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Les creuseurs d'or forment une chaîne humaine en creusant un puits ouvert à la mine Chudja dans la concession de Kilomoto près du village de Kobu, à 100 km de Bunia, au nord-est du Congo, le 23 février 2009. (Reuters)

Le Diamant pour Toujours : Est-ce que l’Etat d'Israël va rester à l'Ecart au Congo ?

« Rien ne se passe au Congo sans Dan Gertler et Gertler ne peut rien faire sans jouer la carte d’Israël », a déclaré un conseiller d’un conglomérat minier international. Mais le filet se resserre autour du magnat minier milliardaire israélien qui domine la vie économique de la ressource riche, mais économiquement pauvre République Démocratique du Congo (RDC).

Construire un empire au Congo

Le magnat minier Israël a joué un rôle fondamental dans le contrôle de la famille Kabila de la RDC au cours des deux dernières décennies. Mais le milliardaire de 42 ans, qui a été l’inspiration pour le film « Blood Diamond » (Diamant de Sang) avec Leonardo DiCaprio, est maintenant sous investigation internationale sur la corruption.

Pendant ce temps, son principal allié congolais, le Président Joseph Kabila, se cramponne au pouvoir par les bouts de ses doigts. La situation fragile dans l’état rentière de l’Afrique centrale risque d’entraîner l’établissement sécuritaire d’Israël dans un conflit renouvelé pour défendre les intérêts du milliardaire.

Il y a toujours eu une relation de quid pro quo entre Gertler et Kinshasa qui est toujours très pondéré pour les intérêts de son entreprise. Il est connu que son influence politique en RDC avait commencé peu son entrée en 1997, quand il avait renfloué le gouvernement du défunt président de Laurent Kabila par, en lui offrant 20 millions $ pour combattre la rébellion dans l’est. Les rebelles posaient un risque majeur pour le régime, car il tentait de s’établir en place. En échange de cette aide, sa firme IDI Diamonds avait obtenu les droits exclusifs pour l’achat de diamants artisanaux.

Le monopole avait été terminé par Joseph Kabila après l’assassinat de son père en 2001. Mais un accord avait été conclu dans lesquels Gertler paya 15 millions $ pour les droits de 88 pour cent de la production du producteur nationale de diamants, la Société Minière de Bakwanga (MIBA). L’oncle de Gertler, Shmuel Schnitzer, est le président d’honneur de la bourse de Diamant d’Israël.

Une source de la Défense Israélienne avait également affirmé que Gertler avait payé le gouvernement Kabila 40 millions $ pour un ancien chef du Mossad et ex-soldats pour armer, former et diriger les forces spéciales congolaises à abattre le groupe rebelle brutal M23 soutenu par le Rwanda dans une opération avec les États Nations en 2013. Selon cette source, le matériel provenait d’Israël et de la Russie.

On prétend que l’opération n’avait pas été officiellement soutenue par le gouvernement d’Israël, mais étant donné l’ampleur de la participation de la sécurité d’Israël [le gouvernement] avait probablement donné un signe d’approbation informelle. Avec une réputation de viol en masse et tueries, le M23 avait été opérationnel à partir du Parc national des Virunga, dans l’instable province du Nord-Kivu. Les opérations violentes du groupe entravaient les efforts pour développer potentiellement d’énormes réserves de pétrole de la région. Mettre fin à la rébellion avait aidé Kabila à supprimer un problème.


Sur les traces de Léopold II

Les sommes que Gertler a dépensées sur la consolidation du contrôle du régime de Kabila sur un vaste territoire sont une fraction de la richesse qu’il a accumulée, prétendument comme un intermédiaire entre le capital international et Kinshasa. Depuis le roi Léopold II de la Belgique qui avait pillé le Congo pour l’ivoire et le caoutchouc, aucun étranger n’a acquis un tel contrôle et l’influence sur le pays.

Gertler a reçu la réputation de rachat de prospection de pétrole et de droits miniers du gouvernement, par l’intermédiaire de ses connexions politiques de haut niveau, et de les vendre à d’énormes marges bénéficiaires. Pendant plus de deux décennies, sa position en tant que concierge [du pays], lui a permis de dominer le secteur des mines de cuivre et de cobalt dans la province du Katanga, riche en ressources, en lui donnant un contrôle personnel sur près de 10 pour cent de la production mondiale de cobalt.

Au cours des années dernières, il a tourné son attention à l’exploration pétrolière, perspectives potentiellement très lucratives aux frontières encore risquées du pays. La start-up du pétrole de Gertler en RDC a trouvé des réserves estimées à 3 milliards de barils de pétrole dans le lac Albert. Pour mettre cela en contexte, ses concessions contiennent potentiellement plus de pétrole que la Syrie ou au Royaume-Uni. La production de pétrole à partir des réserves stimulerait l’économie de la RDC de 25 pour cent, consolidant ainsi la base du pouvoir de Gertler dans le pays.

Pour sortir du pays ces produits de base, Gertler a obtenu également une concession pour le développement des infrastructures, lui donnant ainsi le contrôle sur les secteurs les plus stratégiquement importants de l’économie et s’amassant une valeur nette énorme et digne d’une entrée dans la liste Forbes des milliardaires.

Beaucoup de ces actifs sont détenus par la fiducie familiale de Gertler ou regroupés sous le Groupe Fleurette, qui détient des participations dans diverses mines congolaises au moins 60 compagnies de Holding qui se trouvent dans des paradis fiscaux offshore comme les îles Vierges britanniques. Placés au-delà du contrôle public, les investissements de Fleurette sont considérés par ses critiques comme des actifs dépouillés et acquis par la fraction de leur valeur réelle.

Gertler et le réseau de corruption du Congo.


Gertler croit que la critique de son rôle politique en RDC est injuste. Au lieu de cela, il a déclaré à Bloomberg qu’on devrait lui décerne au prix Nobel de la paix pour son rôle. Cependant, la relation symbiotique entre Gertler et le Président Kabila est au bord du gouffre comme la société congolaise devient de plus en plus en colère contre ses tentatives de plier la Constitution pour prolonger son mandat.

Dans le même temps, les enquêtes mondiales de corruption ferment le filet sur le milliardaire, le laissant vulnérable à des poursuites et une réaction politique post-Kabila en RDC. On dit que la RDC a subi des pertes énormes de revenus en raison de la sous-évaluation alléguée de biens de l’Etat dans diverses privatisations, beaucoup impliquant Gertler .

En septembre, Och-Ziff Capital Management Group a accepté un payement de plus de 400 millions $ en dommages et intérêts avec les autorités américaines concernant

Une allégation de payement de Gertler pour soudoyer les autorités congolaises à la hauteur de $ 100 millions pour les droits miniers. Aucune accusation n’a été portée contre Gertler par le ministère de la Justice ou de la Securities and Exchange Commission des États-Unis (SEC).

Deux mois plus tard, le Némésis de Gertler, Global Witness, une ONG qui lutte contre la corruption dans l’industrie mondiale des ressources naturelles, a rapporté que la compagnie minière d’Etat la Gécamines à céder ses droits de redevances au ploutocrate Israélien. Les redevances d’un montant a la hauteur de 880 millions $ qui était du a la Gécamines à partir d’un projet de cuivre entre KCC de Glencore au sud du Congo qui avait été affecté à une société anonyme des îles Caïmans appelé Afrique Horizons, qui fait partie du Groupe Fleurette.

On ne sait pas ce que, si quelque chose a été versé à Gécamines, dont les revenus pourraient apporter une contribution financière significative à la réduction de la pauvreté dans l’un des pays les plus pauvres du monde. L’ONG a accusé Glencore pour faire de transactions sciemment déficitaires pour apaiser le milliardaire en tant que courtier de pouvoir central de la RDC.

Selon Bloomberg, en Décembre Serious Fraud Office du Royaume-Uni (SFO) ont commencé à enquêter Gertler et quatre formes de Eurasian Natural Resources Corp. (ENRC) Exécutives dans le cadre d’une enquête de trois ans sur l’acquisition de projets miniers de cuivre et de cobalt de la RDC de la société kazakhe.

Les affaires peuvent avoir violé les lois sur la fraude et corruption de la Grande-Bretagne, pour lesquels, les infractions portent individuellement des peines aussi longues que 10 ans de prison ou une amende illimitée. Le FMI avait, en 2012, annulé un prêt de 532 millions $ à la RDC pour le fait que la Gécamines n’avait pas de divulguer le transfert de sa participation dans un autre projet ENRC à une société BVI enregistrée sous contrôle de Gertler.

Alors que l’empire commercial de Gertler coule dans la controverse internationale, la RDC a été au bord du gouffre d’une guerre civile après que Kabila n’a pas quitté ses fonctions à la fin de sa limite de deux mandats en Décembre [2016]. Des manifestations ont éclaté dans tout le pays, ce qui a incité l’Eglise catholique à intervenir pour négocier un accord entre le gouvernement et l’opposition.

Ceci [l’accord] pourrait voir le président quitter le pouvoir à la fin de 2017 après des élections présidentielles, un scénario que beaucoup de Congolais ne pensent pas qu’il va faire volontairement. Par ailleurs, son challenger de Kabila — le très populaire et riche homme d’affaires et ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi — est en exil en Belgique, ayant été condamné par contumace pour corruption et condamné à un emprisonnement de 36 mois.

Si Kabila, sa famille et ses alliés quittent le pouvoir, tout successeur est susceptible de faire face à la corruption endémique et diminuer son influence. Les documents du Centre Pulitzer sur le reportage de la crise suggèrent que Kabila et sa famille contrôle 120 permis miniers et ils ont des liens directs et indirects sur une large variété des business, y compris banques, fermes, distributeurs de carburant, fournisseurs de produits pharmaceutiques et les compagnies aériens. Dépouillant Kabila de son l’empire commercial, pourrait impliquer un anticorruption qui pourrait balayer Gertler et d’autres amis du Président.

La réponse d’Israël à la chute de Kabila

Le baron de l’exploitation minière peut être tenté d’obtenir le soutien d’Israël. Ses connexions pourraient consolider le régime de Kabila sous une forme ou une autre, y compris la possibilité qu’il puisse gouverner via sa sœur jumelle Jaynet Kabila ou une autre marionnette. Un pas vers une tyrannie du style de Mobutu précipiterait un autre conflit meurtrier dans ce pays qui a perdu de million de vies en raison de guerres civiles passées et interventions étrangères.

Les Forces qui avaient été déployées pour réprimer les rébellions inspirées par l’étranger dans l’est de la RDC pourraient être déployées contre l’opposition congolaise, financées par Gertler et prétendument avec l’approbation tacite de l’établissement sécuritaire d’Israël. Un tel scénario pourrait entrainer l’Israël dans un nouveau conflit dans la région des Grands Lacs.

Pourquoi l’Israël pourrait-il s’impliquer au Congo avec de tels enjeux ? Dans un article pour le Jérusalem Post l’Avril dernier, Yossi Melman avait déclaré qu’un Lobby Parlementaire Pro - Afrique, avait été crée à la Knesset pour promouvoir les intérêts d’Israël sur le continent. Les centres d’intérêt se répartissent en trois zones principales : L’intérêt politico-diplomatique dans la prévention des résolutions anti-israéliennes des Nations Unies, la promotion des relations économiques et l’intérêt stratégique et militaire dans l’avancement des ventes d’armes et le combat contre le terrorisme.

Israël a traditionnellement formé et équipé les gardes militaires autour des Dictateurs africains dans la poursuite de ces objectifs. Depuis le début des années 1970, les industries militaires israéliennes et les formes des fonctionnaires militaires et de renseignement ont, avec le soutien de la mise en place de la sécurité d’Israël, fourni une assistance sécuritaire et armement aux Dictateurs africains, y compris l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko de la RD Congo.

Dan Gertler est intimement associé à l’armée israélienne, a l’élite économique et politique. Il est proche de plusieurs politiciens israéliens, en particulier le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, le chef fondateur de l’aile droite du parti Yisrael Beiteinu. Il pourrait chercher à utiliser ces liens pour maintenir le statu quo en RDC.

Cependant, il y a des signes que l’Israël est en train de perdre patience avec ses Milliardaires itinérants. En décembre, un associé de Gertler, Benny Steinmetz — qui avait également gagné ses milliards dans l’extraction de diamants en Afrique — a été placé en résidence surveillée pour suspicion de corruption et de blanchiment d’argent dans un différend de longue date sur les 20 milliards $ du projet Simandou en Guinée. Il n’a pas encore fait face à des accusations et nie les actes répréhensibles. Gertler peut subir le même sort si les activités de son entreprise venaient sous les projecteurs d’une enquête.

Pendant ce temps, le ministère des Affaires étrangères a entrepris un rôle plus important dans les relations internationales, grignotant ainsi la puissance du ministère de la Défense, qui a longtemps fonctionné comme un état dans l’état. L’implication des diplomates dans les relations avec l’Afrique a modéré les inclinations plus militaristes du passé.

Dans ce contexte, les diplomates avertiront l’Israël de ne pas s’impliquer dans le bourbier de la politique de l’Afrique centrale au nom de Gertler, conscients de dommages à long terme que cela pourrait infliger à son influence diplomatique en Afrique. Dans ce cas, Israël peut avertir l’établissement sécuritaire et ses mercenaires indépendants à abandonner Gertler pour assurer son influence dans le scénario post-Kabila.


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Daniel Brett est un journaliste britannique spécialisé dans la politique et l’économie de l’Afrique et le Moyen-Orient. Il peut être contacté via son profil LinkedIn.

 

 

 

 

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