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Salva Kiir, Nkurunziza, Joseph Kabila

Le Soudan du Sud, la RDC pourraient être les scénarios de test de l’influence Américaine en Afrique, par Richard Gowan

Quelle influence les Etats Unis exercent sur les dirigeants africains ? Au cours du mois passé, l’administration Obama a fait monter la pression sur le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, le pressant d’accepter un accord pour mettre fin aux 20 mois de guerre civile dans son pays.

Kiir a fait tout son possible pour éviter de signer l’accord, qui impliquait un accord de partage du pouvoir avec le chef rebelle et ancien vice-président Riek Machar. Il claqua la porte à une cérémonie de signature d’accord au milieu du mois dernier et ne céda que la semaine dernière, après que les États-Unis l’aient menacé de sanctions des Nations Unies. La semaine dernière, le Conseil de sécurité avait publié une déclaration avertissant qu’elle reste prête à imposer un embargo sur les armes et d’autres sanctions si l’accord échouait.

Pourtant, les chances d’échec restent élevées. Les combats se sont renouvelés aujourd’hui. Certains commandants rebelles ont dit qu’ils ne vont pas respecter l’accord. Kiir continue d’insister que la négociation fût imparfaite. Les diplomates américains, qui avaient d’abord célébré l’indépendance du Sud Soudan en 2011, sont profondément déçus par les élites de ce nouveau pays. Comme un responsable américain avait déclaré anonymement aux journalistes en juillet, la guerre civile qui a commencé en décembre 2013 est « un cas classique de dirigeants corruptibles, dilapidant une énorme opportunité. »

Si c’est à peine un fardeau politique pour le président Barack Obama, sur l’échelle des crises en Syrie et en Irak, l’effondrement du Soudan du Sud reste une plaie ouverte pour son administration. Beaucoup de conseillers, y compris la conseillère nationale du président en matière de la sécurité Susan Rice, dont les rumeurs assignent être la source de ces « dirigeants corruptibles » supportait depuis longtemps la lutte du pays pour se libérer du Soudan. Son implosion a soulevé les questions sur leur jugement. Le fait que les États-Unis ne pouvaient pas apporter un peu plus tôt la guerre civile sous contrôle a également contribué au récit du contexte plus général sur la baisse de l’influence Américaine en Afrique.

Pendant le temps d’Obama au pouvoir, la Chine a dépassé les Etats-Unis comme le premier investisseur sur le continent. Alors que Pékin avait soutenu la volonté de discipliner Kiir, Pékin a contrecarré la politique américaine ailleurs. Le cas le plus sensible est en cours au Burundi, où l’Amérique et ses alliés européens se sont verbalement opposés à la décision du président Pierre Nkurunziza à ignorer la constitution du pays et briguer un troisième mandat, de fomenter des violences graves et de risquer une grande guerre civile.

La Chine et la Russie avaient bloqué toute action sérieuse de l’ONU sur la crise, alors que Pékin a offert une aide financière à Nkurunziza. Comme Cara Jones et Orion Donovan-Smith soutiennent, cela envoie un message plus large à d’autres dirigeants africains sur les limites de l’influence des États-Unis : « En protégeant le régime burundais contre les sanctions occidentales, la Russie et la Chine pourraient frapper à la fois une victoire symbolique et pratique à l’Ouest. »

Quand Obama a visité l’Ethiopie et le Kenya en juillet, certains commentateurs politiques avaient soutenu l’argument selon lequel les États-Unis avaient déjà cédé l’Afrique à la Chine. Ce genre d’analyse, qui tend vers une pontification géopolitique majeure et lésine sur l’analyse régionale, peut être excessif. L’Amérique et ses alliés ont encore une influence énorme sur le continent. Par exemple, le rôle central qu’ils ont joué pour assurer un transfert pacifique du pouvoir après l’élection présidentielle cette année au Nigeria, dans lequel Muhammadu Buhari gagna contre l’ancien président Goodluck Jonathan. Buhari, qui a visité Washington cet été, semble également avoir mis la bataille anarchique du Nigeria contre Boko Haram sur une voie stable, apaisant les préoccupations des États-Unis que le pays pourrait se fragmenter.

Un autre test de l’influence des États-Unis qui nous attend est la République démocratique du Congo (RDC), où le président Joseph Kabila est tenu par la Constitution de se retirer à la fin de son second mandat l’année prochaine. Kabila a cherché les moyens de suivre l’exemple de Nkurunziza et obtenir un troisième mandat, mais l’administration Obama a clairement fait savoir qu’il attend de lui de respecter la limite constitutionnelle. Obama a personnellement exhorté Kabila de se retirer et assurer «l’héritage qu’il laissera à son pays.» La semaine dernière, l’envoyé spécial américain pour la région des Grands Lacs, Tom Periello, s’est rendu à Kinshasa pour exhorter le président à maintenir la planification électorale sur la bonne voie.

Persuader Kabila d’aller tranquillement serait un signal de succès pour Obama en Afrique. Comme Nkurunziza, le président congolais a courtisé la Chine dans le passé. Comme Kiir, il est largement méfiant des diplomates occidentaux. Dans les deux pays Sud-Soudan et la RDC, les Etats-Unis se sont appuyés sur les soldats de maintient de la paix de l’ONU pour assurer une certaine sécurité au milieu de la violence continue : Il ya actuellement 35.000 Casques bleus dans les deux pays combinés, ce qui coûte 2 milliards $ par année.

Comme je l’ai récemment fait remarquer dans le Journal des Affaires internationales de [l’Université] Georgetown, cela a laissé l’ONU « empêtrée dans les relations acrimonieuses et sans doute contraires à l’éthique avec les dirigeants nationaux qui, poussés par la cupidité ou la peur, ont peu d’intérêt réel dans les systèmes politiques stables, ouvertes et inclusives. » Ceci est partiellement justifié par la nécessité de protéger les civils vulnérables : Il ya plus de 125 000 personnes déplacées à l’intérieur, abrité sur des bases des Nations Unies au Soudan du Sud. Mais les soldats de la paix pourraient finir par aider à soutenir Kiir et Kabila indéfiniment.

En adoptant une attitude ferme vis à vis de Kiir au cours de l’accord de paix ce mois-ci et maintenant la pression sur Kabila au cours des élections de 2016, l’administration Obama vise à éviter de tels résultats contre-productifs. C’est pour démontrer également que, malgré l’influence de la Chine, les États-Unis demeurent une force à laquelle il faut compter en Afrique. Pourtant, même si Washington peut amener ces dirigeants récalcitrants en ligne, il ne sera qu’un succès temporaire : La tâche de consolider la stabilité à long terme dans un pays comme la RDC, sans parler de l’après-guerre au Soudan du Sud, prendra des décennies de plus. Washington et Pékin peuvent se positionner pour l’influence en Afrique, mais l’ampleur et la complexité des problèmes politiques dans les pays les plus faibles du continent pourraient frustrer les deux.

 

Source: http://www.worldpoliticsreview.com/articles/16571/south-sudan-drc-could…

 

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