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Un homme tient une pancarte avec un message pour le président Kabila lors de manifestations à Kinshasa lundi. Photographie : Thomas Mukoya /Reuters

Intensification des Manifestations en RDC au Moment que Kabila S’accroche au Pouvoir Malgré la Fin de Son Mandat

Le Chef de l’opposition appelle les Congolais à résister pacifiquement au « leader illégitime » en cours des affrontements avec les forces de sécurité.

Des centaines de manifestants se sont affrontés avec les forces de sécurité en République démocratique du Congo après que le mandat du président Joseph Kabila a expiré sans que l’ancien commandant de la guérilla de 45 ans ait quitté le pouvoir.

Dans la capitale, Kinshasa, la police et les soldats ont tiré des balles réelles alors que les militants de l’opposition ont brûlé des pneus, attaqué un bureau du parti au pouvoir et jeté des pierres. La violence a également été signalée dans la ville de Lubumbashi, dans le sud du pays.

La mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC a déployé des patrouilles à Kinshasa et ailleurs pour tenter de prévenir toute escalade. On craint que la crise politique ne dégénère, ce qui peut conduire à une guerre civile.

Dans un message vidéo diffusé au cours de la nuit, le leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi, a appelé les Congolais à résister pacifiquement à un « leader illégal illégitime ». Il a dit que Kabila avait commis une trahison en s’accrochant au pouvoir par ce qu’il appelait un coup d’État.

Barnabé Kikaya, le principal conseiller diplomatique du président, a déclaré : « Le gouvernement... s’engage à assurer la paix, l’ordre et le respect de la loi dans tout le pays. C’est un moment difficile. »

Les protestations prévues lundi ont été étouffées par une présence de sécurité massive, la restriction de l’accès à Internet et une vague d’arrestations. Des militants des droits de l’homme ont déclaré qu’environ 160 personnes avaient été arrêtées dans toute la RDC dans les quatre jours précédant l’expiration du mandat de Kabila.

D’autres ont été arrêtés au cours de la nuit, au moment que les forces de sécurité se patrouillaient dans des quartiers connus pour être fidèles à l’opposition à Kinshasa et dans d’autres villes.


Les résidents chantent des slogans contre Joseph Kabila alors que les manifestations augmentent mardi. Photographie : Thomas Mukoya /Reuters

« Les soldats sont venus et entraient de maison en maison pour ramasser les gens », a déclaré un résident de la zone de Matete à Kinshasa.

Dans les rues avoisinantes, de jeunes hommes allumaient des pneus avant d’être chassés par la police, et des coups de feu dispersés retentirent. Dans d’autres endroits dans le quartier, la police et les soldats lourdement armés ont confronté des manifestants à travers des barricades brûlantes.

« Nous allons protester jusqu’au dernier moment possible. Nous sommes fiers de notre pays. Nous voulons le pouvoir pour le peuple, pour le peuple », a déclaré François, un professeur de 27 ans à Matete.

Les routes étaient vides à travers Kinshasa, qui semblait complètement fermé pour la deuxième journée consécutive. Des troupes et des véhicules blindés ont été déployés sur des points stratégiques. Il y avait des scènes similaires ailleurs dans ce pays de 70 millions d’habitants.

Kabila a pris le pouvoir en 2001 et a servi deux mandats de cinq ans après les élections de 2006 et 2011. La constitution ne permet pas un troisième mandat, et les contestataires accusent le président de vouloir garder le pouvoir indéfiniment.

Tshisekedi s’est contenu pour appeler des manifestations de masse — ce qui aboutirait presque certainement à une effusion de sang significative — et a déclaré qu’il respecterait le « calendrier décidé par les évêques ».

Les pourparlers entre le gouvernement et les factions de l’opposition négociés par l’église catholique sont actuellement suspendus mais devraient reprendre au plus tard cette semaine.

Tshisekedi a déclaré que la crise pourrait être résolue par la création d’un gouvernement intérimaire. Cependant, bien qu’il ait des fidèles dans les rues, l’opposition est fragmentée.

Les partisans et les ministres de Kabila disent qu’il n’a aucune intention de s’accrocher au pouvoir et promettent que les élections se tiendront aussitôt que c’est pratique.

« La constitution stipule que [le président] restera... jusqu’à ce que son successeur soit élu. Le président a affirmé qu’il respecterait la constitution et qu’il le fera. Nous ne pouvons pas laisser notre fragile paix être jeté dans le doute », a déclaré Kikaya.

Il a nié que Kabila voulait modifier la constitution pour briguer un troisième mandat, comme plusieurs autres dirigeants africains l’ont fait ces dernières années, et a déclaré que les problèmes logistiques retarderaient les élections jusqu’en 2018 « selon toute vraisemblance ».

« Si nous avions voulu changer la constitution pour permettre un troisième mandat, nous l’aurions déjà fait », a-t-il déclaré.

Au cours du week-end, des dizaines de milliers de policiers armés et de paramilitaires ont été déployés dans les rues du pays.

En septembre, plus de 60 personnes étaient mortes lorsque des forces de sécurité ont ouvert le feu sur une manifestation de l’opposition.

La vague la plus récente d’arrestations a ciblé des organisations telles que LUCHA et FILIMBI, suivies par des militants de jeunes militants, éduqués, ainsi que des vétérans bien connus de la politique d’opposition.

Les amis et la famille de Gloria Sengha, 23 ans, une avocate et membre renommée de LUCHA, ont déclaré aux médias locaux qu’elle avait été vue pour la dernière fois à Kinshasa il y a trois jours. Son endroit actuel est inconnu, ont-ils dit.

La crise s’est échafaudée depuis des mois.
Les négociations et les manifestations se sont intensifiées à l’approche de la fin du mandat de Kabila. Washington et les capitales européennes ont cherché à faire pression sur Kabila pour tenir les élections et ont imposé des sanctions aux membres de son cercle rapproché.

Il y a un mécontentement populaire généralisé au règne de Kabila. L’inflation élevée, la dévaluation de la monnaie locale et les faibles investissements entraînent de profondes difficultés économiques dans tout le pays, où les deux tiers des personnes vivent avec moins de 1,50 £ par jour.

« C’est impossible de vivre. Il n’y a pas d’emplois, il n’y a pas de commerce, et la nourriture est de plus en plus chère. Nous ne survivons qu’en luttant tous les jours », a déclaré Mary, une ménagère de 38 ans à Matete.

Les observateurs craignent que la crise ne plonge la RDC, qui n’a jamais connu un transfert pacifique de pouvoir depuis l’indépendance de la Belgique en 1960, vers une période prolongée d’instabilité dommageable et peut-être même très violente.

Au moins cinq personnes sont mortes quand un groupe armé nouvellement créé et sympathisant avec l’opposition a lancé des attaques du jour au lendemain contre les troupes gouvernementales au Nord-Kivu, dans l’Est tumultueux.

Les responsables de l’aide internationale à Kinshasa estiment que cette violence va s’intensifier au cours des prochains mois, déstabilisant davantage le pays.

Beaucoup d’observateurs craignent maintenant un retour aux guerres civiles brutales qui ont tué environ 5 millions de personnes en RDC entre 1997 et 2003, quand le dictateur Mobutu Sese Seko a été évincé après un règne de 32 ans.

 

SOURCE: Le Guadian

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