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Moise Katumbi

Moïse Katumbi, l’homme qui défie Kabila

Fortune faite au Katanga, le millionnaire est candidat à la présidentielle congolaise prévue en novembre. Pour convaincre ses compatriotes, il compte sur sa notoriété d’ex-gouverneur et de président du club de football Mazembe

Vendredi, le hall d’entrée de l’Hôtel Intercontinental de Genève avait des couleurs d’Afrique. La diaspora congolaise et les journalistes en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) sont venus nombreux écouter une figure de la RDC, Moïse Katumbi.

L’homme d’affaires et millionnaire était dans la Cité de Calvin pour défendre ses droits de citoyen et surtout de candidat à la présidence de la RDC. «Je suis un homme de paix», insiste-t-il. Mais de son exil à Bruxelles et à Paris, où il vit après avoir quitté la RDC en mai 2016, il compte bien pouvoir rentrer au pays. «Quand est-ce qu’on aura droit à une alternance démocratique au Congo?» se demande-t-il.

Fils d’un Grec juif de Rhodes et d’une Congolaise

A 53 ans, ce fils d’un Grec juif de Rhodes et d’une Congolaise voit toutefois ses ambitions présidentielles bloquées par le pouvoir congolais dans un contexte politique délétère. Le président Joseph Kabila s’accroche au pouvoir alors que ses deux quinquennats se sont achevés à la fin 2016. On l’accuse de ne pas respecter l’accord de paix de la Saint-Sylvestre conclu le 31 décembre 2016 prévoyant une cogestion du pays jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. L’Union européenne et les Etats-Unis l’ont sanctionné et le Conseil de sécurité de l’ONU l’a mis en garde.

Avec son avocat, le réputé Eric Dupond-Moretti, Moïse Katumbi a déposé une plainte auprès du Comité des droits de l’homme à Genève. Motif: le régime de Kinshasa a, selon l’avocat, gravement violé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, notamment le droit à la sécurité et à l’intégrité physique, à la tenue d’un procès équitable et à participer à des élections démocratiques.

«Le pouvoir en place, explique Eric Dupond-Moretti, a créé deux affaires bidon pour écarter Moïse Katumbi du processus démocratique. C’est une grossière pantalonnade. Le jour même où mon client se désolidarise du pré- sident Kabila en raison de la violation de la Constitution, ses ennuis judiciaires commencent.»

Fidèle de longue date de Joseph Kabila

Moïse Katumbi a «longtemps été fidèle à Joseph Kabila, relève Guilain Mathé, doctorant congolais à l’Université de Lausanne et spé- cialiste de la région des Grands Lacs. Mais s’il y a eu divorce en septembre 2015, c’est en raison d’un conflit de palais au sein du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Katumbi pensait qu’il aurait la légitimité pour se porter candidat à sa succession. Mais peu à peu, il a fini par comprendre que le président Kabila n’allait pas lâcher le pouvoir.» Il est entré en opposition.

Les services secrets et le pouvoir congolais s’évertuent à lui chercher noise. On l’accuse d’avoir été impliqué dans une spoliation immobilière et d’avoir recruté des mercenaires américains. Il est interpellé, détenu arbitrairement et tabassé. «Le jour où Moïse Katumbi a lancé sa candidature, en mai 2016, la justice congolaise a entamé une procédure pour cette affaire immobilière, s’emporte l’avocat français. Alors que la justice l’avait autorisé à quitter le pays, on l’a condamné par défaut à 3 ans de prison. On lui a tendu un piège.» La magistrate de Lubumbashi qui a prononcé la condamnation, Chantal Ramazani, s’est, depuis, exilée à son tour en France. «On lui a extorqué le jugement, un fusil sur la tempe », dénonce l’avocat, qui la considère comme une «héroïne».

"Je n’ai trouvé que 300 000 élèves scolarisés. Trois ans après mon arrivée, il y en avait déjà plus de trois millions". Moïse Katumbi

Malgré l’exil, Moïse Katumbi est une figure très connue au Congo et appartient à la jeune génération d’hommes d’affaires à succès. Affable, il se définit comme un chrétien. Il a le très fort soutien de l’influente Conférence épiscopale nationale dans un pays de 80 millions d’habitants à majorité catholique. Il a fait fortune dans la riche province du Katanga et en Zambie voisine. Peu après ses études, il exploite de grandes pêcheries industrielles près du lac Tanganyika. Il fonde aussi la Mining Company Katanga (MCK), exploitant une mine d’émeraudes qu’il vend en Suisse, aux Etats-Unis ou en Israël.

Des amis l’exhortent à se lancer en politique. Il refuse. Puis se ravise et réussit à se faire élire gouverneur du Katanga, un poste qu’il occupe de 2007 à 2015. Il parcourt rapidement cette riche province aussi grande que la France. Il y constate un cruel besoin d’infrastructures. Il investit massivement dans des routes, des hôpitaux et des écoles. «Il n’y avait que 300 000 élèves scolarisés. Trois ans après mon arrivée, il y en avait déjà plus de trois millions.»

Exportation de minerais bruts interdite

«La société suisse Glencore m’a aidé, explique-t-il. J’ai aussi interdit l’exportation de minerais bruts qui sortaient du pays sans le moindre document.» Sous son règne de gouverneur, le budget de la province a bondi de 118 millions de dollars à 1 milliard en 2014. Hormis son aura d’homme d’affaires, Moïse Katumbi s’est forgé une solide notoriété en tant que président du Tout Puissant Mazembe, l’un des clubs de football les plus prestigieux d’Afrique. De langue maternelle bemba, parlant le swahili et le français, il est très populaire. Il semble aussi soutenu par la diaspora. Son projet: «Je veux lutter contre l’impunité, instaurer l’Etat de droit et une bonne gouvernance

 

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