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Joseph Kabila doit partir

La France et l’Angola font front commun pour pousser Joseph Kabila vers la sortie

« Joseph Kabila doit partir…» S’il y a une convergence de vue sur le dossier congolais entre les exécutifs français et angolais, c’est bien celle-là ! En visite à Luanda, le 1er mars, Jean-Yves Le Drian a longuement évoqué la crise en RD Congo avec son homologue et le président angolais, Joao Lourenço. La puissance régionale africaine et le pays membre du Conseil de sécurité se veulent prudents, après les nombreux reports de l’échéance électorale. « Il y a un optimisme modéré, confie à l’Opinion Manuel Domingos Augusto, ministre des Affaires étrangères d’Angola. On espère que le président Kabila va respecter le délai du 23 décembre 2018. Le processus de préparation de cette échéance est en cours et fait l’objet de discussions entre l’opposition et la Ceni [Commission électorale nationale indépendante]. Nous voulons croire que cette élection aura bien lieu. Notre rôle est d’aider à sa réalisation  ».

La France et l’Angola espèrent la tenue d’un scrutin inclusif et transparent. Le dépôt des candidatures doit avoir d’ici la fin avril. « La question nucléaire est de savoir si Joseph Kabila tentera de se présenter », ajoute Manuel Domingos Augusto. Ce à quoi la communauté internationale devrait opposer son veto, Joseph Kabila devant respecter la Constitution qui ne l’autorise qu’à faire deux mandats. Autre question épineuse, le cas de Moïse Katumbi, richissime homme d’affaires et ex-gouverneur du Katanga, poursuivi par la justice de son pays. Ce denier a longtemps été perçu comme une relève sérieuse pour les Occidentaux. « Si Katumbi se présente à la présidentielle, il faut qu’il puisse faire campagne librement », plaide un décideur européen. Mais Kabila fait une affaire personnelle de Katumbi, estimant que l’ex gouverneur du Katanga l’a trahi. Il devrait lui barrer la route.

L’Intermédiaire.

L’Angola a été approché discrètement par la France, il y a près de quatre ans, pour servir d’intermédiaire dans les discussions avec Joseph Kabila. A l’époque, le pouvoir du président dos Santos avait montré peu d’entrain à s’impliquer fortement dans ce dossier. Les choses ont changé avec l’arrivée au pouvoir, en septembre, de Joao Lourenço. Et la France compte sur son partenaire pour avancer sur ce dossier. Le lendemain de la visite de Jean-Yves Le Drian, Joao Lourenço a reçu à Luanda Cyril Ramaphosa, le nouveau président sud-africain après la démission du très controversé Jacob Zuma, le 18 février. Le dossier congolais devait être abordé. L’Afrique du sud a joué un rôle important, au début des années 2000, pour amener les acteurs politiques congolais à déposer les armes pour s’affronter dans les urnes. Cela avait débouché, en 2002, sur l’accord de Sun City et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Quinze ans plus tard, la situation sécuritaire est redevenue explosive au Kasaï et dans les régions de l’Est. Au cours des dernières semaines, des dizaines de milliers de personnes ont fui les affrontements dans la province d’Ituri, empruntant des bateaux pour atteindre l’Ouganda. Une insécurité qui rend incertaine la tenue des élections sur tout le territoire et pourrait donner des arguments à Joseph Kabila pour repousser encore le scrutin. « La communauté internationale propose la mise en place d’une commission de sécurisation de l’élection qui regrouperait des membres de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’ONU, de l’Organisation internationale de la francophonie et des organisations régionales africaines, plaide un diplomate français. Cette commission aura la charge d’aider à la préparation et à d’accompagner le processus électoral. »

Sentant l’étau international se resserrer autour de lui, le président congolais déploie une intense activité diplomatique. Il a rendu visite ou reçu en février plusieurs de ses pairs : l’angolais Joao Lourenço ; son voisin congolais Denis Sassou Nguesso ; le zambien Edgar Lungu ; le gabonais Ali Bongo, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ; le nouveau président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa. Il a aussi réorganisé et verrouillé la sécurité. Il a notamment rappelé à ses côtés, en juillet, le général Dieudonné Amuli, ex-chef adjoint des Forces Armées de RDC (FARDC) qui a été nommé la tête de la police congolaise.

Pour nombre de personnalités qui le côtoient, Joseph Kabila n’est pas prêt à passer la main. «  C’est comme s’il comptait rester au pouvoir, confie un homme d’affaires. Il nous parle de projets économiques en 2019 ».

Fin tacticien, le chef de l’Etat fait tester différents scénarios à son entourage. Au sein du PPRD, parti au pouvoir, les caciques lancent différents ballons d’essai. Parmi les derniers scénarios évoqués, la mise en place d’une présidence de transition que Kabila confierait à un proche, ce qui lui permettrait de faire sauter le verrou constitutionnel des deux mandats et de se représenter au terme de cette transition. Durant celle-ci, Joseph Kabila garderait les troupes sous sa main en prenant la présidence du PPRD.

Durant les prochains mois, la communauté internationale devrait utiliser la menace des sanctions pour le pousser à organiser le scrutin présidentiel. Avec des effets limités, une bonne partie du patrimoine du chef de l’Etat étant en RD Congo. « Joseph Kabila ne veut rien entendre, confie un analyste du pays. Il a un côté paranoïaque. Il ne partira que le pistolet sur la tempe. La question est de savoir si l’Angola, puissance militaire qu’il craint, acceptera de tenir la gâchette? »

 

SOURCE: https://www.lopinion.fr/edition/international/france-l-angola-font-fron…

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