Une bourde constitutionnelle — signée Joseph Kabila

Quand la mégalomanie franchie les frontières de la raison, il y a péril. Nous ne dirons pas assez qu’il faille arrêter cette folie qui atteint le Président de la République Démocratique du Congo.

Au moment où nous couchons ces lignes, nous attendons la confirmation de la participation du Président Kabila aux festivités d’inauguration du deuxième canal de Suez. Tout au moins, nous avons la confirmation que le Ministre des Affaires Étrangères, Monsieur Raymond Tshibanda l’y avait précédée.

Nous avions également appris la présence de son équipe d’avance en Egypte. La veille, usant de nous ne savons quel pouvoir constitutionnel, le « Despote de Kinshasa », car c’est désormais comme cela qu’il faut l’appeler, a décidé de forcer la main au Sénat en obtenant de gré ou de force l’adoption de la loi portant sur la répartition des sièges en prévision des élections locales. Sa névrose obsessionnelle quant au « glissement » dénote d’une folie pure et simple !

Pour ce faire, il a décrété l’interdiction de voyager de tous les sénateurs présents à Kinshasa. Il en a instruit toutes les autorités compétentes afin qu’au niveau des frontières aucun sénateur ne soit autorisé à quitter le pays.

Quant à ceux qui se trouvent à l’étranger au moment de sa décision, il leur a été indiqué de rentrer formellement et urgemment au Pays aux fins de voter la fameuse loi. Si cette obsession à une présidence à vie du président Kabila ne le conduit pas à une folie de grandeur, qu’en est-il de cette grosse bévue constitutionnelle ?

A notre sens, il a franchi les pas de lucidité. Sa clairvoyance et son sens de discernement sont faussés. De ce fait, le président Joseph Kabila vient donc de franchir le Rubicon et il veut entrainer les sénateurs dans sa perte.

Pour mémoire, il n’y a pas une semaine que le Sénat avait rejeté catégoriquement cette loi au regard des certains prescrits qui énervent la constitution d’une part et qui d’autre part conduisent inéluctablement vers un « glissement » du mandat du Président Kabila.

Faut-il rappeler que dans sa configuration actuelle, la majorité présidentielle est majoritaire au Sénat ? Il y a lieu de constater que l’opposition au glissement du mandat présidentiel a atteint la Majorité présidentielle. Dans la lutte sans violence, ce phénomène est appelé « conversion ». Beaucoup de sénateurs se sont convertis et se sont rangés derrière les aspirations du peuple Congolais.

Après avoir rejeté cette loi, le Sénat avait clôturé sa session extraordinaire. Les Sénateurs et à leur tête leur Président, l’honorable Léon Kengo Wa Dondo,  sont partis en vacance. Devant ce qui est considéré par le Chef de l’Etat comme étant une épreuve de force, celui-ci est monté sur ses chevaux et veut obtenir son « glissement ». Il est prêt à tout casser.

Certaines personnes rompues aux us et coutumes parlementaires s’étonnent que deux sessions extraordinaires soient successivement convoquées. De quel article de la Constitution le « Despote de Kinshasa » trouve-t-il  la légitimité d’interdire la sortie du Pays aux Sénateurs ? Est-il fou ?

Nous demandons à ces derniers de prendre courage et ils seront remercié par le peuple Congolais. Les sénateurs, de l’opposition et de la  majorité présidentielle, ne doivent pas suivre un Despote qui est apparemment détraqué. Les textes de loi sont écrits et votés pour être respectés.

Par ailleurs, la communauté internationale suit tous ses faits, ses gestes et mouvements de trop prêt. Tenez bon, prenez vos vacances parlementaires bien méritées  et surtout,  prenez le courage de votre conviction ! Marchez la tête haute, car, vous vous êtes distingues. Ne reculez pas, il faut avancer !

Le Satrape de Kinshasa ne pourra pas  infliger une punition collective à tout le Senat. Et s’il le fait, il aura donné une preuve irréfutable qu’il est détraqué, et la communauté internationale sera dans l’obligation d’intervenir au nom du droit international. Ce qui précipitera sa destitution. Encore une fois, prenez courage au nom du peuple congolais que vous représentez.

Nous en appelons au peuple congolais qui a déjà vaincu la peur — puisque l’ayant prouvé lors des événements du mois de janvier 2015 — de se réveiller et de barrer la route, une fois de plus, à ces tribulations de mauvais augure.