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Albert Yuma

Où sont passés les millions de la Gécamines?

Nous avons lu avec intérêt la "ligne de défense"  de Monsieur Albert Yuma, le président du Conseil d'Administration de la Gécamines. Il nous semble, hélas, que le mal est déjà fait, car le djinn est déjà sorti de la bouteille.

Son petit baratin le mardi matin devant les Gecaminards ne va pas ramener les 48 milliards US$ sortis et déposer surement dans les paradis fiscaux. La démission de trois exécutifs de Glencore ne va rien résoudre. C'est bien beau pour monsieur Yuma de promettre pour la nième fois une production annuelle de 100.000 tonnes dans deux ou trois ans, mais tout ingénieur sait que c'est de la rigolade pure et simple pour se dédouaner et/ou détourner l'attention sur sa mégestion.

Comment pouvons-nous encore croire quelqu'un qui n'a pas augmenté une seule tonne de production pendant 6 ans ? Pour avoir observé le fonctionnement et l'organisation internes de la Gécamines pendant les années de fortes de production sur le plan qualitatif et quantitatif (cuivre spot bleu de 4 ppm), notre conclusion est simple: seul un ingénieur qui connait la boite à fond et qui a gravi les échelons normalement peut sauver la Gécamines. Ils sont légions mais il faut trouver le meilleur de meilleurs sur le plan de gestion.

De ce fait, M. Albert Yuma devrait rendre le tablier s'il avait encore un peu d'honnêteté et d'amour de la patrie.  Même un avocat de diable ne prendrait pas une telle ligne de défense: « on nous a trompés, en 2000 »  ou « Depuis 15 ans, nos partenaires nous ont trompés et, disons-le, volés. Cela doit s’arrêter » ou mieux encore « pas un dollar ne manque ». Vraiment pas un dollar ne manque ?  C'est bien là soit une incompétence ou naïveté, qui disqualifie M. Albert Yuma à continuer de gérer cette boite. Les faits et évidences nous toisent des regards et nous interpellent tous. Il faut injecter du sang nouveau dans la boite pour la redémarrer.

Cependant, nous voulons rester justes et impartiaux et nous vous livrons l'article de madame Marie-France Cros en toute entièreté dans les paragraphes qui suivent.

Moins de trois semaines après la publication du rapport Carter stigmatisant la mauvaise gestion de la Gécamines, le patron de cette société publique congolaise, Albert Yuma, a annoncé mardi matin qu’il allait « revoir – j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes » – les partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
 
Moins de trois semaines après la publication du rapport Carter stigmatisant la mauvaise gestion de la Gécamines, le patron de cette société publique congolaise, Albert Yuma, a annoncé mardi matin qu’il allait « revoir – j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes » – les partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
 
Albert Yuma s’adressait mardi matin à des agents de la Gécamines et aux nouveaux mandataires qu’il a nommés il y a quelques mois au sein des partenariats. Il leur a annoncé les « deux axes » fixés « par le chef de l’Etat », au « développement » de l’entreprise publique: « refaire de la Gécamines un véritable acteur minier » sur le plan national et international; faire en sorte que les ressources de la République démocratique du Congo (RDC) – dont la société publique détient, dit-il, « la majorité » – « profitent au peuple congolais, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».
« On nous a trompés »
« Dans la plupart de nos partenariats, pour ne pas dire tous », a affirmé M. Yuma, « nous n’avons jamais touché de dividendes et l’Etat n’a jamais touché d’impôts ». Depuis « la mise en place du code minier », qui date de 2002, les différents partenaires de la Gécamines, a-t-il dit, « ont exporté pour plus de 48 milliards de dollars » et « l’Etat a reçu en net – soit le revenu moins les bonus fiscaux qu’il a donnés – moins de 3 milliards de dollars ». C’est pourquoi, a ajouté M. Yuma, la Gécamines va « revoir – j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes » – les « conditions » des partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
 
Selon M. Yuma, « on nous a trompés, en 2000 » en disant que le Congo était incapable de développer seul ses ressources minières et qu’il fallait des partenariats. « On aurait dû toucher 350 millions de dollars de dividendes et on a touché zéro » dollars, tandis que « l’Etat aurait dû toucher 768 millions de dollars d’impôts » et a touché « zéro ». « Nos partenaires se sont toujours arrangés pour que les comptes d’exploitation apparaissent en perte d’année en année », a-t-il assuré.
 
Prendre le contrôle du cobalt
Or, la « vraie ressource » des partenariats n’est « pas l’argent » mais « les gisements » de cuivre et de cobalt de la Gécamines, a estimé Albert Yuma, assurant que « la prochaine guerre mondiale sera pour le contrôle du cobalt », dont le Congo possède « 70% » et l’entreprise publique « 40% des réserves mondiales connues ». « Depuis 15 ans, nos partenaires nous ont trompés et, disons-le, volés. Cela doit s’arrêter ».
 
M. Yuma a ajouté que l’entreprise avait « aussi constaté la faiblesse de nos mandataires pour contrôler les partenariats », raison pour laquelle ils avaient été changés il y a quelques mois. Reconnaissant aussi des faiblesses dans « l’organisation » de la société publique, son patron a annoncé avoir confié à « Ernst and Young un audit organisationnel » en vue d’installer de nouvelles structures « dès le deuxième trimestre 2018″. En effet, a-t-il ajouté, la Gécamines souffre d' »équipements obsolètes » et « surtout » d’un personnel trop vieux, la moyenne d’âge étant « 58 ans ». « On ne peut pas compter sur cette génération pour défendre nos intérêts » et « prendre des risques ».  Il faut, dit-il, que les cadres « reprennent le contrôle de la Gécamines comme, il y a 40 ans, nos frères arabes ont décidé de contrôler le pétrole ».
 
« Pas un dollar ne manque »
Répondant au rapport du Centre Carter  (https://afrique.lalibre.be/10520/ou-sont-passes-les-millions-de-la-gecamines/) selon qui « près des deux tiers de ces revenus (NDLR: générés par les partenariats miniers) – ou 750 millions de dollars – ne peuvent être tracés jusqu’à des comptes en banque de manière fiable », M. Yuma a assuré à son auditoire que c’était « une idiotie, un mensonge, une incompétence (…) Pas un dollar ne manque. Tout l’argent est enregistré dans les comptes de la Gécamines ». Il a affirmé que « la plupart de cet argent est parti dans des investissements » qu’il chiffre à « 860 millions de dollars depuis que nous sommes là », soit sept ans, « et dans le financement de l’Etat congolais. En termes de pourcentage, la Gécamines a contribué plus au budget de l’Etat que tous les partenaires réunis », a-t-il déclaré, sans expliquer son calcul.
 
Toutefois, de ces « 860 millions de dollars » d’investissements et de « deux plans de restructuration, deux plans de production », « on ne voit pas les résultats », a reconnu M. Yuma, rejetant la faute sur « vos aînés ». Evoquant les « rapports bidon, basés sur des racontars », tel celui du Centre Carter, selon lui, le patron de la Gécamines a stigmatisé « certains d’entre vous qui disent n’importe quoi » à des « étrangers » contre « 1000 ou 2000 dollars, ou une auto ou une promesse d’emploi ».
Et d’assurer que, grâce à la réorganisation de la Gécamines prévue pour 2018,  « dans 2 ou 3 ans, vous allez voir la différence ». Comme il l’a déjà annoncé – sans effet – à plusieurs reprises ces dernières années, M. Yuma a promis: « Nous serons capables de produire 100.000 tonnes ».
 
Par Marie-France Cros

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