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Albert Yuma, Joseph Kabila, Aubin Minaku

Urgent, Urgent — Indépendance de la Justice : Pour qui sonne le glas ?

Qu’est-ce qui fait courir les FCC dans les trois lois visant à réformer la justice congolais ? À cette question, une seule réponse : la peur des juges ! Depuis la lourde condamnation de Vital Kamerhe, les caciques du FCC se sont réunis précipitamment pour évaluer la situation et voir comment prévenir l’ouverture de nouvelles enquêtes judiciaires sur leur gestion.

 

“ Albert Yuma aurait enjoint la majorité parlementaire d’agir au plus vite

 

Au rang des personnalités FCC les plus menacées, on compte le PCA de la Gécamines, Albert Yuma. Ce dernier aurait enjoint la majorité parlementaire d’agir au plus vite afin de mettre un terme aux velléités des juges de prendre pleinement leur indépendance. En ce qui le concerne, le fameux dossier des 200 millions USD détournés des comptes de la Gécamines pèse comme une épée de Damoclès sur sa tête. L’argentier de Joseph Kabila et des FCC n’a vraiment aucune envie d’aller rejoindre Kamerhe à Makala. Joseph Kabila qui ne souhaite pas non plus être exposé dans de nouvelles accusations à charge de ses lieutenants politiques aurait donc mis les parlementaires FCC en demeure d’accélérer toute affaire cessante la reprise en main de l’appareil judiciaire.

 

“ Félix Tshisekedi qui se voit donc de plus en plus réduit à jouer les utilités et à inaugurer les chrysanthèmes.

 

C’est ainsi que le tandem Minaku-Nehemie s’est mis à l’ouvrage afin d’élaborer les trois textes de loi visant à remettre les magistrats au pas. Ces propositions de loi controversées battent en brèche le sacro-saint principe de séparation des pouvoirs qui constitue le socle du pacte républicain négocié lors du Dialogue Intercongolais à Sun City et inscrit dans la Constitution. Par ailleurs, ces textes réduisent à néant le rôle du Président de la République. Félix Tshisekedi qui se voit donc de plus en plus réduit à jouer les utilités et à inaugurer les chrysanthèmes.

 

“ Parmi ces champions du kabilisme, on compte les juges Lwamba, Funga, Ubulu et Kilomba...Norbert Nkulu, Bokona Wipa et Jean-Pierre Mavungu

 

En réalité, pour la petite histoire, tout au long de ses 17 années de pouvoir, la mainmise de l’appareil judiciaire a toujours été une des préoccupations majeures de Joseph Kabila. Cette obsession s’est traduite par un casting très précis et exigeant des juges appelés à siéger à la Cour Constitutionnelle au sein de laquelle l’ancien président dispose d’une majorité écrasante. En 2011 il avait pris soin de choisir quatre juges pour modifier la constitution. Ces juges remplirent parfaitement leur mission puisque cette modification aboutit à ce que l’élection présidentielle passe de deux tours à un seul. Ce sont ces mêmes juges qui, en 2015, devaient s’appuyer sur une interprétation à leur guise de l’article 70 alinéa 2 de la Constitution pour contrer les arguments de leurs pairs Vunduawe Te Pemako, Banyaku et Esambo et proroger le mandat du président de la République au-delà de l’échéance de 2016. Parmi ces champions du kabilisme, on compte les juges Lwamba, Funga, Ubulu et Kilomba. Pour compléter ces kabilistes pur jus, trois autres juges viennent directement du PPRD. Il s’agit de Norbert Nkulu, qui compte parmi les fondateurs du PPRD, Bokona Wipa, ancien Député PPRD et ancien président de la commission PAJ de l’Assemblée Nationale, Jean-Pierre Mavungu, ancien directeur de cabinet d’Aubin Minaku, Mongulu Tapangome, ancien sénateur FCC, et Wasenga Senga. Au total, Joseph Kabila et les FCC peuvent donc compter sur 9 juges qui sont totalement acquis à leur cause et obéissent les yeux fermés à leurs injonctions.

 

“ Les déboires d’un autre mandataire FCC, Patient Sayiba Ntambwe, DG de l’OGEFREM, a semé la peur dans le camp FCC et au sein de la famille biologique de Joseph Kabila.

 

Au fil du temps, Joseph Kabila a pris un grand soin à tout mettre en œuvre afin de contrôler totalement l’appareil judiciaire congolais. L’accession à la magistrature suprême de Félix Tshisekedi semble pourtant avoir sonné le glas des espoirs de son prédécesseur et de ses amis de demeurer dans l’impunité. L’ouverture des procès des 100 jours a été un véritable détonateur pour la justice congolaise. La condamnation du DG du Fonds National d’Entretien Routier Fulgence Bamaros, un des fidèles parmi les fidèles, dont le fonds servait de caisse noire pour les dépenses de Joseph Kabila a achevé de convaincre les FCC que l’accord secret liant les deux présidents — l’ancien et le nouveau — était caduc. Au cours des dix dernières années, ce sont effectivement des dizaines de millions de dollars du FONER qui ont servi à soutenir le train de vie de l’ancienne famille présidentielle. Il se raconte que la célèbre ferme de Kingakati et toutes ses dépendances, ainsi que les dizaines de domaines acquis par Joseph et Olive Kabila ont été financés en grande partie par les ressources du FONER. Par ailleurs, les déboires d’un autre mandataire FCC, Patient Sayiba Ntambwe, DG de l’OGEFREM, a semé la peur dans le camp FCC et au sein de la famille biologique de Joseph Kabila. Convoqué par le parquet pour une affaire de détournement de plus de 100 millions USD en vue de la construction du port sec de Kasumbalesa pour laquelle les sœurs de l’ancien président sont impliquées, le DG de l’Ogefrem n’a eu d’autres ressources que de fuir la justice avec le concours de son beau-frère le puissant Néhémie Mwilanya, coordonnateur des FCC. L’homme se cache dans la capitale. C’est dire que la peur a bel et bien changé de camp ! Qui aurait imaginé que les plus puissants des caciques FCC aient à se terrer comme des rats dans Kinshasa ?

 

“ Les trois textes déposés par l’ancien président de l’Assemblée Nationale pour tenter de reprendre en main l’appareil judiciaire constituent une véritable fuite en avant !

 

Faute de pouvoir freiner l’élan des juges, les affaires risquent de prendre tous les contours d’une véritable hémorragie au sein des FCC. Les trois textes déposés par l’ancien président de l’Assemblée Nationale pour tenter de reprendre en main l’appareil judiciaire constituent une véritable fuite en avant !

 

Devant cette volonté de remettre en question l’indépendance des juges, la réaction de l’UDPS et de LAMUKA a été instantanée. Et les messages de prise de conscience des anciens partenaires de l’opposition ont immédiatement produit leurs effets. Des milliers de jeunes gens ont envahi les avenues de la capitale pour exprimer leur colère et exiger le retrait des textes de loi. Au-delà de cette réaction spontanée, des millions de Congolais attendent les mots d’ordre pour se joindre à ce premier mouvement en se préparant à marcher pour manifester leur ras-le-bol contre l’impunité, la corruption et la mauvaise gouvernance. À la majorité parlementaire, une majorité sociologique et populaire veut exprimer son impatience de voir le pays se libérer de l’emprise mortifère des FCC.

 

“ Félix Tshisekedi est placé devant un choix cornélien

 

Dans ce contexte, le Président de la République Félix Tshisekedi est placé devant un choix cornélien. Tout en ayant donné des gages aux FCC qu’il ne fouinerait pas dans les dossiers du passé, il est pressé par le peuple congolais de préserver l’indépendance de la Justice.

 

À l’heure où l’on assiste au réveil de l’appareil judiciaire, les Congolais veulent que tous les responsables du pays, sans exception, rendent compte de leur gestion. Les poursuites et les condamnations ne peuvent se limiter aux seuls Vital Kamerhe. Pour les Congolais qui ont assisté en direct au procès du siècle et qui ont pris goût à cet exercice de transparence et de vérité, nul ne peut échapper aux rigueurs de la loi. En accédant au pouvoir, Félix Tshisekedi avait promis de mettre un terme à la corruption et à l’impunité. Désormais, il lui appartient de remplir sa promesse. Les heures qui viennent seront donc déterminantes pour l’avenir de la justice et celui de la coalition au pouvoir.

 

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