Communique de la LUCHA - cessation de toute activité académique

Les étudiants d'au moins cinq universités de Goma (dont la principale institution publique de la place, l'Université de Goma) viennent d'entamer ce mercredi 17 février une cessation de toute activité académique pour exiger la libération des 6 étudiants (et militants de la LUCHA) enlevés ce mardi 16 février dans la nuit, puis détenus au cachot des renseignements de la Police à Goma.

Aucune activité n'a lieu au Campus du Lac depuis ce matin.

Par ailleurs, un groupe d'une centaine d'étudiants de ces institutions ont carrément décidé d'aller faire un sit-in devant le cachot du P2 où les 6 camarades étaient détenus jusqu'à ce matin. Au moment où nous préparions cet update, nous avons appris qu'alors que ce groupe se dirigeait vers le parquet de grande instance, où les 6 camarades allaient être transférés, une intervention de dizaines de policiers à bord de jeep a eu lieu et a brutalement dispersé le groupe, et arrêté au passage une vingtaine d'étudiants qui n'ont pas pu / voulu s'enfuir.

Actuellement, ces étudiants, dont nous ne connaissons pas encore les identités, sont entrain d'être entendus au P2.

Suite à cette situation, la tension est entrain de monter parmi les étudiants, qui ne jurent que par la libération de tous leurs camarades. Demain l'ULPGL, l'ISC et d'autres institutions pourraient prendre le relais, si l'ensemble des étudiants et militants arrêtés depuis hier ne sont pas libérés ce soir au plus tard.

Etant donné la difficulté à gérer la colère des étudiants, la LUCHA craint pour notre part des violences, que les autorités ne manqueront pas de mettre à sa charge. Malgré nos appels incessants aux camarades étudiants via les réseaux sociaux pour éviter toute violence, nous ne pouvons malheureusement pas garantir le contrôle de leurs actions. C'est pourquoi nous enjoignons les autorités, à commencer par le gouverneur Paluku et le Commissaire Awashango, à faire preuve de bon sens et de responsabilité en ordonnant la libération immédiate de tous les étudiants et tous les militants arrêtés.

Nous appelons les organisations de défense des droits de l'Homme (dont nous saluons au passage le soutien) ainsi que la communauté internationale et toutes les personnes de bonne volonté, à peser de tout leur poids auprès du gouverneur Paluku, du Commissaire Awashango et des autres autorités (y compris à Kinshasa) pour que nos camarades et les étudiants arrêtés à Goma soient immédiatement relâchés, et ceux portés-disparus à Kinshasa retrouvés. En agissant ainsi, vous montrerez que vous accordez réellement de l'importance aux valeurs et principes de liberté, de dignité et de respect des droits de l'Homme que vos pays et vos organisations défendent.

Les Congolais sont souvent accusés de ne pas faire assez pour faire respecter leurs droits, ou de le faire dans la violence. Pour une fois qu'une vraie dynamique d'activisme non-violent se met en place en RDC, il est crucial que la communauté internationale et les défenseurs des droits de l'Homme prouvent leur cohérence et s'assurent que les autorités garantissent un espace de libre expression des opinions divergentes.

En particulier en cette période où une grave incertitude pèse sur le processus démocratique, en passe de dérailler à cause de la mauvaise foi manifeste des autorités.

Cordialement,

Pour la LUCHA,

Jean Bwenge,

Militant

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http://www.luchacongo.org/