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Martin Fayulu

Pourquoi Martin FAYULU a toutes les chances de devenir le prochain président de la République Démocratique du Congo

Les élections à venir sont des élections piège à con. C’est évident. Elles peuvent cependant réserver de méchantes surprises à ceux qui l’organisent dans l’optique de faire triompher non pas le choix du peuple congolais, mais leur propre choix; et ils en sont conscients. Voilà pourquoi ils font durer le suspense sur la tenue ou non de ces élections. Ils vont tester la patience des Congolais et de la communauté internationale jusqu’à la dernière minute. Mais dans tous les cas, ils sont perdus et perdants. Face aux deux coalitions de l’opposition (LAMUKA & CACH), le candidat de la Majorité présidentielle, Emmanuel Shadary, n’a aucune chance de gagner. Si la CENI s’aventure à le déclarer vainqueur du scrutin, le pays va certainement basculer dans la violence, et c’est là que la communauté internationale occidentalisée va intervenir pour « faire respecter le choix du peuple congolais »... pour reprendre un discours à la mode dans certaines capitales occidentales. Bien entendu on va compter sur l’amnésie des Congolais et on va faire semblant de soutenir son choix après lui avoir imposé, à deux reprises, un président venu d’on ne sait où. Pour la plupart de nos compatriotes, cela ne devrait poser aucun problème, l’essentiel étant de se débarrasser de la Kabilie.

Mais une fois Shadary « neutralisé », et avec lui toute la Kabilie, la question est de savoir sur qui la communauté internationale occidentalisée va-t-elle porter son choix ? Félix Tshisekedi ou Martin Fayulu ? Puisqu’il y a de fortes probabilités que les deux individus revendiquent la victoire au lendemain du 23 décembre... Bien entendu si les élections ont lieu.

De mon point de vue, Martin FAYULU est celui qui sera adoubé par la communauté internationale en cas de contestation. Un facteur important milite en sa faveur : le fait qu’il ait été désigné « candidat commun de l’opposition » congolaise par les têtes d’affiche de cette même opposition. Malgré le retrait de Félix Tshisekedi et de Vital Kamerhe de l’accord de Genève (ce qui a contribué à les décrédibiliser aux yeux de l'opinion publique intérieure et extérieure), cela aura certainement une incidence non négligeable aussi bien au moment du vote que quand viendra le temps de la contestation. Certains diront que les deux membres de la CACH (VK et FT) sont plus « populaires » que FAYULU, ce qui est vrai. Mais se contenter du facteur «popularité» dans le contexte de crise qui est celui de la République à démocratiser du Congo est une erreur. C’est ignorer ou ne pas comprendre que ce qui se jouera le 23 décembre, ce n’est pas tant l’élection d’un président, mais bien le combat ultime contre la Kabilie, que la grande majorité de la population ne veut plus voir. En fait, le 23 décembre, les Congolais ne vont pas se rendre aux urnes pour choisir leur président, mais bien pour voter contre Kabila et tout son système. Et leur choix se portera sur celui qui est désormais perçu comme « le candidat du peuple », peu importe ce que l’on peut penser de lui. Souvenons-nous du 2è tour des élections de 2006. Malgré l’appel au boycott lancé par feu Étienne Tshisekedi, dont la popularité ne saurait être contestée, le peuple congolais l'avait ignoré, votant massivement en faveur de Jean-Pierre Bemba. Fait marquant : les deux provinces du Kasaï avaient non seulement ignoré l’appel du « vieux », mais elles avaient aussi et surtout voté massivement pour celui que les Congolais avaient surnommé « Igwe ».

Il y a donc de fortes chances que nous assistions au même scénario le 23 décembre prochain. Le choix de Martin FAYULU comme « candidat commun » de l’opposition a eu un impact psychologique certain sur la plupart de nos compatriotes restés au pays. Il est désormais perçu comme le JP Bemba de 2006. Pour certains, il est le moindre mal, pour d’autres le « candidat commun », pour d’autre encore le « candidat du peuple ». À la différence de VK et de Félix qui sont avant tout les candidats de leurs partis et de leurs partisans. C’est à ce niveau qu’il faut situer ce qu’il convient désormais de qualifier de « phénomène FAYULU ». Les foules qui se rassemblent à chacun de ses passages en sont la preuve. Quand on analyse tous ces rassemblements de l’opposition, l’on s’aperçoit que ceux qui suivent VK et Félix veulent voir CACH gagner les élections, tandis que ceux qui soutiennent FAYULU ne veulent plus rien savoir de la Kabilie. Voyez-vous la nuance ? Peut-être pas.

Il suffit d’analyser la posture de FAYULU sur les élections pour s’apercevoir qu’il n’est pas vraiment dans la logique des élections, mais d’affrontement avec le régime. Autant le pouvoir compte utiliser la MAV pour faire triompher Shadary, autant FAYULU et les siens (sans compter la communauté internationale occidentalisée qui lorgne et attend le moment opportun pour entrer en scène...) comptent se servir de ces élections calamiteuses pour en finir avec celui-ci. D’où l’ambiguïté de sa fameuse phrase préférée : « Nous irons aux élections sans MAV ».

Il faut avoir un œil sur le front pour voir ce que le commun des mortels ne peut voir et un cerveau rodé à l’analyse stratégique pour comprendre le langage codé de LAMUKA. En tout cas si la tendance se maintient, Martin FAYULU va devenir le 4è président de la République à démocratiser du Congo. Les stratèges de la Kabilie en sont conscients; raison pour laquelle ils lui font la guerre à bas bruit et l’accusent de rouler pour les « impérialistes ». Ceux-là mêmes qui ont imposé Joseph Kabila au pouvoir, l’ont maintenu à la tête du Congo contre la volonté du peuple congolais, avant de s'en défaire sans sourciller... au même titre que le cordonnier du coin se débarrasse de la fille légère du quartier «ramassée» quelque part à Pakajouma...

 

Patrick Mbeko

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