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Visite du Conseil de Sécurité des Nations Unies en RDC: opportunité d'ouvrir l'espace civique avant les élections de décembre

Du 4 au 8 octobre, le Conseil de sécurité des Nations Unies se rendra en République démocratique du Congo (RDC). Ce sera la quatorzième mission du Conseil de sécurité des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC). La dernière visite a eu lieu en novembre 2016. Comme c'était il y a deux ans, le sujet de la discussion sera les prochaines élections, initialement prévues pour décembre 2016 et maintenant fixées à décembre 2018.

Lors de sa dernière visite en 2016, l’une des principales préoccupations du Conseil de sécurité était la candidature présumée du Président Kabila à la présidence. Une telle candidature aurait été controversée: la Constitution congolaise ne prévoit que deux mandats et le dernier mandat de Kabila aurait dû prendre fin en décembre 2016. Cette préoccupation particulière du Conseil a été levée le 8 août 2018, lorsqu’Emmanuel Shadary Ramazani, ancien ministre de l'Intérieur, a été désigné comme «dauphin» de Kabila et candidat aux élections présidentielles.

« La liste des questions du Conseil de sécurité à poser est toutefois plus longue que celle de la candidature désormais réglée de Kabila ».

La liste des questions du Conseil de sécurité à poser est toutefois plus longue que celle de la candidature maintenant réglée de Kabila. En 2016, le Conseil de sécurité des Nations unies avait appelé à «la suspension des poursuites judiciaires politiques, libération des prisonniers politiques, (…) l'ouverture d'un espace politique permettant la tenue de débats dans des conditions pacifiques (…) un débat politique libre et constructif, où la liberté d'opinion, de réunion et un accès équitable aux médias sont garantis et où la sécurité et la liberté de circulation sont également assurées. »

« Aujourd'hui, il y a autant, sinon plus, à dire sur les préoccupations en matière de droits de l'homme dans le pays qu'en 2016 ».

Aujourd'hui, il y a autant, sinon plus, à dire sur les préoccupations en matière de droits de l'homme dans le pays qu'en 2016.

En dépit des anciens messages par le Conseil de sécurité aux autorités de la RDC, le peuple congolais n’est toujours pas en mesure d’exercer librement ses droits fondamentaux pour pouvoir exprimer son opinion sur des questions liées aux élections. Depuis 2015, les organisations de l'opposition et de la société civile organisent régulièrement des manifestations pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme tactique consistant à retarder les élections.

« Les manifestations avaient été interdites ou brutalement réprimées. Plus de 300 personnes ont été tuées et de nombreux blessés ou arrêtés arbitrairement. »

Les manifestations avaient été interdites ou brutalement réprimées. Plus de 300 personnes ont été tuées et de nombreux blessés ou arrestations arbitraires. Des opposants politiques et des défenseurs des droits de l'homme avaient été arrêtés et poursuivis arbitrairement avec des chefs d'inculpation à caractère politique. Le 24 septembre, un tribunal a condamné quatre militants de la démocratie et des droits de l’homme membres du mouvement de la jeunesse Filimbi à une peine d’un an de prison pour avoir mobilisé la population lors des manifestations pacifiques organisées à l’échelle nationale en décembre dernier par le comité laïc de l’Église catholique. Amnesty International a appelé à leur libération immédiate. Plusieurs militants ont fui leurs maisons ou même le pays.

« La récente décision de Kabila de ne pas se porter candidat à la présidentielle n’a eu aucun impact sur l’ouverture de l’espace civique. »

La récente décision de Kabila de ne pas se porter candidat à la présidentielle n’a eu aucun impact sur l’ouverture de l’espace civique. De nombreux Congolais sont toujours préoccupés par l’élimination par la Commission électorale de plusieurs candidats clés à l’élection présidentielle, par l’utilisation prévue de machines à voter et par les fichiers électoraux. Cependant, leurs tentatives d'exprimer leur mécontentement continuent d'être réprimées. Le 3 septembre, lors de manifestations contre l'utilisation de machines électroniques à voter, au moins 23 manifestants pacifiques avaient été blessés et 89 autres arrêtés dans la capitale Kinshasa et dans les villes de Goma, Lubumbashi, Bukavu, Mbandaka, Mbuji-Mayi et Tshikapa. À Bukavu, la police avait même agressé sexuellement deux femmes activistes.

Pendant ce temps, le conflit dans l'est de la RDC traverse un autre cycle ascendant et la situation dans les provinces du Kasaï reste dramatique. Le rapport d'août du Bureau commun des droits de l'homme des Nations Unies montre que, dans les Kivus et les Kasaïs, les forces de sécurité de la RDC restent les principaux acteurs des violations des droits de l'homme.

« Cette répression persistante des droits de l'homme ne présage rien de bon au cours des mois qui précéderont les élections de décembre. »

Cette répression persistante des droits de l'homme ne présage rien de bon au cours des mois qui précéderont les élections de décembre.

Le Conseil de sécurité devrait de nouveau rappeler aux autorités congolaises de lever formellement toute interdiction de manifestations pacifiques et de mettre fin à la répression des réunions de l'opposition et de la société civile. Cependant, lors de cette visite, la responsabilité incombe vraiment aux autorités congolaises. Ils pourraient en profiter pour lancer une puissante déclaration sur leur volonté d'ouvrir l'espace civique avant les scrutins de décembre et libérer toutes les personnes détenues arbitrairement pour la simple exercice de leurs droits fondamentaux, y compris, quatre membres de Filimbi condamnés la semaine dernière.

Il reste à savoir si les autorités saisiront la chance qui leur est offerte par cette visite.

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