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Une feuille de route pour les États-Unis en RDC et d'autres démocraties africaines Naissantes, par Michael E. O’Hanlon et Sasha Lezhnev

Note de l'éditeur:
2019 pourrait ouvrir une nouvelle ère pour la République démocratique du Congo et la région au sens plus large si la communauté internationale centrait ses stratégies et utilisait les moyens dont elle disposait pour obtenir des réformes constructives, écrivent Michael O'Hanlon et Sasha Lezhnev. Cette pièce a paru à l'origine dans The Hill.
Le 30 décembre, la République démocratique du Congo n'a voté que pour sa troisième élection présidentielle de l'histoire - et la première où un président en exercice, Joseph Kabila, avait promis de se retirer avant les élections.
Auteurs, Michael E. O’Hanlon

Le scrutin était loin d'être une élection libre et juste. Selon des sondages indépendants, Martin Fayulu, le favori, aurait perdu la course.
Par la suite, Felix Tshisekedi, le fils du plus célèbre dissident du Congo depuis près de 59 ans d’indépendance, a été inauguré le 24 janvier après que la Cour constitutionnelle congolaise ait certifié le compte rendu des votes officiel, certes frauduleux.

À un certain niveau, les élections constituaient une insulte à la démocratie et une profonde injustice au peuple congolais. Pourtant, à un autre niveau, ce qui vient de se passer est meilleur que ce que la plupart des observateurs avaient prédit.

Le Congo a obtenu le premier transfert de pouvoir pacifique de son histoire - et a un nouveau président qui n’était pas le premier choix de son prédécesseur (le président Kabila avait favorisé un troisième candidat, Emmanuel Shadary).

À l’avenir, le choix de la communauté internationale est clair. En dépit de la voie entachée par laquelle Tshisekedi a accédé à la présidence et de l'immense défi de l'influence persistante du président sortant Joseph Kabila, les États-Unis, l'Europe et l'Union africaine devraient soutenir fermement les efforts de réforme que les dirigeants de la société civile congolaise appellent à transformer profondément état kleptocratique enraciné dont Tshisekedi hérite.

Deux domaines dans lesquels les Etats-Unis et l'Europe devraient utiliser leur poids financier et diplomatique pour induire des réformes en RDC, ainsi que d'autres démocraties naissantes en Afrique subsaharienne, concernent le secteur militaire et la corruption.
Les États-Unis et l’Europe ont un important levier financier en raison de la forte dépendance de l’économie congolaise à l’égard du dollar américain et, dans une certaine mesure, de l’Euro.

Si les États-Unis et l’Union européenne élaborent une stratégie de pression financière constante sur les acteurs corrompus de l’État kleptocratique violent du Congo, Tshisekedi aura une chance légitime de mener à bien les réformes visant à transformer le système pourri.

Les outils financiers comprennent:
• Sanctions à l’encontre des responsables corrompus, des facilitateurs étrangers et de leurs réseaux d’entreprises par le biais du puissant ordre du pouvoir américain Magnitsky;
• des mesures de lutte contre le blanchiment d'argent telles que la section 311 de la loi américaine Patriot Act ou un avis du Trésor auprès des banques; et
• Outils de récupération d’actifs.

Par exemple, si les États-Unis sanctionnent X en raison de son implication dans un accord corrompu d'un milliard de dollars, il est plus facile pour Tshisekedi de ne pas nommer cette personne ministre et de promulguer ensuite une réforme de la transparence qui empêcherait la conclusion d'un tel accord dans l'avenir.

En ce qui concerne l’armée, les États-Unis et d’autres pays devraient proposer une vision de la réforme de l’armée congolaise qui, jusqu’à présent, a fait beaucoup de mal aux civils et n’a pas pu vaincre de multiples insurrections à l’est.

De ce fait, la plus grande mission de maintien de la paix des Nations Unies au monde est devenue un dispositif quasi permanent et inefficace, tandis que l’armée de la RDC continue de souffrir de nombreux officiers corrompus et d’être gonflée par d’anciens rebelles mal intégrés et maltraités.
Les États-Unis et l’Europe devraient proposer à Tshisekedi un accord: réformer ses forces militaires, notamment en éliminant les hauts dirigeants corrompus et en les tenant pour responsables des violations, et en contribuant à en faire une force capable à terme d’exercer un contrôle souverain sur la prépondérance des forces armées sur l’étendue territoriale de la nation.
Les États-Unis pourraient offrir plusieurs centaines de conseillers militaires sur le terrain dans le cadre de cet effort. En ce qui concerne la lutte contre la corruption et la responsabilité, les États-Unis et l’Europe devraient exhorter Tshisekedi à commencer par quatre réformes principales.

Tout d’abord, la Gécamines, la société minière publique au cœur de nombreux scandales de corruption, devrait publier ses rapports financiers annuels, faire l’objet d’un audit indépendant et en modifier la gestion.
Deuxièmement, Tshisekedi devrait exiger de tous les agents de l'État qu'ils déclarent publiquement leurs avoirs, en commençant par lui-même, exigence de la loi congolaise rarement respectée.
Troisièmement, le Fonds monétaire international (FMI) devrait relancer un programme de facilités de crédit étendues au Congo, ce qui améliorerait la transparence de la banque centrale et améliorerait la situation budgétaire du Congo.
Enfin, Tshisekedi devrait insister pour que tous les contrats d’exploitation minière et pétrolière, connus pour leurs pratiques de corruption, soient publiquement divulgués, comme le requiert le décret du gouvernement, mais mal exécutés.

En outre, il serait important de mettre en place un solide mécanisme de redevabilté pour les violations des droits de l'homme et les crimes financiers, réclamé depuis longtemps par la société civile congolaise.
2019 pourrait marquer une nouvelle ère pour le Congo et la région au sens plus large si la communauté internationale centrait ses stratégies et utilisait les moyens dont elle disposait pour obtenir des réformes constructives. Si c'est le cas, le Congo pourrait enfin passer d'un statut d'État klepto à un État où la primauté du droit s'enracine beaucoup plus profondément.

 

SOURCE: https://www.brookings.edu/blog/order-from-chaos/2019/02/22/a-roadmap-fo…

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