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RD CONGO : et le sang coula, par Boubacar Sanso Barry

S’il est admis que les sentiers qui mènent à la dictature et à l’autocratie sont imbibés de sang, on ne devrait plus se poser de question au sujet de Joseph Kabila. On savait le président congolais obsédé par son fameux glissement électoral. On se demandait toutefois si, comme d’autres de ses homologues africains, il est prêt à enjamber des cadavres pour arriver à ses fins. Eh bien, depuis hier on a la réponse. Et elle est tragique et cruelle à la fois. Elle vaut au moins 17 Congolais dont les vies ont été froidement arrachées par une vile envie de garder le sceptre du pouvoir. 17 innocents Congolais dont le carnage s’apparente à un sacrifice rituel nécessaire à la concrétisation des ambitions d’un seul homme. Quel égoïsme ! Le cynisme est tel qu’aujourd’hui plus qu’hier, Joseph Kabila, quoi que cela puisse coûter à ses compatriotes, ne mérite aucune prolongation de son mandat. Il en est tout simplement indigne.

Les représentants du gouvernement congolais, quelque peu dépassés par les événements et anticipant les réactions corsées qui ne manqueront pas de pleuvoir des quatre coins du monde, recourent à une communication qui en dit long sur la panique et la fébrilité qui commencent à les gagner. Ainsi, alors que 14 manifestants civils sont morts des suites de tirs à balle réelle, les autorités ont le culot de se défendre avec la carte d’un piège dont les services de sécurité auraient été victimes de la part des manifestants. Les victimes sont là pour attester les faits tels qu’ils se sont passés, mais la version officielle des autorités congolaises ne reconnait, de la part des forces de l’ordre, qu’une intervention destinée à interdire et à disperser une manifestation qui commençait à déraper. A la cruauté, on ajoute un déni dénué de toute compassion.

Cependant, si on en est à cette situation des plus macabres, ce n’est pas que de la faute à Kabila. Certes, il en est le principal responsable. Mais on ne peut s’empêcher de pointer une nouvelle fois le rôle trouble et ambivalent que l’Union africaine a joué dans ce pays ces derniers mois via son fameux médiateur, Edem Kodjo. On l’aura remarqué et la farce de dialogue qu’on nous servi l’aura amplement démontré. L’ancien premier ministre togolais avait pour agenda caché de faire admettre les volontés du président congolais. L’important pour Joseph Kabila étant de passer le cap symbolique du 20 décembre 2016, Edem Kodjo avait quasiment arraché cette concession de la part d’une tendance tatillonne de l’opposition congolaise. Justement, cette branche de l’opposition, naïve et sans doute cupide, est aussi responsable de ce qui est arrivé. En prenant part à ce fameux dialogue que rien ne justifiait, cette franche de l’opposition a quelque peu cautionné le massacre d’hier. Car elle a provoqué une fissure dans le front des contestataires. Une brèche dans laquelle le pouvoir s’est engouffré en assimilant les plus radicaux de ses opposants à des ennemis qui méritent une leçon extrême.

Enfin, le silence qu’observe la Cour pénale internationale (CPI) est de ceux qui justifient toutes les accusations à son encontre. Il est vrai qu’en se taisant sur cette barbarie préméditée et perpétrée à dessein, elle accrédite la thèse selon laquelle elle ne poursuit que les faibles. Une attitude qui n’est pas de nature à dissuader des hommes forts qui, comme Joseph Kabila, ont pleinement conscience de leur ascendance sur leurs pauvres victimes.

Boubacar Sanso Barry

 

SOURCE : http://www.ledjely.com/2016/09/20/rd-congo-et-le-sang-coula/

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