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Archbishop Marcel Utembi

Un accord qui devrait réconcilier les Congolais

Au finish… Il aura fallu treize heures de négociations ininterrompues, la menace à peine voilée de l’Eglise catholique de recourir à un mystérieux « plan B » et de dénoncer publiquement les responsables de l’échec, l’impatience croissante des ambassadeurs convoqués au centre diocésain et surtout la pression de l’opinion, nationale et internationale, pour que, peu avant minuit, alors que le dernier des ultimatums venait à expiration s’élève la « fumée blanche symbolique : un accord était conclu, qui devrait passer à l’histoire comme l’accord de la Saint Sylvestre ! Le comité restreint, réuni par la Conférence épiscopale du Congo, réunissant des représentants de Joseph Kabila, arrivé en fin de mandat, et des négociateurs issus de l’opposition avait enfin fixé les modalités précises du partage du pouvoir durant la période de transition qui précédera des élections qui devraient se tenir d’ici fin 2017.

Des virgules, des formulations, des verbes conjugués au présent ou au conditionnel : les négociateurs, bretteurs redoutables, se sont battus pied à pied, en répétant que chaque mot comptait et que, -comme l’Eglise catholique le sait mieux que personne- le diable se cache toujours dans les détails. « Il y avait des pièges, nous les avons déjoués, mais il y en aura encore d’autres» nous confiait, épuisé mais satisfait, le député Martin Fayulu mais « l’essentiel c’est qu’il n’y a ni gagnant ni perdant, tout le monde a su jeter du lest… »

L’accord politique, qualifié de « global et inclusif », prévoit donc que le président Joseph Kabila, dont le mandat s’est terminé le 19 décembre dernier, reste à la tête du pays et qu’il ne sera remplacé qu’après l’élection de son successeur. Cette élection interviendra d’ici décembre 2017, soit quatre mois plus tôt que le délai prévu par le premier accord obtenu sous l’égide du médiateur de l’Union africaine Edem Kodjo. En contrepartie de ce « bonus » accordé au président sortant, l’opposition obtient deux points : la création d’un Conseil national de transition (CNT) présidé par l’opposant historique Etienne Tshisekedi (84 ans) et le nomination d’un Premier Ministre issu de la coalition dite le « Rassemblement de l’opposition » plus radicale que les formations qui avaient déjà négocié un premier accord politique, conclu le 18 octobre dernier.
Jusqu’en dernière minute, deux points ont focalisé les débats : l’éventualité d’organiser un referendum qui ouvrirait la voie à une révision de la Constitution (et à un troisième mandat) et la « décrispation politique ».Alors que, sur le terrain, en province de Lualaba par exemple, les préparatifs de cette consultation avaient déjà commencé, ce n’est qu’en fin de soirée que les partisans de Kabila abandonnèrent ce projet. Autrement dit, le président Kabila, s’il demeurera en poste durant la transition, ne briguera pas de troisième mandat.

Quant à la décrispation, elle visait surtout la libération de certains prisonniers politiques et la possibilité, pour Moïse Katumbi, de pouvoir rentrer au pays. « Pour les porte parole de Kabila, « c’était devenu une affaire personnelle » nous confiait Martin Fayulu, « comme si la haine était toujours proche de l’amour. » En effet, jadis très proche de M. Kabila et aujourd’hui le plus populaire de ses opposants, candidat déclaré à la future élection présidentielle, l’ancien gouverneur du Katanga est devenu la « bête noire » du régime, bien plus détesté que d’autres « traîtres ». Au terme d’un procès contesté, il a été condamné à trois ans de prison pour une affaire de spoliation d’immeubles et, se sentant menacé, il a choisi de vivre en exil, officiellement pour y recevoir des soins médicaux. Son retour éventuel serait le symbole d’une décrispation véritable.
Le document de compromis consacre aussi la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, dirigé par un Premier Ministre proposé par le Rassemblement. Etienne Tshisekedi étant chargé de surveiller la transition, il est douteux que le poste soit confié à son fils Félix et d’autres noms circulent. Mais qu’adviendra-t-il de Sammy Badibanga, Premier ministre issu de l’accord du 18 octobre et qui vient à peine d’être investi ? Ce Kasaïen, jadis membre de l’UDPS et proche de la famille Tshisekedi, devra-t-il déjà céder la place ? Ou bien faudra-t-il attendre une nouvelle session de l’Assemblée nationale fin mars ? Malgré la signature de l’accord, le chronogramme reste flou et les pièges restent nombreux… « Il va falloir encore travailler, ce n’est donc pas une fin, seulement un début » souligne le Nonce apostolique, Mgr Montemayor, qui a sérieusement épaulé les évêques congolais.

 

Ces derniers peuvent en tous cas se réjouir d’avoir désamorcé une crise qui a déjà fait une quarantaine de morts tandis que, sur les réseaux sociaux, les simples citoyens, se souhaitant la « Bonana » (bonne année) constatent que leur pays, depuis l’indépendance, n’a jamais connu de transition pacifique mais qu’en 2017, peut-être, « le miracle sera congolais »…

 

SOURCE: http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2017/01/01/un-accord-qui-devrai…

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