Etre Celui de la RD Congo. Voici Pourquoi ce N’est Pas le Cas (3)

Environ la moitié du pétrole produit par l'Angola se trouve dans les eaux congolaises, selon la convention des Nations Unies qui définit les frontières maritimes.

La politique angolaise est basee sur pétrole. Les ressources naturelles représentent près de 40% du PIB et 75% des recettes publiques. Cette politique a apporté des investissements étrangers et des amis, et nourri des élites corrompues. L’Angola est l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde.

La République démocratique du Congo (RDC), au nord de l’Angola, ne dépend pas du pétrole. Elle n’exploite que de minuscules champs petroliers au large de sa côte minuscule et n’a pas encore exploité des réserves potentiellement importantes à l’intérieur. Ainsi, lLa RDC n'est pas riche en pétrole.

Et pourtant, légalement, l'inverse pourrait être vrai. En vertu de la Convention des Nations Unies qui régit les espaces maritimes appartenant à quels pays, la RDC pourrait légitimement prétendre aux énormes gisements de pétrole actuellement détenus par l'Angola. On pourrait soutenir que les réserves représentant environ la moitié de la production angolaise se trouvent en réalité dans les eaux congolaises et du jour au lendemain la RD Congo pourrait devenir, l’un des plus grands producteurs de pétrole de l’Afrique.

Alors pourquoi ne l’a-t-on pas? Nous avons exploré cette question dans un article récent. Voici ce que nous avons trouvé:
Le pari raté de Mobutu

L’histoire des gisements de pétrole au large de l’Angola et des côtes de la RDC remonte au début du forage en mer dans les années 1970. À l'époque, on présumait que les eaux étaient angolaises, mais le président Mobutu Sese Seko, de l'époque zaïroise, n'avait pas perdu de vue de son importance et avait élaboré un plan pour l'obtention des droits sur les champs de pétrole.

Premièrement, il a apporté son soutien à plusieurs groupes armés qui combattaient dans la guerre civile angolaise, tels que l’UNITA, le FNLA et le FLEC. En cas de victoire, ils allaient remettre Cabinda — une enclave riche en pétrole sur la côte — et ses eaux au Zaïre en retour. Il avait ensuite doublé la mise en promulguant une loi de 1974 définissant les frontières maritimes de manière à garantir que les eaux de Cabinda incluraient ses réserves au large.

Mais le pari avait complètement échoué. Les groupes armés que Mobutu soutenait avaient été vaincus. Et pour aggraver les choses, la méthode par laquelle le Zaïre avait décidé de réglementer ses eaux signifiait que — sans que l'on obtienne de Cabinda — il ne restait qu'un petit triangle de territoire maritime proche de la côte. À l'époque, ce n'était pas trop important car il n'était pas possible de forer loin au large. Mais à partir du milieu des années 1980, la technologie s’est considérablement améliorée. Les compagnies pétrolières ont commencé à forer dans les eaux profondes de la mer.

La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), signée en 1982, offrait une nouvelle chance à Mobutu. Cette loi définissait les frontières maritimes comme des lignes perpendiculaires à la côte contrairement à la loi de 1974 de Mobutu, qui dessinait les frontières maritimes suivant la même trajectoire que les frontières terrestres. Selon la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, les eaux du pays s’étendent sur 200 milles marins dans l’océan Atlantique. Mais alors que Mobutu avait ratifié la convention, il n'avait ni la capacité ni l'envie de faire quoi que ce soit à ce sujet. L’économie du Zaïre s’effondrait et allait bientôt sombrer dans la guerre civile.
Peur, dépendance et l’argent liquide

Après sa chute, Mobutu avait été remplacé à la présidence par Laurent-Desiré Kabila (1997-2001), puis par Joseph Kabila (2001-2019). Comme leur prédécesseur, ni le père ni le fils n’ont pu pleinement faire valoir les prétentions de la RDC aux lucratifs gisements de pétrole. La raison principale en était leur dependance et la peur de l’Angola.

L’Angola est le « plus important » voisin de la RDC et son soutien avait été déterminant pour la défaite de Mobutu lors de la première guerre du Congo et la survie des Kabila lors de la seconde guerre du Congo. Si l'Angola pouvait faire des rois en RDC, il pourrait aussi les défaire. Ce fait a fortement dissuadé les régimes de Kabila d’essayer de réclamer le pétrole angolais.

Les deux pays en ont cependant discuté, avec la création de la Zone d’intérêt commun (ZIC) en 2004. En vertu de ce faux compromis, l’Angola et la RDC ont convenu de partager les droits et les ressources maritimes, mais seulement sur une fraction du territoire réclamer et par surcroit la zone la moins productive. Dans le cadre de cette proposition, l’Angola n’a consenti aucune concession importante, alors que la RDC n’a rien gagné. L’accord a également entravé la capacité de la RDC à faire des réclamations plus importantes.

Cela explique pourquoi le gouvernement de Kinshasa a différé la signature après les élections de 2007, alors qu'il avait désespérément besoin d'argent et de l'appui de l'Angola, compte tenu de la forte dette publique et les bas prix du cuivre. Selon les termes d'un haut responsable impliqué dans les négociations avec l'Angola à l'époque, «le gouvernement se demandait comment obtenir l'argent nécessaire pour rembourser la dette internationale et comment développer le pays de manière économique. La possibilité d'exploitation des hydrocarbures avait été évoquée. Ainsi a émergé la ZIC.

Notre recherche suggère également que les responsables angolais ont utilisé des pots-de-vin pour empêcher la RDC de faire des réclamations plus fermes sur le pétrole. Selon une personne interrogée, ils « ont soudoyé [des fonctionnaires congolais] au lit avec de l'argent et d'autres objets pour que le dossier ne finisse jamais ».

L’argent a également scellé l’accord par des moyens moins secrets. Par exemple, l'accord ZIC prévoyait également la fourniture de droits pétroliers à une société appelée Nessergy. Cette organisation, étroitement liée aux amis du régime de Kabila, a rapidement vendu ces droits trois fois plus cher que son prix initial. Plus généralement, le contrat avec la ZIC était étroitement contrôlé par le président Kabila. Les négociations ont été menées par le cercle restreint du président plutôt que par les institutions gouvernementales concernées. De plus, les sources impliquées dans les discussions nous ont dit que les représentants de la RDC avaient demandé que les paiements de l’Angola soient payés en espèces. Le président angolais de l'époque, José Eduardo Dos Santos, aurait répondu à cette demande en affirmant que les virements devraient être effectués par le biais de banques, et non en espèce dans de «sacs».


Garder la dispute en vie

Depuis lors, la RDC n'a ni gardé le silence sur ses droits sur le pétrole ni pleinement revendiqué ses revendications. Au lieu de cela, les responsables ont maintenu un schéma d’action bruyante mais inefficace, soulevant périodiquement l’idée d’une exploitation conjointe ou de droits exclusifs.

En 2009, divers responsables gouvernementaux et parlementaires congolais ont même adopté une législation concernant les revendications de la RDC sur les champs de pétrole. Le président Kabila a soutenu ces efforts pendant un moment et a signé une loi qui revendiquait la zone contestée. Mais la question a ensuite été étouffée et le projet de loi demeurait inutilisé. De nombreux législateurs à qui nous avons parlé nient que la loi existe.

Comment expliquer ce comportement contradictoire? Encore une fois, tout est lié au soutien du régime par l’Angola. Il semble que le président Kabila ait calculé que, tout en affirmant que les champs pétroliers détruiraient l’appui de l’Angola à son égard, rester silencieux ne le garantirait pas nécessairement. Un autre président pourrait être tout aussi conforme. Montrer à l’Angola ce que pourrait être la politique congolaise — par exemple, si le régime perdait les élections de 2011 — aurait peut-être été le moyen par Kabila de préserver le soutien de l’Angola. Il a équilibré en exerçant des pressions sur son puissant voisin tout en évitant de compromettre réellement les relations.

Pour sa part, l’Angola a réaffirmé les risques auxquels la RDC s’ouvrirait s’il poursuivait ses revendications. En réponse à ce conflit et à d’autres, il a expulsé des citoyens congolais du pays, ses troupes commençant à se rassembler dans des villes congolaises.
La RDC réclamera-t-elle jamais les champs de pétrole?

Bien qu’elle devienne du jour au lendemain l’un des plus grands producteurs de pétrole d’Afrique, la RDC a peu de chances de prendre le contrôle de son territoire maritime au sens du droit international ou même de parvenir à un compromis équitable. Sa dépendance à l'égard de son voisin rend trop risquée la perspective de contrarier l'Angola.

Dans le même temps, le gouvernement angolais continuera probablement à offrir de l'argent, que ce soit individuellement dans des enveloppes ou par le biais de canaux plus officiels, afin de décourager toute action éventuelle des Congolais en la matière. Ces dernières années, l’Angola a réduit son rôle en matière de sécurité en RDC, en particulier sous la présidence de João Lourenço. Mais comme le montre sa politique intransigeante contre les séparatistes cabindais, l’Angola continuera de protéger ses intérêts fondamentaux par tous les moyens nécessaires.

Le gouvernement actuel de la RDC n’est tout simplement pas assez fort pour affronter son voisin et, bien que Felix Tshisekedi soit devenu président plus en debut de cette année, le paysage politique de la RDC n’a pas changé radicalement. Kabila et ses alliés conservent un contrôle important et les anciennes dynamiques demeurent. Comme le Président Tshisekedi courtise également l’appui de l’Angola, il ne voudra pas autant irriter ses voisins du Sud que ses prédécesseurs.

 

REFERENCES:

(1) https://www.eia.gov/beta/international/analysis.php?iso=AGO

(2) https://www.eia.gov/beta/international/analysis_includes/countries_long/Angola/angola_CAXS.pdf

(3) https://africanarguments.org/2019/10/03/angola-drc-oil/

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