Skip to main content
President Obama

LETTRE AU PRESIDENT OBAMA : LA VIE DE NOIRES COMPTE AUSSI

Cher Président Obama,

Je vous écris pour demander que vous fassiez un pas modeste dans les prochains jours qui pourraient aider à sauver des milliers de vies noires dans le plus grand pays et la région la plus volatile en Afrique subsaharienne. Une histoire tragique [de la région] souligne l'urgence d'une telle action, que [d’ailleurs] la Chambre des représentants a récemment recommandée par un vote 416-3.

Weissman est un ancien directeur du sous-comité Afrique de la Chambre des Représentants, auteur de la politique étrangère américaine au Congo 1960-1964.

Le 19 décembre, le mandat constitutionnel de Joseph Kabila, président corrompu et impopulaire de la République démocratique du Congo, prendra fin; Mais il ne va pas transférer le pouvoir. Son refus depuis deux ans d'organiser l'élection de son successeur a provoqué de grandes protestations et grèves. Son gouvernement a répondu en tuant plus d'une centaine de manifestants, en emprisonnant les leaders de l'opposition et de la société civile et, plus récemment, en interdisant toutes manifestations et en fermant les grands médias. Il a rejeté les exhortations [de la communauté] internationale lui demandant d’engager des négociations inclusives avec les principaux groupes d'opposition pour une transition ordonnée le 19 décembre et un chemin conduisant  rapidement vers des élections libres. L’Amnesty International, le Human Rights Watch et une multitude de Congolais informés mettent en garde contre un risque important de violence majeure au cours des prochaines semaines. Et nous savons, d'après l'expérience récente du génocide et de la guerre en Afrique centrale, qu'une fois la violence commencée, il est probable qu'elle se répandra à travers les frontières.

Comme quelqu'un qui porte un nom de famille qui signifie «homme blanc», je me sens un peu mal à l'aise de faire appel à notre premier président afro-américain pour aider à sauver les vies de noires. Cependant, je ne vous écrirai pas si je n'appréciais pas votre passion pour la démocratie et conscience sur l'importance de l'Afrique pour la sécurité nationale des États-Unis. Je me souviens qu'en tant que sénateur, vous aviez parrainé une loi visant à promouvoir les élections justes et démocratiques en RDC. En tant que Président, vous aviez dit aux Africains en juin 2012: «Notre message à ceux qui veulent faire dérailler le processus démocratique est clair et sans équivoque: les États-Unis ne resteront pas sans rien faire ...» Quand bien même vous aviez téléphoné au président Kabila il y a 20 mois lui demandant que les élections soient tenues à temps, ce n'est que dans les derniers mois que l'administration a lentement et insuffisamment appuyé vos paroles en imposant des sanctions économiques ciblées (gel des avoirs en dollars) à seulement trois officiels militaires impliqués dans la répression de Kabila. Cela a encouragé l'Union européenne à menacer avec ses propres sanctions ciblées et à retirer son aide et à renforcer les efforts de paix des [pays] voisins proches de la RDC. Néanmoins, Kabila n'a pas bougé. Je crains que l'action positive de votre administration ne soit finalement condamnée comme «trop peu, trop tard».

Pendant deux mois, un comité interministériels s'est disputé et a vacillé sur des sanctions supplémentaires contre les principaux amis et partenaires politiques de Kabila dans la corruption. Malheureusement, aucune mesure n'a été prise. Les excuses offertes pour cette procrastination ne sont pas tout à fait convaincantes, comme je suis sûr que vous êtes en mesure d’en apercevoir. Où est-ce qu’au monde que l'Afrique, les États-Unis hésitent-ils à s'attaquer à une crise imminente de peur de «perdre l'accès» aux mêmes autorités qui ont ignoré les conseils précédents des États-Unis? Pourquoi es États-Unis, dans de telles circonstances, insistent-ils que les "Européens doivent prendre la prochaine étape" avant que les États-Unis les guide ?

Monsieur, l'histoire récente fournit un avertissement clair sur les conséquences de la procrastination. Au début des années 90, la faiblesse de la politique américaine et occidentale avaient permis à la dictature de Mobutu, en déconfiture et assiégée, de briser sa promesse de la démocratie multipartite. Ainsi alors, plusieurs officiels des Etats-Unis avaient écrit des documents préconisant des sanctions économiques, y compris le ciblage des biens du clan Mobutu, mais l'administration Clinton avait hésité, attendant que les Européens se joingnent à eux plutôt que de les guider. Le monde avait payé cher les résultats tragiques de cette politique timide: des violents affrontements entre l'opposition et les forces de sécurité, mutinerie de l’armée et pillage, violence contre les communautés ethniques, rébellion armée et intervention étrangère, une guerre qui avait fait plus de trois millions de morts. Votre conseiller en sécurité nationale l'avait qualifiée de «première guerre mondiale en Afrique». Ce conflit n'a pris fin que lorsque les États-Unis ont finalement exercé, conjointement avec l'Afrique du Sud, un rôle de médiateur dans un règlement politique disposant d'une constitution démocratique, celle [justement] que le président Kabila a été méthodiquement entrain de démanteler.

Monsieur le Président, au cours de ces dernières semaines de 2016, vous avez encore le temps de prendre des mesures modérées qui pourraient freiner la recrudescence de massacres, protéger les intérêts américains dans une partie importante du monde et, dans une phrase que vous utilisez souvent, revendiquer «qui nous sommes»,

Cordialement,

Stephen R. Weissman

Weissman est un ancien directeur du sous-comité Afrique de la Chambre des Représentants, auteur de la politique étrangère américaine au Congo 1960-1964.

 

 

SOURCE: https://piie.com/sites/default/files/styles/square_headshot_1x/public/h…

Add new comment

Filtered HTML

  • Web page addresses and email addresses turn into links automatically.
  • Allowed HTML tags: <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Lines and paragraphs break automatically.