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Felix Tshisekedi

Présidentielle du 30/12/18: The winner is Félix Tshisekedi Tshilombo. Mais…

Annoncée initialement à 23h00, ce n’est qu’à 1h00 du matin, soit jeudi 10 janvier, que la Ceni a démarré sa conférence de presse. C’est à 3h00 du matin que la Centrale électorale a fini par annoncer le vainqueur de l’élection présidentielle. Son nom: Felix Tshisekedi Tshilombo, L’histoire ne dit pas si le candidat de la coalition « Cash » est sorti premier, devant respectivement Martin Fayulu et Ramazani Shadary, par la « volonté malicieuse » de « Joseph Kabila » ou grâce à la vérité des urnes. Ce jeudi, tous les yeux seront braqués vers les évêques de la Cenco qui avaient sommé la Ceni de publier les résultats de la présidentielle arguant qu’ils « connaissaient le nom du vainqueur ».

« Je rends hommage à Joseph Kabila que je considère comme un partenaire politique et non comme ennemi ». C’est la toute première déclaration de Félix Tshisekedi Tshilombo près de deux heures après l’annonce de sa proclamation en qualité de « vainqueur » de l’élection présidentielle.

Quarante-huit heures auparavant, les conversations sur les réseaux sociaux tournaient autour des « tractations » vraies ou supposées entre le « clan Kabila » et la coalition Cach (Cap pour le changement) du duo Tshisekedi-Kamerhe. Le site de l’Apareco a été le premier à dévoiler le pot aux roses.

« DEAL SECRET »

Dans une publication parue, lundi 7 janvier, sur le site de l’Apareco (Alliance des patriotes pour la refondation du Congo), cette organisation – qui se réclame de la résistance aux « occupants » – n’a pas usé de périphrases en révélant qu’une « rencontre secrète » « a eu lieu » le samedi 5 janvier 2019 entre le candidat du Cach à la présidentielle et « Joseph Kabila ».

Dans le style qui lui est propre, le site de préciser que les deux hommes auraient conclu un « deal secret ». En clair, pour barrer la route à Fayulu, « Kabila » a été « contraint » de « sacrifier » son « dauphin » Emmanuel Ramazani Shadary en proposant la « victoire » de Tshisekedi Tshilombo. A en croire le site Apareco, le clan « Kabila » aurait obtenu, « en contrepartie » « la primature ainsi que tous les postes régaliens ».

L’idylle entre « Cach » et clan « Kabila » a commencé à circuler comme une mauvaise blague voire une intox. Habitués aux rumeurs et autres « fake news », nombreux sont les Congolais qui avaient balayé cette « histoire » du revers de main. Hélas, ce qui passait pour de l’intox est devenu un « fait politique » au regard des récentes déclarations tant du secrétaire général de l’UDPS que de « Felix » lui-même.

MAIN TENDUE

« Je suis prêt à tendre la main à ceux qui ont gouverné ce pays. Qu’on le veuille ou non, ils ont une certaine expérience, ils ont une connaissance de ce pays. Il y a des choses à faire peut-être ensemble ». L’homme qui parle s’appelle Félix Tshisekedi Tshilombo, président de l’UDPS et leader de la coalition politique « Cach » (Cap pour le changement). C’était dans une interview accordée, mercredi 9 janvier, à la radio kinoise Top Congo.

Comme pour répondre aux dirigeants de l’UDPS, le FCC Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias a fait, le même mercredi, une sortie médiatique remarquée en déclarant: « Le FCC est prêt à s’unir avec la coalition Cach pour gérer le pays ensemble, si la main leur était tendue ».

Les dirigeants de l’UDPS ont, ces derniers jours, surpris l’opinion par des propos d’une modération appuyée à l’égard du clan « Kabila ». Et vice versa. On ne peut qu’espérer que les « résultats provisoires » publiés ce matin par la Ceni procèdent effectivement de la « vérité des urnes » et non d’un « deal politique » dont le but est de permettre à « Kabila » et ses oligarques – arrogants et incompétents – de sortir par la porte pour mieux revenir par la fenêtre. Les Congolais, dans leur grande majorité, piaffent d’impatience pour tourner définitivement la page de dix-huit années cauchemardesques d’un « système » anti-national et dénué d’humanité…

Ouvrons la parenthèse ici pour signaler un élément vidéo daté apparemment de mars 2017 en circulation sur les réseaux sociaux. On y voit un « Félix » intransigeant qui exige le « départ » de « Kabila » qu’il qualifie d’ « imposteur » et de « tricheur ». « C’est un tricheur. C’est quelqu’un qui s’est imposé contre la volonté de la population ». Fermons la parenthèse.

« Si la proclamation de Félix Tshisekedi Tshilombo comme vainqueur de la présidentielle est conforme à la vérité des urnes, tout démocrate devrait s’incliner. Si ce n’était pas le cas, cela va poser un vrai problème. On se trouverait face à un cas présumé de compromission ». Il n’était pas rare d’entendre ce genre de réflexion tard dans la soirée de mercredi 9 janvier.

COUP DE FORCE ELECTORAL?

L’annonce imminente des résultats provisoires de la présidentielle avait suscité déjà quelques réactions. « Il serait inadmissible de voler la victoire du peuple », lance le Comité laïc de coordination (CLC). On le sait, le CLC a été l’initiateur des « manifestations pacifiques » organisées le 31 décembre 2017, le 21 janvier et le 25 février 2018. La répression fut sanglante.

« Les résultats électoraux ne se négocient pas », a déclaré, pour sa part, l’autre candidat à la présidielle et porte-étendard de « Lamuka », Martin Fayulu Madidi. Même son de cloche, dans les milieux des missions d’observation électorale de la Cenco, de l’ECC et de la Symocel. Pour ces trois organisations, la Ceni a le devoir « de ne publier que les résultats issus des urnes ». Ajoutant que « la publication des procès-verbaux de compilation est capitale ».

Dès mardi 8 janvier, des forces dites de sécurité ont été déployées tant aux alentours du siège de la Ceni qu’aux endroits névralgiques de la capitale. La ville semblait en état de siège. Un étalage de force qui semble donner raison aux Kinois qui parlent d’un « coup de force électoral ». 

SE REMPLIR LES POCHES ET LE VENTRE

Si « Kabila » et sa clique parvenaient à réaliser ce qui ressemble à un hold-up électoral, on peut gager que la « nouvelle majorité » s’empressera de faire sauter le « verrou » constitutionnel que représente l’article 220 de la charte fondamentale. Cette disposition prohibe la révision d’une série de matières. C’est le cas notamment du nombre et de la durée des mandats du Président de la République.

Le scrutin de l’élection présidentielle au Congo-Kinshasa devait être convoqué en…septembre 2016. Conformément au deuxième alinéa de l’article 70 de la Constitution, le Président sortant – dont le dernier mandat expirait le 19 décembre de cette même année 2016 – devait rester en fonction « jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ».

Deux années après, le président sortant « Joseph Kabila » est toujours à la tête de l’Etat. L’homme continue à multiplier des stratagèmes pour pérenniser son pouvoir. Il a renforcé son emprise sur l’armée, la police et les services de renseignements civils et militaires.

Félix Tshisekedi Tshilombo est déclaré « vainqueur » de l’élection présidentielle. La partie est-elle gagnée? On peut en douter en dépit du fait que le « nominé » a « rendu hommage » à ses principaux rivaux.

Dès ce jeudi, tous les yeux seront rivés vers les évêques de la Cenco. Il  appartient ces derniers à faire estomper l’ambiance délétère en communiquant leur « part de vérité des urnes ».

En attendant, il est dommage de constater que l’aspiration de la population congolaise au changement risque d’être, une fois de plus, d’être contrariée par un personnel politique vénal, toujours prêt à toutes les compromissions pour se remplir les poches et le ventre

Baudouin Amba Wetshi

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