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Felix Tshisekedi et Moise Katumbi

RD Congo : Kabila entre le marteau et l’enclume ? Récapitulatif des évènements de New York

Pour ceux qui ont déjà visité la ville de New York, le samedi 23-09-2017 était un jour comme un autre. Avec une bonne prévision météorologique du début de l’automne, les New Yorkais attendaient avec impatience le grand festival « Global Citizen » dans le Central Park où beaucoup de stars étaient attendues.

Pour les chauffeurs de taxi jaunes qui sont omniprésents dans les rues de New York, il y avait un peu plus de monde que d’habitude, ce qui faisait leurs affaires. Pour Joseph Kabila qui venait d’atterrir la veille, c’était le début d’un séjour diplomatique qui sera fort agité et qui aura marqué un point d’inflexion dans sa trajectoire d’un règne totalitaire.

Nous postulons dans les paragraphes qui suivent que le gouvernement de Joseph Kabila se trouve entre le marteau et l’enclume — la pression du peuple et l’illégitimité d’une part et la communauté internationale de l’autre — et que la plus part de faits divers de ces derniers jours sont des distractions pour jouer avec le temps et permettre comme au mois de décembre 2016, à Joseph Kabila de passer la barre haute de décembre 2017.

Nous allons défiler la trame des évènements de deux semaines passées en insistant sur les points saillants et donner notre observation.

Une cachette en luxe

Le Lotte New York Palace Hôtel ou était descendu Kabila et sa délégation, coute entre 380 $ et 25 000 $ la chambre ou suite par jour. La somme de 25 000 $ la nuit est un « kichele » (petite monnaie en swahili), un mot favori du rais Joseph Kabila. C’est un bâtiment de haut luxe, situé dans le centre-ville de Manhattan, au coin de la 50e rue et de l’avenue Madison où s’étaient donné rendez-vous les Congolais de l’Amérique du Nord.

Le nom de l’hôtel où résidait Kabila était gardé au secret. Comment les nationalistes congolais avaient été mis au parfum quant à l’adresse de l’hôtel, reste un mystère. Toujours était-il qu’ils s’y étaient regroupés et protestaient la présence de Joseph Kabila qui venait de brouiller du noir dans une salle des Nations unies avec juste 44 personnes — personnel des Nations unies compris.

Un discours vide dans une salle vide

A part la délégation Congolaise et les travailleurs des Nations unies, il n’y avait vraiment pas les officiels d’autres pays. Ce fut une « preuve par neuf » que Joseph Kabila était devenu un paria, un homme du passé, comme l’avait dit un diplomate africain, dont le pouvoir tient non pas par sa force de répression, mais dans sa capacité de corruption et de bradage des patrimoines nationaux.

Après avoir prêché devant une salle clairsemée, donnant des statiques erronées — le taux d’accroissement de la scolarisation de jeune fille était passé de 70 % à 105 % — c’était l’enfer qui l’attendait à son hôtel.

Protestation ou contestation ?

A son retour à l’hôtel, il était pratiquement tombé dans un champ de mines que lui avait reservé par la diaspora congolaise en Amérique du Nord. Ces derniers étaient si nombreux et bouillants que les supporteurs de Joseph Kabila — acheté au cout de 500 $ par personne – avaient préféré empocher l’argent et prendre la tangente. On pouvait entendre les refrains si après : « Tofandi na ye mbula na mbula ; Papa na ye, to yebi te ; Maman na ye, to yebi te ; Nzoka, aza Rwandais ; Kabila, eh, zwa ye, boma ye ; Kabila, eh, zwa ye, boma ye » ; traduction, « nous sommes restées longtemps avec lui ; on ne connait pas son père ; on ne connait pas sa mère ; alors qu’ils étaient rwandais, prenez-le et… »

Un ancien ambassadeur américain piégé ?

Derrière les murs de gratte-ciels, le cauchemar de Kabila se déroulait en silence dans un conciliabule avec le diplomate américain et grand expert de la RD Congo, Herman Cohen. Par le canal d’un ancien Congolais de Washington qui avait trouvé de faveurs auprès de Joseph Kabila, le diplomate américain Herman Cohen avait été attiré dans sa suite présidentielle. Un guet-apens ? A vous d’en juger.

Au lieu de garder le rendez-vous secret, l’homme de main de Kabila propagea sa photo avec Cohen dans les médias sociaux. Quel en était le but sinon de salir l’Ambassadeur Herman Cohen ?

Ayant compris que la présidence cherchait plutôt à le souiller, Herman Cohen s’empressera de publier sur Twitter, le vif de sa rencontre avec Kabila qui fera boule de neige sur la toile. D’après une maison de stratégie de médias sociaux qui avait suivi le twitter de l’Ambassadeur Cohen, son twitter avait été lu 20 539 fois et il en profitera pour ajouter 4039 fanatiques en un ou deux jours.

Rencontre avec le Premier Ministre Belge

Le ministre des affaires étrangères Belge, Didier Reynders qui s’était affiché publiquement avec le leader de l’opposition Congolaise, Moise Katumbi — ce dernier avec Felix Tshisekedi avaient pratiquement campé à New York — était devenu « persona non grata ». La délégation congolaise refusa qu’il soit associé à toute réunion officielle entre Joseph Kabila et le Premier Ministre Belge Louis Michel. Hélas, arrivée 30 minutes en retard, la réunion demandée par Joseph Kabila ne prendra que 30 minutes. Comment peut-on arriver en retard dans une réunion aussi importante ? Une incompétence criante.

Enclenchement du Scenario « Etat d’Urgence » ?

En pyromane et sapeur-pompier, Joseph Kabila avait lancé les initiatives de paix avant de fouler le sol américain. Curieusement, juste après son retour, une rébellion curieusement très bien organisée et bien armée attaqua la ville d’Uvira et n’eut été la MONUSCO, cette ville de plus de 400,000 habitants bordant le lac Tanganyika et faisant frontière avec le Burundi allait tomber. Dans leur retraite, les FARDC prirent l’Evêque d’Uvira en Otage et le relâcha aussitôt que le énième scandale s’était propagé sur la toile comme un feu de brousse.

Comme si le malheur ne vient jamais seul, l’avion affrété par les FARDC avec 70 tonnes de munitions et deux jeeps venait de crasher à Nsele. A qui était destiné cet arsenal volant ? A William Yakutumba, chef de la milice, ou aux FARDC ?

Au vu de ses déboires à New York, venait-il d’enclencher le scénario de « l’Etat d’Urgence » et William Yakutumba n’est qu’un pion sur l’échiquier de Kabila ? Tout porte à croire que le phénomène William Yakatumba est une distraction de la même façon que l’annulation de passeport semi-biométrique.

Quelle leçon tirée de ce qui précède ?

Il est de plus en plus probant que le régime de Kabila a un répertoire de distractions qui seront lancéés afin de permettre Joseph Kabila de passer la barrière que l’opposition lui a tendue pour la fin de l’année.

Cependant, le duo Moise Katumbi et Felix Tshisekedi est à féliciter, car ils avaient soit rencontré ou soit passé le message sur les actions de Joseph Kabila aux grands acteurs de la communauté internationale à temps. Comment utiliser les acquis de New York pour baliser les trois mois qui vont suivre ?

D’après notre analyse, les chefs de l’opposition, la société civile, les mouvements citoyens et les professions religieuses doivent de leur côté comprendre cette expression anglaise qui dit « you cannot win with nothing ». En effet, « vous ne pouvez pas gagner avec rien » ou sans plan. Il leur faudra une feuille de route détaillée et vulgarisée bien à temps. Il faudra y mettre un peu de moyens pour que l’agenda dates, actions à prendre soient vulgarisés et connus d’avance.

Cette feuille de route devra comprendre le « qui, quoi, quand et comment » entreprendre des actions ponctuelles pour provoquer l’accouchement de cette alternance tant attendu.

Joseph Kabila, sa famille biologique et sa famille politique ne vont pas courber l’échine et se rendre pieds et poings liés. Disons-le tout de suite, il y aura de morts, plusieurs morts, mais est-ce que les Congolais ont-ils le choix ?

Pour chasser la majorité hutu du pouvoir au Rwanda et arriver à placer au sommet de l’Etat Congolais l’un de leur et dominer le Congo, chaque famille tutsie du Rwanda (de l’intérieur et de la diaspora) devrait donner « soit un enfant, soit de l’argent ».

De ces faits, les bonnes intentions ne suffiront pas à faire chasser Joseph Kabila du pouvoir, ni les slogans et ni les chants de protestation que nous avions suivie sur la toile et les réseaux sociaux.

La libération totale de la RD Congo demandera de sacrifices : humaine et/ou financière. Il n’y a vraiment pas de raccourci pour arracher la liberté. Soit vous marchez et protestez violemment, soit vous supportez financièrement ceux qui le font. Cela est préférable à la prise des armes ou attendre qu’un autre sergent fasse un coup d’Etat.

Oubliez les Français, oubliez les Belges et oubliez la fameuse communauté internationale. Le peuple Congolais a la capacité se libérer tout seul. Cela doit être fait pour obtenir une paix durable, redorer son blason d’or et créer un tel environnement sécuritaire qui va enfin permettre aux 80 millions de Congolais de profiter de leur richesse.

 

La Redaction

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