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Monseigneur Fridolin Ambongo, Archeveque de Kinshasa

TV5 Monde — Journal Afrique : Transcrit de l’Interview du Monseigneur Fridolin Ambongo

JOURNALISTE : Monseigneur Ambongo bonsoir, bienvenue au journal Afrique. Alors vous êtes de passage en France pour la nuit des témoins. Ce sont des veillées de prière organisée pour les chrétiens persécutés. Est-ce que vous considérez que les chrétiens de RDC ont été ou sont victimes de l’ancien régime politique congolais ?

MGR AMBONGO : mais nous estimons que les chrétiens au Congo comme l’ensemble de la population souffrent du système politique qui est en place depuis très longtemps. Au lieu de servir l’intérêt de la population, nous avons hérité au Congo depuis plusieurs décennies, un système qui a plus pratiquement le peuple en otage et qui fonctionne comme une oligarchie des gens qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Et la conséquence et c’est que la situation du peuple congolais est aujourd’hui dramatique

JOURNALISTE : les catholiques les chrétiens aux Congolais ont payé le prix fort pour le pour l’alternance, puisqu’il y a eu plusieurs marches organisées par le ciel c’est le comité de coordination contre lesquelles des chrétiens sont morts. Est-ce que vous considérez que les catholiques doivent continuer à s’engager politiquement, quitte à y perdre leur vie ?

MGR AMBONGO : ça fait partie de l’engagement chrétien. Quand on est chrétien on croit à au salut apporté par Jésus-Christ. On ne peut que s’engager du côté de celui qui souffre. Et au regard de la situation actuelle notre peuple la conscience humaine, la conscience chrétienne et je dirais encore de façon particulière, la conscience des pasteurs nous oblige à nous impliquer et à nous mettre du côté de notre peuple.

JOURNALISTE : alors justement vous parlez d’implications. La conférence des évêques s’est beaucoup impliquée sur le processus électoral, vous avez supervisé, vous aviez des chiffres. Pendant longtemps vous avez dit que les résultats qui avait été proclamés par la CENI, la commission électorale n’était pas conforme à la vérité des urnes, sans toutefois prononcer véritablement le nom du vainqueur. Est-ce qu’aujourd’hui, vous pouvez clairement dire qui a remporté la présidentielle du 30 décembre 2018.

MGR AMBONGO : mais nous avions organisé une mission d’observation, avec plus de 40 mille observateurs dans les bureaux de vote et selon la technique que nous avions appliquée, les résultats de notre observation se passe de tout commentaire

JOURNALISTE : Qui était le vainqueur ?

MGR AMBONGO : Il est clair que messieurs Martin Fayulu a été élu d’après les résultats de notre observation à plus de 60 %. Mais comme vous le savez c’est quelqu’un d’autre qui a été a été proclamé

JOURNALISTE : vous avez rencontré depuis  que vous êtes en Europe plusieurs responsables politiques, pour dites-vous, porter ce message à savoir que la vérité des urnes n’a pas été respectée en République démocratique du Congo. Qu’est-ce que vous attendez de ces rencontres et qu’est-ce que vous attendez aujourd’hui de la communauté internationale

MGR AMBONGO : nous, comme église, nous ne nous accrochons pas au combat sur la vérité des urnes. En son temps, nous avons parlé de ce déni des vérités que nous avons vécues, qu’on élise quelqu’un et on proclame quelqu’un d’autre. Nous en avons parlé, mais l’église ne s’accroche pas à ça. L’église et se tourner vers l’avenir et la latitude le combat de l’église aujourd’hui c’est comment être à côté de son peuple pour faire avancer la situation du pays.

JOURNALISTE :    Alors justement vous vous aviez contesté ces résultats électoraux, mais vous avez pris acte finalement du fait que Félix Tshisekedi avait l’imperium de fait qu’il était donc le président de la République en fonction. Aujourd’hui vous affirmez donc il est temps de tourner la page, et de ne plus revenir sur cette question d’arrêter des urnes ?

MGR AMBONGO :    Chaque chose a son temps. Nous avons eu le temps de dénoncer ces qui a été un mensonge spectaculaire, mais nous constatons aussi que l’institution président de la république continue à fonctionner et pour le moment c’est Félix Tshisekedi qui occupe ce poste-là. Nous n’avons d’autre choix que composer avec celui qui occupe la fonction président de la République. Seulement nous constatons aussi qu’il est dans une situation extrêmement difficile et nous avons quelques inquiétudes à ce sujet, s’il aura vraiment tous les attributs d’un vrai président.

JOURNALISTE :    Effectivement on va revenir sur les premiers pas de Félix Tshisekedi en tant,... qu’en tant que chef de l’état. Mais il faudrait revenir peut-être sur le fait de nous accommoder donc de cette situation. Vous avez contesté l’élection Felix Tshisekedi. Vous avez effectivement expliqué qu’elle était issue d’un mensonge. En quelque sorte, d’un vol politique. Comment est-ce que l’Église catholique peut alors… sur quelle, sur la foi de quel argument est-ce que vous pouvez vous accommoder d’une situation qui résulte comme vous l’avez dit de mensonge et d’un vol politique.

MGR AMBONGO :    Parce que là nous sommes dans le monde politique. Ce n’est pas le monde de l’église. Nous n’avons pas un contrôle sur les institutions de la république. Notre rôle est essentiellement prophétique. Nous avons vu, nous avons dit c’est qui a été, nous avons dénoncé le mensonge qui était là, mais nous n’avons pas une armée, nous n’avons pas une police pour imposer une solution politique. Et nous comme église nous connaissons aussi les limites de notre action. Ce sont les limites des actions de tous les prophètes. De fois le prophète parle. Il est écouté où il n’est pas écouté. Mais ce qui n’empêche pas le prophète de continuer sa mission.

JOURNALISTE :    Félix Tshisekedi est entré en fonction depuis,... depuis fin janvier pendant toute sa campagne... c’est depuis sa campagne d’ailleurs il s’est engagé à lutter contre les antivaleurs : la corruption, le mensonge notamment. Est-ce que vous trouvez que ses premiers pas, depuis qu’il est installé, il envoie de bons signaux ?

MGR AMBONGO :     Oui ! Les décisions qu’il a prises sont jusque-là et je les dis en tenant compte aussi de sa situation, la délicatesse de sa propre situation. C’est courageux de sa part. Les discours qu’il tient, les promesses qu’il donne, mais aussi le premier geste qu’il est en train de poser. Nous savons qu'il n’a pas encore un contrôle réel sur le gouvernement, parce que le gouvernement tient encore de l'ancien régime. Nous savons qu’il n’a pas la majorité au parlement. Ses marges de manœuvre sont plus ou moins réduites. Mais il donne quand même des signes qu’il est de bonne volonté et qu’il veut réellement s’impliquer pour la cause de la population et nous ne pouvons que l’encourager sur cette voie-là.

JOURNALISTE :     Dans une interview au journal français La Croix, vous aviez donné au nouveau chef de l’état quelques conseils pour parvenir à isoler le camp Kabila. C’est-à-dire l’ancien chef de l’état. Est-ce que vous comptez continuer à donner ce type de conseil politique, au nouveau président de la République, aux catholiques et à la classe politique congolaise ?

MGR AMBONGO :      Le constat est que le nouveau président n’a pas de marge de manœuvre. Or les services de la population ne peuvent pas attendre. Le peuple doit être servi. Et pour que le peuple soit servi, il faudrait que le président ait tous les attributs d’un vrai Président. C’est pour cela que nous avons toujours dit, il faudrait aider Félix à devenir le président de la République. Qu’il soit capable de prendre des décisions pour l’intérêt supérieur de la nation. Mais nous constatons qu’il est coincé par l’ancien régime qui est encore majoritaire. Pour que Félix devienne réellement le président de la République avec tous ses attributs, il faudra que l’influence de l’ancien régime diminue. On ne peut pas avoir les deux à la fois.

JOURNALISTE :     Alors nous constatons vous avez à la fois une parole spirituelle, mais également politique. D’ailleurs l’église catholique du Congo s’est beaucoup engagée un pour le changement politique. Ça n’a pas fait l’unanimité au sein même de la communauté catholique. Il y a un verset biblique qui dit qu’il faut laisser à César, ce qui est à César et rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui estiment qu’en s’engageant aux côtés de l’opposition au cours de ce processus électoral, l’église catholique du Congo est sortie de son rôle de berger des âmes ?

MGR AMBONGO :      Pas du tout. L’église est dans sa mission et la mission de l’église en fait c’est quoi ? C’est aider les hommes à accéder au salut éternel. Ce salut éternel implique l’homme sous toutes ses dimensions. À la fois comme un être spirituel, mais aussi comme un corps. Nous ne pouvons pas travailler au Congo seulement pour le salut spirituel du peuple congolais alors que sur le plan matériel, le Congolais croupit dans la misère la plus détestable.

JOURNALISTE :      Merci à vous monseigneur Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa. Merci d’avoir répondu à nos questions. Merci

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