New York Times: A quand le départ de Kabila ? Le leader Congolais est devenu indésirable, par Kimiko de Freytas-Tamura
KINSHASA, République démocratique du Congo - Au Congo, ils appellent cela « le glissement ». Le terme « glissement » décrit la perspective que les élections vont se dissiper comme le Joseph Kabila manœuvre pour prolonger son règne de 16 ans, ce qui lui avait donné et sa clique de vastes richesses, mais très peu fait pour le petit peuple.
Le très impopulaire M. Kabila, 46 ans, devait démissionner le 20 décembre dernier à la fin de son second mandat légal constitutionnellement. Mais il a refusé, déclenchant un une profonde politique et économique profonde dont la résolution pourrait tourner chaotique et violente.
"Le président doit partir," avait déclaré Fiston Ntumba, 27 ans, un chauffeur de moto-taxi, à Kinshasa, la capitale. « En refusant de partir, il cherche la guerre. Nous avons donc décidé d'aller à la guerre, aussi. »
Une implosion de la République démocratique du Congo, un pays presque la taille de l'Europe occidentale, pourrait se répandre et impliquer quelques-uns de ses neuf pays frontaliers. Dans les années 1990, les pays voisins aspirés dans ce qui était connu comme la Grande Guerre de l'Afrique, qui avait fait plusieurs millions de morts.
Un personnage clé dans ce conflit était M. Laurent-Désiré Kabila, le père de Kabila, qui avait pris le pouvoir en 1997. Le jeune M. Kabila avait été [choisit] chef en 2001, après l'assassinat de son père du pays.
A Kinshasa, l'ambiance était tendue récemment comme les résidents se demandaient si M. Kabila allait honorer le pacte qui lui avait permis de rester en fonction jusqu'à la fin de l'année alors que le pays se préparait aux élections.
« Nous attendons », a déclaré Elysée Jiyenge, 57 ans, un boutiquier dans la capitale. « Nous prions Dieu pour que quelque chose arrive, parce que Dieu ne peut pas laisser cette souffrance continuer tout simplement. »
Au mois de Décembre dernier, un groupe influent des évêques catholiques, la Conférence épiscopale nationale du Congo, avait négocié un accord pour un gouvernement de transition suivie d'élections à la fin de cette année. Depuis lors, M. Kabila a remanié son gouvernement, choisissant une figure majeure de l’opposition, Bruno Tshibala, en tant que Premier ministre.
Mais le calendrier pour organiser l’élection a mal glissé.
Dans une récente interview accordée à un journal allemand, M. Kabila avait-il déclaré qu’il n’avait « rien promis » dans l'accord de Décembre. La commission électorale ajouta au sens de l'incertitude en disant qu'il serait probablement impossible de tenir les élections à temps en raison du manque de fonds - disant que le processus coûterait 1,8 milliard $ - et en raison des troubles dans la région du Kasaï central.
Les diplomates impliqués dans les négociations disent que le temps est compté et que les opportunités pour sponsoriser un départ pacifique de Kabila deviennent de plus en plus décroissantes chaque jour.
Le « glissement » est particulièrement dangereux car personne ne sait quand et comment elle se terminera, a déclaré un diplomate occidental qui a parlé à la condition de garder son anonymat, citant le protocole diplomatique. La résilience du peuple congolais est légendaire, mais ils ont déjà beaucoup souffert ajouta cet officiel.
Le Congo est extrêmement riche en ressources naturelles. C’est le plus grand producteur du cuivre de l'Afrique et une source vitale du cobalt utilisé dans les batteries rechargeables et les téléphones intelligents. Le Congo possède de grandes quantités de diamants, de l'or, du pétrole, du bois et de l'uranium.
Et pourtant, l'économie est en chute libre.
Cela en partie à cause de la baisse des prix des matières premières et en partie à cause de la mauvaise gestion générale, la croissance est passée du double numérique il y a quelques années à un peu moins de 3 pour cent. La monnaie a perdu la moitié de sa valeur en 12 mois. Les prix grimpent rapidement, endommageant le niveau de vie déjà précaire de la population. Les soldats, les enseignants, les médecins et les fonctionnaires n’ont pas été payes leurs salaires officiels depuis des mois.
Eduardo Sauteras / Agence France-Presse - Getty Images
Comme la crise économique s’aggrave, le Fonds Monétaire International a menacé récemment de fermer le robinet de l'argent dont le pays a besoin désespérément à moins que M. Kabila accepte d'élections. Les coffres de la trésorerie de la banque centrale sont pratiquement vides. Les banques commerciales font face à une crise de liquidité comme les gens convertissent leurs francs congolais en dollars sur le marché noir au lieu de les mettre dans leurs comptes d'épargne.
La liste des problèmes dont fait face le Congo, qui n'a jamais eu un transfert pacifique du pouvoir, va bien au-delà de l'économique.
Une guerre civile entre les troupes gouvernementales et les opposants de Kabila fait rage dans le cœur du pays, où au moins 80 fosses communes ont été découvertes depuis l'année dernière et plus d'un million de personnes ont été déplacées. Deux experts des Nations Unies qui enquêtaient sur les tueries en masse ont été tués au mois de Mars.
Maintenant, la violence est répandue à Kinshasa. La semaine dernière, un groupe d'hommes ont pris d'assaut Le Grand Marché, un marché populaire, tuant au moins trois agents de la police. L'administratrice du marché, une sup porteuse de Kabila selon les rumeurs, a été retrouvée morte avec la gorge tranchée. En mai, une évasion énorme de prison déversa plus de 3000 prisonniers dans la rue.
M. Kabila est détestée à une telle enseigne que la grande majorité de ses compatriotes maintenant regrette Mobutu Sese Seko, l’ancien leader du pays plus connu pour sa répression impitoyable des opposants et un appétit gargantuesque pour le luxe, payé en grande échelle par la corruption. Contrairement au reclus M. Kabila, Mobutu se montrait en public et donnait des discours galvanisants.
La situation est devenue si mauvaise que les rumeurs d'un coup d'État tourbillonnent dans les milieux diplomatiques et même, dans le parti de M. Kabila, connu sous le nom de la Majorité Présidentielle.
Jusqu'à présent, M. Kabila bénéficie de la protection de sa redoutable Garde présidentielle, une armée personnelle, farouchement fidèle et forte de 40,000 membres qui mènent de répressions brutales à sur ses instructions.